Le mouvement #TradWife : quand les femmes au foyer prennent le contre-pied du féminisme
À l’heure de #MeToo, des manifestations pour le droit des femmes et de la libération de la parole, un tout autre mouvement gagne du terrain : le Trad Wife. Il est porté par des femmes aux foyers qui revendiquent le fait d’être cantonnées à la maison et dévouées à leur mari.
Oubliez les grandes tirades sur l’égalité des sexes et les combats pour que la place de la femme soit (enfin) revalorisée dans notre société patriarcale. Une autre tendance a émergé aux États-Unis et au Royaume-Uni, avant de coloniser d’autres pays comme l’Allemagne ou le Japon, grâce aux réseaux sociaux et aux hashtags #tradfem ou #vintagehousewife. J’ai nommé le mouvement #TradWife ou le revival des femmes aux foyers des années 50.
Des “housewives” qui s’assument
Mais qu’est-ce qu’une “Trad Wife” ? C’est l'abréviation de “traditional wife” (l’épouse traditionnelle), comprenez une femme au foyer qui fait la popote et le ménage toute la journée avant de se consacrer pleinement à son mari et ses enfants. Pour se débarrasser de la charge mentale et se répartir les tâches ménagères au sein du couple, on repassera.
Les membres de cette mouvance sont donc exclusivement des personnes dotées d’une vulve (vous l’aurez compris), qui ont arrêté de travailler ou n’ont jamais été dans la vie active. Ces dernières sont empreintes d’une certaine nostalgie de l’époque où la gent féminine était “soumise à son époux”. Et c’est en ces termes qu’elles se définissent. Elles aiment le vintage, s’apprêter, porter de jolies robes qu’on croirait empruntées à la série Mad Men et jouer les Bree Van De Kamp (les fans de Desperate Housewives auront la réf) en faisant des muffins et en briquant leur maison du sol au plafond.
Un mode de vie qui divise
Les adeptes de cette tendance sont plusieurs à faire la promotion de leur style de vie sur YouTube. C’est notamment le cas d’Alena Kate Pettitt, qui vous explique - sur sa chaîne Darling Academy - comment bien repasser les chemises de votre cher et tendre, ce qu’elle mis dans son caddie pendant sa virée au supermarché ou encore comment faire une soupe selon la recette de la princesse Diana. Si, si.
La jeune maman a même fait l’objet d’un reportage sur la BBC et d’une prise de parole sur le plateau de la matinale This Morning sur la chaîne ITV, c’est vous dire si le phénomène est pris au sérieux chez nos amis britanniques.
Alena is part of the #tradwife movement. So, why do women like her want to “submit and spoil their husbands like it’s 1959”? pic.twitter.com/v1TnAbTwvu
— BBC Stories (@bbcstories) January 17, 2020
'Growing up I was asked several times by teachers what I wanted to be when I was growing up, and I'd always say a housewife'
We meet #TradWife Alena, who's part of a growing community of women, stepping back in time to be a traditional housewife. pic.twitter.com/2Kb89cp3Xb— This Morning (@thismorning) January 23, 2020
Cela vous paraît complètement dingue ? Sachez que c’est très sérieux et que cela met aussi sur le devant de la scène les femmes au foyer, trop souvent oubliées, jugées et dévalorisées. Après tout, le féminisme ne consiste-t-il pas à se battre pour que les femmes fassent absolument ce qu’elles veulent et à respecter leurs choix ? Certes. C’est d’ailleurs l’avis de certains internautes sur Twitter.
I’m so down with this movement - true feminism should include the option of CHOICE to be as submissive or dominant as you want so hoorah for the #tradwife pic.twitter.com/zRZKT8wQCW
— Lucinda Wilson (@wilsonalucinda) January 20, 2020
Hey #Tradwife and #Tradwives, good for you.
Nothing regressive about using your freedom and liberty however you please! 👍
Don't listen to anyone telling you that they know what's best for you as a woman. Make the life style choices you enjoy and feel most comfortable with. 👍— Clarity Culture (@ClarityCulture) January 17, 2020
Surely if you have the choice and you choose this lifestyle - your decision should be respected, it seems a shame that a women's choices are subjected to critism by others who choose a different path. Same applies to stay at home dad's..it's their choice! #Tradwife
— Michelle George (@Michell29415116) January 20, 2020
Mais là où c’est problématique, c’est que c’est un sacré retour en arrière qui tend littéralement à ce que les femmes soient “soumises” à leur moitié et donc à un homme. Une opinion partagée par beaucoup de twittos, qui ne comprennent pas comment on a pu en arriver là... En 2020.
What on earth, in the 21st century is this #TradWife horror that is trending. Ffs ladies, get a bloody grip 👊🏻
— #SocialistaSista🌷 (@SCore2018) January 17, 2020
#Tradwife is a backlash against feminism, it’s not a backward step it’s a deliberate choice that some women and men make, it’s not regressive as long as it’s not servitude. Those traditional relationships of mutual respect and defined roles can be really beneficial #VictoriaLive
— Wayne Smith Esq. #FBPE (@waynesmith1971) January 17, 2020
What is this #tradwife nonsense. Women ‘submitting’ to men? Stay at home if you want, work if you want but let’s not try and reintroduce these awful social norms.
— Dr Kelly 🔶 🕷 (@KellyQuilt) January 22, 2020
I’m sorry to say it, but the #tradwife movement is an insult to the advancement of women and is NOT something we should be promoting as a society. There’s a reason 1959 is in the past.
— Jeffrey Quick (@JeffreyRQuick) January 18, 2020
People can live their lives as they want. But #TradWife is very problematic:
1. It identifies homemaking as a specifically female task
2. It uses language like 'submitting to your man'
3. It fails to acknowledge the lack of choice many women actually have. https://t.co/LRoBAQrYsS— David K Smith (@professor_dave) January 18, 2020
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