Je n'aime pas Noël : "Fêter Noël alors que je ne suis pas croyant ? Je ne vois pas l'intérêt"

Christmas Manger scene with figurines including Jesus, Mary, Joseph and sheep. Focus on mother!
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Il ne reste plus que quelques jours avant les fêtes de fin d'année, et bon nombre de personnes voient Noël comme une bulle d'oxygène pendant le couvre-feu, puisqu'il s'agira de la seule soirée où tout le monde pourra circuler librement. Mais cette liberté pour une célébration religieuse – alors que bien d'autres n'ont pas eu droit au même traitement – entraîne des interrogations autour de la laïcité. Noël est-elle devenue une fête capitaliste, au même titre que la Saint-Valentin ? Par conviction ou plutôt, par anti-conviction religieuse, certains ont décidé de plus faire le réveillon.

Pour retrouver les origines de Noël, il faut remonter bien des années en arrière. Il s'agissait d'un rite païen, qui célébrait le solstice d'hiver : une célébration baptisée Yule dans les pays scandinaves – oui, comme le Yule Ball dans Harry Potter – et qui avait lieu le 21 décembre, jour le plus court de l'année. C'est d'ailleurs de là que proviennent plusieurs traditions que l'on peut observer à l'occasion des fêtes, que ce soit la couronne de houx ou encore le traditionnel sapin.

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Mais Noël est également une fête chrétienne, qui célèbre la naissance de Jésus de Nazareth au moment du même solstice d'hiver. La date du 25 décembre a été instituée au IVe siècle après Jésus-Christ, et la très large christianisation qui s'en est suivie a entraîné un grand remplacement. La fête païenne est devenue une célébration religieuse, qui s'est ensuite sécularisée, notamment avec la tradition du Père Noël, des cadeaux et des rassemblements familiaux. Résultat, aujourd'hui, le jour de Noël est célébré dans de nombreux pays, par des personnes de toutes les origines et de toutes les croyances. Mais certain.e.s préfèrent s'en abstenir, en raison des racines de cette date.

"Noël est devenu une fête plus commerciale que la Saint-Valentin"

Père de quatre enfants, Yves n'a jamais été un grand fan du réveillon. Ce quadragénaire n'a jamais fait croire au Père Noël à ses enfants, et depuis que ces derniers ont quitté l'école primaire, les membres de la famille ne fêtent plus cet événement, ne s'offrent plus de cadeaux. Pour ce papa, la capitalisme a cannibalisé cette célébration. "On veut nous faire croire qu'il s'agit d'un moment où l'on se rassemble, où l'on est en famille, où l'on se montre notre amour en s'offrant des cadeaux... Tout en crachant sur la Saint-Valentin, qui correspond exactement à la même chose, au final." Athée élevé dans une famille catholique, il ne se reconnaît dans aucun aspect. "Je ne crois pas en Dieu, en Jésus. Je ne suis pas païen, je ne fête pas Yule. Pour moi tout ça, ce sont des bêtises qui n'ont pas leur place dans un état soi-disant laïque, où l'on trouve pourtant des crèches dans les écoles et certaines mairies."

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Mais il ne croit pas plus à l'aspect "familial" qu'aurait pris Noël au fil des ans. Il l'affirme : "Pour moi, Noël est devenu une fête encore plus commerciale que la soi-disant fête des amoureux. Un bon moyen de nous pousser à dépenser de l'argent pour des choses dont on n'a pas besoin." La preuve, selon lui ? Le budget de ce Noël 2020, récemment dévoilé par une étude de Cofidis, et qui s'élève cette année à 603 euros en moyenne, entre les cadeaux, le repas et les tenues de soirée. "Il faut consommer, consommer, consommer", regrette Yves. "Et d'ailleurs, les cadeaux se transforment vite en concours. Les enfants veulent toujours le dernier truc à la mode pour frimer dans les copains, les parents se battent pour les gâter et leur prouver qu'ils les aiment plus que l'autre... Je trouve ça ultra toxique, je ne veux plus de ça chez moi. Et je suis bien content que mes quatre garçons soient d'accord avec moi."

"Quel est l'intérêt de faire une fête pour un événement catholique auquel on ne croit pas ?"

"Fêter Noël alors que je ne suis pas croyante, je ne vois pas l'intérêt. Je trouve même ça très hypocrite", clame Juliette, 27 ans. "Et pourtant, je viens d'une famille où tout le monde adore cette période, et où l'on est couverts de cadeaux." La jeune femme ne comprend pas la volonté de ses proches de faire osciller cette fête entre rassemblement familial et célébration religieuse alors que personne ne croit en Dieu. "Ma mère installe une crèche sous le sapin, alors qu'elle n'est pas croyante, et mon beau-père nous traîne à la messe de minuit, juste parce que 'C'est la tradition, et puis c'est comme ça, c'est tout'. Vraiment, je ne comprends pas pourquoi on s'impose ça."

Violette est quant à elle mère de famille, et elle aussi a une dent contre Noël, et ce pour plusieurs raisons. L'aspect religieux n'est pas le seul en cause, même s'il y prend une part importante. Pour cette dernière, c'est le mélange de tout un tas de choses. "D'une part, quel est l'intérêt de faire une fête pour un événement catholique auquel on ne croit pas ?", s'interroge-t-elle. "Et de l'autre, cette fête est basée sur un mensonge [celui du Père Noël, ndlr.] que l'on fait pendant des années à nos propres enfants, et qui est contre les valeurs que nous leur inculquons." Le résultat ? "Notre famille ne fête plus Noël, même si nous respectons le choix des autres de le faire, qui ne correspond tout simplement pas à nos valeurs éducatives."

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