Maïa Mazaurette (Désir : Ce que veulent les hommes) : "La quasi totalité des hommes qui m’ont répondu ont déjà simulé l’orgasme"
Ce mercredi 12 octobre 2022, TMC diffuse "Désir : Ce que veulent les hommes". Un documentaire réalisé par Tristan Le Guillon et dans lequel Maïa Mazaurette explore le désir des hommes sous (presque) toutes ses coutures, 5 ans après le mouvement MeToo. Pour Yahoo, la journaliste est revenue sur ces échanges riches en enseignements, mais aussi sur la "révolution sexuelle" autour du désir masculin, profondément changé au gré des mouvements féministes de ces dernières années. Orgasmes, masculinité toxique, plaisir prostatique, drague, masturbation, tout y passe.
En mars 2022, Maïa Mazaurette se lançait dans l’exploration du désir féminin dans un documentaire baptisé "Ce que veulent les femmes". Ce mercredi 12 octobre 2022, sur TMC, la journaliste qui officie entre autres sur le plateau de Quotidien se demande "Ce que veulent les hommes". Et 5 ans après MeToo, la réponse n’est pas si simple à donner. Car si le mouvement a libéré la parole de nombreuses femmes, sur les violences sexistes et sexuelles qu’elles subissent, autant que sur leurs désirs sexuels, la parole des hommes est plus difficile à se construire. Et Maïa Mazaurette en est bien consciente : "Depuis le mouvement MeToo, ce que veulent les hommes a été construit comme quelque chose d’intrinsèquement problématique."
MeToo et la sexualité des hommes
Non, les hommes ne sont pas forcément brutaux, et leur désir pas toujours mécanique. Avec ce documentaire, Maïa Mazaurette a voulu déconstruire les clichés tenaces autour de la sexualité masculine en interrogeant plusieurs intervenants, de tout âge et de toute catégorie sociale. La journaliste est allée à l'encontre de ces stéréotypes, "pour donner la parole à des hommes qui ne sont pas comme ça", mais aussi pour mettre un coup de projecteur sur les profonds changements autour de la sexualité des hommes depuis MeToo. Au gré de ses échanges avec eux, Maïa Mazaurette a d’ailleurs compris qu’ils ne draguent plus de la même manière, mais aussi qu’ils "n’envoient plus de dick pic", ces photos qui, envoyées sans consentement, sont punies par la loi dans certains pays. Et puis les changements s’opèrent aussi sous la couette. Pendant l’acte sexuel, beaucoup d’hommes "n’ont plus envie d’être cet homme qu’on leur impose d’être, qui serait sans âme et qui se contenterait de faire un acte sexuel avec une mécanique. Ça ne les intéresse même pas" assure Maïa Mazaurette.
Vidéo. Maïa Mazaurette : "Le mouvement MeToo a changé la pratique sexuelle des hommes"
Car même si l’on en parle un peu moins, les hommes sont, comme les femmes, soumis à des injonctions, notamment celle de la performance sexuelle. Le mouvement MeToo a changé la pratique sexuelle des hommes, selon Maïa Mazaurette, qui s’emploie dans ce documentaire à briser les clichés et lever les tabous. "Il est temps de donner la parole aux hommes. Je trouve ça normal et justifié qu’on ait entendu la parole des femmes ces dernières années (…) Mais ça ne veut pas dire que les hommes n’ont rien à dire, ça ne veut pas dire qu’il n’est pas temps pour eux de prendre la parole sur des sujets qui les concernent directement. La dénonciation des crimes fait qu’on se focalise énormément sur des comportements problématiques, et qu’on parle moins des comportements qui ne le sont pas" analyse-t-elle pour Yahoo, avant d’ajouter : "Tous les hommes ne sont pas des salauds !".
Le discours des hommes (biens) est-il devenu inaudible depuis le mouvement MeToo, ou a-t-il toujours été entouré de tabous difficiles à déboulonner ? Dans "Ce que veulent les hommes", Maïa Mazaurette ose leur poser les questions qu’ils ne semblent même pas aborder entre potes.
Les hommes simulent au lit eux aussi
Et elle-même a été surprise par certaines réponses. Comme le fait que beaucoup d’entre eux disent avoir déjà simulé un orgasme : "‘Je suis un homme, donc je dois désirer tout le temps, je dois éjaculer sur commande.’ On voit bien que ce n’est pas du tout ce qu'il se passe. Quasiment la totalité des hommes qui m’ont répondu avaient déjà simulé l’orgasme." Si elle s’en étonne, c’est parce que l’on impute souvent le mensonge dans la sexualité aux femmes, qui simuleraient au lit pour diverses raisons, et notamment pour faire plaisir à leur partenaire. "On s’aperçoit que les hommes ont les mêmes problématiques que les femmes et y répondent de la même manière."
Et puis Maïa Mazaurette a aussi recueilli les témoignages de ceux qui se forcent parfois à avoir des rapports sexuels alors qu’ils n’en ont pas envie. Là encore, l’information est étonnante à la lumière des clichés que renferment notre société, notamment celui selon lequel "un homme est censé en avoir tout le temps envie". Dans le documentaire "Désir : ce que veulent les hommes", Maïa Mazaurette est allée sur des terrains où l’on ne l’attendait pas. Comme dans les vestiaires d’un club de rugby, entourée d’une dizaine de colosses, d’abord réticents à l’idée de parler sexualité... avant de laisser tomber l’armure et de confier leurs hésitations. Pour eux aussi, l’image de l’homme viril "pèse énormément, alors même qu’ils correspondent plutôt bien à ce cliché-là" nous raconte Maïa Mazaurette.
La masculinité toxique qui impose aux hommes la virilité absolue à travers des codes si désuets est bien difficile à déconstruire. "Aucun sujet n’a été facile à aborder dans le documentaire. Le consentement, c’était compliqué, les pannes, c’était compliqué, mais je crois que le pire, c’était évidemment le plaisir prostatique. Parce que l’homme perd sa position active pour avoir une position passive, et on a eu beaucoup de blancs complets", confie Maïa Mazaurette, qui est pourtant parvenue à accompagner l’un des témoins à un atelier de découverte du plaisir prostatique. Autant de séquences et de discussions rares autour de la sexualité masculine à retrouver ce mercredi 12 octobre 2022, sur TMC à 21h15 dans "Désir : Ce que veulent les hommes".
À lire aussi :
>> Les hommes n'apprennent pas grand-chose du porno, et ce n'est pas surprenant
>> Simuler, c'est tromper ? "Non, c'est de l'auto-encouragement"