Isabelle Ithurburu victime de sexisme : "On ne va pas se mentir, le fait que je sois une femme continue d’en gêner certains"

Nouvelle présentatrice de "50 minutes inside", Isabelle Ithurburu a remplacé Nikos Aliagas aux commandes d'un des programmes phares de TF1, diffusé ce samedi 14 octobre. En tant que femme, celle qui a d'abord été journaliste, et qui a animé des émissions consacrées au sport, a souvent été confrontée au sexisme dans sa carrière. Elle a dû se faire une place dans un milieu encore très masculin. Une épreuve dont elle se souvient encore.

PARIS, FRANCE - JUNE 17:  French journalist and TV host Isabelle Ithurburu during the Top 14 Finale Rugby match between Toulouse and la Rochelle at Stade de France in Saint-Denis, north of Paris on June 17, 2023 France. (Photo by Christian Liewig - Corbis/Corbis via Getty Images)
Isabelle Ithurburu victime de sexisme : "On ne va pas se mentir, le fait que je sois une femme continue d’en gêner certains". (Photo by Christian Liewig - Corbis/Corbis via Getty Images)

Isabelle Ithurburu a fait ses premiers pas sur Infosport+, en 2009. Elle découvre un milieu très masculin, celui du journalisme sportif, avant #MeToo qui plus est et avant le documentaire consacré au sujet des violences sexistes et sexuelles dans ce domaine-là, "Je ne suis pas une salope, je suis journaliste", de sa consoeur Marie Portolano.

Vidéo. Isabelle Ithurburu va-t-elle animer Koh-Lanta à la place de Denis Brogniart ? Elle répond sur Sud radio

Des chants de supporters déstabilisants

Elle se retrouve surtout au fil de sa carrière à travailler sur le rugby, et à couvrir et animer de nombreux matchs et émissions. Ainsi, elle a animé le match d'ouverture de la Coupe du monde de rugby 2023, France-All Blacks, le vendredi 8 septembre dernier. Une consécration pour celle qui a été un temps très sujette au stress et qui appréhendait d'être en direct à la TV.

Un de ses directs d'ailleurs, est devenu mémorable : en 2014, lors d'un match de Top 14 opposant Toulouse au Racing Métro, les supporters du Stade Toulousain se sont permis d'entonner un chant en l'honneur d'Isabelle Ithurburu. "Isabelle ! Isabelle !" et "Isabelle, Allez, Allez, Allez !" ont-ils entonné, alors que la journaliste parlait à l'antenne. Elle se trouvait alors sur le plateau de l'émission "Jour de Rugby", à l'intérieur du stade Ernest-Wallon. Un fait assez rare pour être souligné, qui n'est d'ailleurs a priori pas arrivé à un homme exécutant le même exercice...

"Ils manifestent leur bêtise sur les réseaux"

Sur le moment, Isabelle Ithurburu a été déstabilisée et a souri. Puis, plus tard, elle a tweeté : "Mais ils sont fous à Toulouse ? ! #OHOUI #JaiRougi #Javoue ;)". Si cet épisode ne l'a pas traumatisée, il n'empêche que ces chants ont pu la décrédibiliser et la rendre moins légitime dans l'exercice de ses fonctions. Elle a d'ailleurs confié à Gala, en 2022, que certains spectateurs allaient plus loin, et s'appliquaient à critiquer ses analyses par pur sexisme : "On ne va pas se mentir, le fait que je sois une femme continue d’en gêner certains. (...) Ils manifestent leur bêtise sur les réseaux et ne méritent aucune réponse en retour", a-t-elle affirmé, ajoutant que ses détracteurs étaient "de moins en moins nombreux".

En revanche, la journaliste accepte et répond aux remarques, si elles sont constructives et respectueuses. "Je prends toujours soin de répondre à ceux qui, ponctuellement, peuvent être critiques, mais toujours polis, avec un commentaire. Cela fait partie du jeu, et il faut savoir reconnaître qu'on a pu se tromper. Même si ça pique" a-t-elle estimé.

"Être l'épouse de Gonzalo m'a protégée des joueurs ou entraineurs"

Sur Europe 1, en 2018, Philippe Vandel a demandé à Isabelle Ithurburu s'il était difficile de se faire une place en tant que journaliste sportive. "J'ai envie de dire non pour mon cas personnel, mais évidemment qu'il y a des complications. (...) Maintenant quand on y est (à cette place; ndlr), pour durer, c'était au début vraiment difficile. Je n'avais le droit à aucune erreur. Je peux vous assurer que dans le sport, la même erreur faite par un homme ou par une femme n'est pas du tout analysée de la même manière", a-t-elle répondu. Le journaliste a ensuite voulu savoir si elle avait été confrontée à des machos dans le milieu du rugby. L'animatrice a malheureusement confirmé : "Oui, mais plus dans le milieu de la télé que dans les stades. Je pensais que ce serait plus difficile dans les stades, et c'était plus difficile dans le milieu journalistique plutôt".

D'autant plus que vie privée, Isabelle Ithurburu a longtemps été en couple avec le rugbyman Gonzalo Quesada, alors qu'il évoluait en tant que joueur à la Section paloise, le club de rugby de Pau, la ville dont elle est originaire. Ils se sont mariés en 2010 et séparés en 2015. Dans les colonnes du JDD, la journaliste avait d'ailleurs expliqué que la carrière de son ex-mari avait pu l'épargner. "Être l'épouse de Gonzalo m'a protégée des joueurs ou entraineurs, j'étais la femme d'un des leurs. Cela m'a évité de subir certains comportements comme mes consœurs." Depuis octobre 2015, Isabelle Ithurburu partage la vie du chanteur Yodelice, Maxim Nucci à l'état civil. Ensemble, ils ont une fille, Mia, née le 1er août 2018.

À lire aussi :

>> 50'inside - "C'est plus que validé", " Fraîche et spontanée", "J'aime le changement" : Isabelle Ithurburu encensée sur Twitter pour sa première

>> Estelle Denis, victime de harcèlement sexiste au quotidien : "Neuf messages sur dix, ce sont des menaces"

>> Nathalie Péchalat, engagée contre les violences sexistes : "Les athlètes ont du mal à prendre la parole sur ces sujets, ils ont peur des répercussions"