"J’ai commencé à avoir des symptômes bizarres" : à 24 ans, ce diagnostic médical bouleverse son existence et sa réaction est surprenante

Corinne n'a que 24 ans lorsqu'elle apprend l'origine de ses "symptômes bizarres". Le diagnostic médical la contraint de se séparer de son compagnon et d'appréhender sa vie autrement...

"J’ai commencé à avoir des symptômes bizarres" : à 24 ans, ce diagnostic médical bouleverse son existence et sa réaction est surprenante. Crédit : Getty
"J’ai commencé à avoir des symptômes bizarres" : à 24 ans, ce diagnostic médical bouleverse son existence et sa réaction est surprenante. Crédit : Getty

Corinne est en couple et a 24 ans quand elle apprend qu’elle est infertile : "J’étais sous pilule depuis l’adolescence et je ne savais pas du tout comment fonctionnait mon corps. J’ai commencé à avoir des symptômes bizarres et j’ai arrêté ma pilule sur les conseils de mon médecin. Mais c’est devenu plus bizarre encore. Je n’avais pas mes règles sous pilule et elles ne sont pas revenues après. Au bout d’un certain temps et après des examens, il a été conclu que je n’ovulais pas ou presque pas. Je prenais la pilule pour rien depuis des années. Je ne me posais pas encore la question de savoir si j’allais avoir un enfant avec l’homme avec qui j’étais à l’époque. Je me trouvais trop jeune même si j’avais des amies qui étaient déjà en train de planifier des projets bébé. Je savais que l’homme avec qui j’étais en voulait un jour. Il était un peu plus vieux que moi donc c’était légitime qu’il y pense. Mais pour moi, c’était encore flou. Je pensais que j’avais le temps et je ne ressentais pas d’envie viscérale autour de ça. Apprendre aussi tôt que je ne pourrais pas avoir d’enfant par moi-même m’a permis de faire un choix. Je n’allais pas m’acharner."

Cette nouvelle l’oblige à quitter son compagnon : "J’ai refusé qu’il doive faire ce sacrifice pour moi. Je savais que c’était important pour lui et j’étais même sûre que ça allait le rendre heureux. Je crois qu’on sent quand les personnes vont devenir de bons parents. Lui, c’était déjà un bon père. Il était génial avec les enfants et il s’arrangeait toujours pour passer du temps avec eux pendant les fêtes de famille. C’était naturel chez lui. Je ne pouvais pas lui imposer une vie sans enfant, sans cette joie-là. Pas à lui. Alors je l’ai quitté. Sur le coup, comme il était amoureux, il était furieux que je prenne cette décision pour lui. Sa colère a permis que ce soit plus facile, dans un sens. Il m’en a voulu alors il a pu passer à autre chose. D’ailleurs, l’histoire m’a donné raison : il s’est mis en couple ensuite avec une femme avec qui il attend son deuxième enfant. Il a enfin la famille dont il rêvait."

Corinne n’a pas eu de difficultés à trouver un équilibre : "Je n’ai pas souffert que la décision soit prise à ma place. Je crois que c’est le cas très souvent dans la vie en réalité, même si on se dit le contraire. Je n’étais pas faite pour avoir des enfants et bien, je n’en ai pas eu. J’ai eu des amours dans ma vie. Des hommes qui étaient au courant et qui n’avaient pas ce projet. J’ai toujours su que je n’allais pas les rendre malheureux. Du moins, sur ce sujet là. Là, je suis célibataire depuis deux ans. C’est un choix, cette fois. Je pense que j’ai fait le tour de mes histoires d’amour. J’avais envie depuis longtemps de me consacrer du temps. C’est drôle parce qu’on reproche souvent aux personnes qui n’ont pas eu d’enfants de mener une vie égoïste et c’est précisément ce que j’ai décidé de faire. Je fais uniquement ce dont j’ai envie sur mon temps libre. Je lis, je me promène, je vais au cinéma, je vais boire un verre dans un bar. Je ne me pose jamais la question de savoir si je pourrais faire autre chose pour plaire à quelqu’un d’autre. Je ne fonctionne que par pulsions. C’est une grande liberté et un grand plaisir. Je vois des hommes aussi. Je ne m’engage plus parce que je l’ai décidé. Mais ça ne veut pas dire que je suis totalement seule. Je suis épanouie comme ça pour le moment."

Pour elle, la vie n’est pas obligatoirement complète avec une famille : "Je sais que c’est nécessaire pour la survie de l’espèce et je remercie les femmes qui ont fait le choix de faire tourner leurs vies autour de ça. Mais j’estime que, dans mon cas, la nature a décidé que j’avais d’autres choses à faire. Et je c’est ce que je fais. Au final, les personnes qui ont le plus souffert de mon infertilité, et qui en souffrent encore, ce sont mes proches. Mes parents, mes soeurs, certaines de mes amies. Il y a dans ma vie des personnes qui pensent que je cache une blessure profonde, que je n’ai pas. Ou qui estiment qu’il me manque quelque chose pour être heureuse même si je ne semble pas le savoir. Je les laisse penser et dire. Moi, je sais ce que je ressens. Je n’ai pas l’impression de manquer de quoi que ce soit. Ma vie sans enfants me convient complètement."

15 à 25% des couples sont concernés par l’infertilité en France d'après les données de l'Enquête nationale périnatale (ENP) et de l'Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff). Et ces chiffres ne font qu’augmenter en raison de plusieurs facteurs dont le recul de l’âge de la maternité. Ce sujet encore tabou mérite tout de même d’être exploré. Comment vit-on l’infertilité quand elle est subie ? C’est la question que nous avons décidé de poser à des femmes confrontées au problème.