Peut-on vraiment se passer de soutien-gorge quand on a une forte poitrine ?
Depuis notre jeunesse, on nous dit et on nous répète qu'il est essentiel de porter un soutien-gorge, et ce, pour plusieurs raisons. L'objectif est non seulement de dissimuler un éventuel téton qui pointe, bien sûr, mais aussi d'empêcher les seins de défier la gravité, en particulier s'ils sont plutôt volumineux. "Si tu ne portes pas de soutif, ils vont pendouiller, ça sera moche !", entend-on. Mais est-ce vraiment le cas ? Pas si on en croit celles qui ont tenté l'expérience.
"Être une femme avec une grosse poitrine, c'est une vraie galère". Cette constatation, Marissa l'énonce sans la moindre honte. Si elle a conscience que les fortes poitrines sont souvent enviées, convoitées, elle voit beaucoup de désavantages à son bonnet E. "Non seulement je me tape tous les regards lubriques des pervers du coin, mais en plus, je subis les injonctions de plein fouet, à commencer par celles qui m'obligent à enfermer les seins dans un soutif à armatures 12h par jour, pour ne pas qu’ils baladent dans tous les sens et avoir un joli décolleté..."
Du haut de ses 24 ans, elle l'affirme, c'est pas pur esprit de contradiction qu'elle a décidé de laisser sa poitrine libre. "Ça m'a valu pas mal de regards désapprobateurs, en particulier chez les femmes d'un certain âge. Pour elles, j'allais me retrouver avec les seins au niveau des genoux à 50 ans... Mais pour le moment, c'est la meilleure décision de ma vie."
Non à la dictature des armatures
Marissa n'est pas la seule à avoir dit adieu au soutien-gorge. En France des centaines de femmes dont les poitrines dépassent – parfois largement – le bonnet D ont voulu en faire de même pour prouver qu'il n'y a pas que les petites poitrines qui peuvent être des adeptes du "No bra". Et pour beaucoup des adeptes de cette libération, la première étape a été celle des brassières sans armatures.
C'est notamment le cas de Ruth et de son bonnet E. Cette dernière s'intéresse au mouvement "No bra", et si elle n'est pas encore prête à franchir le cap, cela fait bien longtemps qu'elle a dit adieu à ses anciens accessoires. "J'ai toujours eu beaucoup de lingerie, j'aime beaucoup ça. Mais passée la trentaine, la question du confort est devenue plus importante pour moi." Il faut dire qu'entre le confort des modèles sans armatures et les baleines qui cassent ou qui s'impriment dans la peau, son choix a été vite fait : "Les bralettes ont été une révélation, je ne porte plus que ça au quotidien."
L'aspect économique est également à prendre en compte. Pour avoir un joli soutien-gorge grande taille qui ne fasse pas mémère, il faut souvent investir plus de 50, voire 100 euros. Un budget qu'Ophélie ne pouvait tout simplement pas se permettre : "Je fais un bonnet E, et j'ai arrêté de porter des soutifs parce que ceux que j'avais étaient devenus trop petits, et que je n'avais pas l'argent pour les remplacer." Très vite, elle s'est rendu compte qu'elle se sentait nettement plus à l'aise ainsi : "En fait, ce qui me causait des douleurs, c'étaient vraiment ces modèles trop petits, du coup quand je m'en suis rendu compte et que j'ai arrêté d'en porter c'était vraiment plus confortable."
Le confinement, allié du "No bra"
Pour de nombreuses personnes, c'est le fait de rester à domicile qui a encouragé ce changement. Zuki a eu la révélation il y a un peu plus d'un an : "Je n'avais jamais envisagé de ne pas porter de soutien-gorge parce que je pensais que c'était réservé aux petites poitrines, et pas à mon bonnet H/I. Mais entre l'année où j'ai arrêté les études et celle où j'ai commencé à travailler, je suis beaucoup restée chez moi, et j'ai arrêté de porter des soutifs petit à petit, en réalisant que c'était plus une contrainte qu'autre chose. Je porte des brassières pour faire du sport, mais c'est tout." Nadège a eu le même déclic en travaillant de chez elle : "Ça fait maintenant plusieurs années que j'ai arrêté les soutifs avec armatures, j'ai retiré celles de mes anciens modèles. Et comme je suis beaucoup chez moi grâce au télétravail, je m'en passe complètement, c'est tellement agréable ! Surtout quand il fait chaud !"
