#NoNutNovember : ne pas éjaculer pendant un mois, est-ce vraiment une bonne idée ?

photograph of a cactus growing flaccid; it shows the shape of a penis, which brings erectile dysfunction to the mind.

Le mois de novembre est le mois dédié au mouvement #Movember, pour lutter contre les pathologies qui touchent en majorité les hommes. Mais pour bon nombre de personnes, c'est également le mois d'un challenge un peu particulier, le #NoNutNovember. Le principe ? Ne pas jouir une seule fois pendant un mois. Une idée qui fait des émules, mais qui laisse les spécialistes circonspects.

Chaque année, c'est la même chose. Lorsque le mois de novembre arrive, un hashtag fait son apparition sur les réseaux sociaux : #NoNutNovember. Ce mouvement, principalement suivi par des hommes cis, a un objectif clair : ne pas éjaculer une seule fois entre le 1er novembre et le 30 novembre. Pourquoi ? Certains participent pour le côté challenge, d'autres préfèrent imaginer différents bénéfices. Selon les adeptes de ce mois d'abstinence, le fait de ne pas éjaculer pendant 30 jours permettrait d'avoir plus d'énergie, mais aussi d'être plus performant au lit. Mais est-ce vraiment le cas ?

Le #NoNutNovember, un challenge dangereux ?

Ne pas éjaculer pendant 30 jours représente effectivement un challenge, en particulier pour les personnes adultes qui ont l'habitude de se masturber régulièrement, ou encore d'avoir des rapports sexuels réguliers. Souvent, les hommes prônent les bienfaits de l'éjaculation pénienne pour démontrer leur "besoin de se vidanger" régulièrement. Mais alors, le fait de ne pas éjaculer pendant un mois peut-il être dangereux pour la santé des participants ? Interrogée par nos soins, Léa Toussaint, sexothérapeute certifiée, l'affirme : "Physiologiquement parlant, ce n'est pas la meilleure idée du monde." Si elle estime que se retenir d'éjaculer pendant un mois seulement ne devrait a priori pas entraîner de séquelles, elle rappelle néanmoins que oui, l'éjaculation possède de nombreux bienfaits : "Pour les personnes qui ont un pénis, il est recommandé d'éjaculer entre 13 et 21 fois par mois, selon une étude menée par la NHS, l'autorité sanitaire britannique. Cela permet de lutter contre le cancer de la prostate, notamment. De toute façon, au bout d'un moment, le corps va évacuer de lui-même, notamment via des éjaculations nocturnes."

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Jérôme, 27 ans, confirme cette analyse . Le jeune homme a participé au #NoNutNovember en 2020, et il a très vite pu constater que son corps prenait le dessus. "A la base, ce qui m'intéressait, c'était le côté mental. Est-ce que j'étais capable de ne pas me branler pendant un mois ? La réponse a été oui. Mais je n'ai jamais fait autant de rêves érotiques, et au bout de 10 jours, j'ai commencé à éjaculer dans mon sommeil deux à trois fois par semaine, alors que ça ne m'était quasiment jamais arrivé avant. Comme si mon corps voulait se purger, en gros."

Une méthode extrême souvent pratiquée pour les mauvaises raisons

Mais au fait, d'où vient cette volonté de ne pas éjaculer pendant un mois ? Difficile à dire, mais les raisons pour lesquelles les participants se lancent dans l'aventure sont nombreuses. "A la base, on m'avait promis que j'allais devenir une sorte de super-héros du cul", explique Jérôme. "Les mecs qui seraient capables de se retenir de jouir pendant un mois seraient plus performants au lit, capables de se contrôler, auraient plus d'énergie... Ça fait envie non ?" "Effectivement, il y a aussi des personnes qui gagnent plus de contrôle dans le fait de s'entraîner à ne pas éjaculer", confirme Léa Toussaint. "Il y a également des personnes qui ont plus d'énergie. Mais je ne pense pas que ce soit à cause de l'éjaculation en elle-même, mais plutôt tout ce qu'il y a autour, que ce soit la manière de se masturber ou les raisons de le faire."

En effet, la spécialiste le rappelle : "Il y a beaucoup de personnes à pénis qui se masturbent très fort, ce qui peut réduire la sensibilité. Donc le fait de moins se masturber peut permettre de retrouver en sensibilité, et aussi de remettre à zéro le système de récompenses du cerveau. La non-éjaculation n'a pas grand intérêt d'un point de vue "performances", mais tout ce qu'il y a autour au niveau de la stimulation, oui." Mais quid de l'idée de performance ? Pour la sexothérapeute : "Il n'y a aucune preuve que le fait de se retenir d'éjaculer pendant un mois va augmenter les performances sexuelles. Les études disent plutôt le contraire. La preuve : on conseille généralement aux personnes qui ont des éjaculations rapides de se masturber avant une relation sexuelle pour ne pas que la jouissance vienne trop vite lors du rapport."

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Et si on apprenait plutôt à mieux se masturber ?

Si elle comprend le principe du #NoNutNovember, Léa Toussaint estime que les participants ne se lancent pas dans ce challenge pour les bonnes raisons. "Au-delà de l'aspect "performance", je pense qu'en revanche le fait de ne pas regarder de porno et de moins être dans la pulsion peut être intéressant. Le fait d'apprendre à se masturber différemment, aussi. Plutôt que d'arrêter de se masturber pendant un mois, il serait plus intéressant d'apprendre à mieux se masturber", affirme-t-elle. D'autant que la pratique qui suit ce mois sans éjaculation est tout sauf rassurante.

En effet, les participants qui arrivent à "survivre" au #NoNutNovember se qualifient pour le #DestroyDickDecember. Le principe ? Se masturber une fois le 1er décembre, 2 fois le 2 décembre... Et ainsi de suite jusqu'à atteindre 31 éjaculations le 31 décembre. Une pratique largement considérée comme dangereuse par les spécialistes, et qui suscite l'incompréhension de la sexothérapeute. "Déjà il faut avoir le temps, l'envie... C'est un moyen de se dégoûter en fait. De manière générale, les deux pratiques consistent à suivre une tendance sans comprendre pourquoi on le fait, ni si ça nous convient. Les gens ne savent pas s'écouter, apprendre à se connaître et comprendre ce dont ils ont besoin. A force de faire ça, on se déconnecte de soi-même, de ses envies, de son corps. On se fout encore plus de pression sur la sexualité, et on se retrouve à ne pas prendre de plaisir." Pour mieux illustrer la situation, elle propose d'ailleurs un parallèle qui devrait parler au plus grand nombre : "C'est comparable aux régimes : si tu fais quelque chose sous la contrainte, et qui est intense pendant une courte période, plutôt que de changer tes habitudes pour avoir quelque chose d'adapté à tes besoins et à tes envies, au final, c'est plus contre-productif qu'autre chose."

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