Comme elles, beaucoup de femmes ont découvert le plaisir de ne plus porter de soutien-gorge à l'occasion du confinement. Sur Twitter, Pénélope Bagieu plaisantait en disant : "On est d'accord, on ne remettra plus jamais de soutif ?" Et c'est exactement ce qui est arrivé à Latifah. "Je me disais : pas besoin de m'embêter pour rester chez moi. Puis un jour, j'ai oublié d'en mettre un pour aller faire les courses, et je me suis rendu compte que ça ne me gênait absolument pas. Testé, et adopté !"
On est d’accord qu’on remettra plus jamais de soutifs
— Pélénope Bagieu (@PenelopeB) March 20, 2020
"Mes seins se portent mieux que jamais"
Ce vêtement empêche-t-il véritablement la gravité d'agir sur la poitrine ? Dans une interview accordée à Well and Good, la docteure Lucky Sekhon expliquait que son port pouvait avoir des effets néfastes : "Les seins sont soutenus par les ligaments de Cooper, qui ont tendance à s'atrophier s'ils ne sont pas sollicités, comme c'est le cas avec le port d'un soutien-gorge." Leur aspect peut tout à fait s'améliorer si on arrête d’en mettre. Certaines personnes ne pointent pas de différence notable, mais Latifah, elle, l'affirme haut et fort : "Mes seins se portent mieux que jamais."
Pourtant, lorsqu'elle a renoncé à la lingerie, la quadragénaire s'inquiétait. "J'ai porté des soutiens-gorge de mes 12 à mes 33 ans. Avec mon bonnet F, je n'avais pas trop le choix. Puis, après ma première grossesse, après l'allaitement, j'ai décidé d'arrêter. Je me sentais mieux sans. Et j'ai très vite vu le changement. Ma poitrine se "tient" mieux, je n'ai pas l'impression d'avoir des gants de toilette à la place des seins comme après l'allaitement, et je trouve ma silhouette plus harmonieuse comme ça. Pour moi, c'est l'idéal. Je me sens bien !"
Nadège, elle, a vu la différence au niveau de son apparence, mais pas celle à laquelle elle s'attendait. "Honnêtement je ne saurais pas dire si mes seins ont changé, parce que leur apparence varie déjà énormément au fil de mon cycle. Par contre mon dos est plus musclé, à force d'apprendre à se tenir tout seul." Bye bye les douleurs aux lombaires au bout de quelques heures ! Même constatation chez Elza : "Je ne sais pas si c'est dû à ma morphologie ou parce que j'ai retiré au fur et à mesure les soutifs et donc retonifié mon buste, mais je n'ai plus mal aux seins (sauf en cas de sprint pour choper mon métro !), contrairement aux premières fois où j'avais testé le no bra."
Le poids du regard des autres
Pas de problèmes de dos, pas de seins qui pendouillent... Le seul poids qui pèse aujourd'hui sur les adeptes du sans soutien-gorge ? Celui du regard des autres, masculin comme féminin. C'est le cas de Clémentine, qui souffre des commentaires qu'elle peut recevoir dans la rue : "Avec un soutif, j'ai moins de regards en biais sur ma poitrine, alors que sans, je vois bien que les yeux de certains s'attardent dessus parce qu'elle n'est pas fixe. Parfois, il y a même du jugement ou de la réprobation de la part de femmes plutôt âgées...".
Latifah a également eu le droit à des commentaires déplacés de la part de la gent féminine, y compris dans son entourage : "Pour ma mère et ma grand-mère, ne pas porter de soutien-gorge, c'est être indécent, regrette-t-elle. Un peu comme un 'appel au harcèlement'". D'autres n'ont pas eu ce souci. C'est notamment le cas d'Elza, qui explique : "J'ai la chance aussi d'avoir les tétons ombiliqués donc ça se voit assez peu que je ne porte pas de soutif." Car c'est souvent le fait de voir les téton par transparence qui bloque les personnes désireuses de faire du "No bra". Une inquiétude compréhensible, puisqu'une étude Ifop a démontré en juillet 2020 que 20% des Français estimaient que des tétons apparents sous un haut représentaient une "circonstance atténuante" en cas d'agression sexuelle...
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