Gros pénis, gros problème ? Quand être "gâté par la nature" devient un enfer

An unrecognizable man's hands hold a tape measure to the crotch of his jeans, checking size or growth with his forefinger.
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Quel homme n'a jamais rêvé d'être "bien monté" ou "gâté par la nature" ? Avoir un pénis d'une taille conséquente est un fantasme pour bien des hommes, persuadés que la taille est déterminante pour donner du plaisir à leur partenaire. Mais parfois, avoir un sexe trop long ou trop volumineux peut devenir un problème... De taille. À tous les niveaux.

À travers le monde, la taille du pénis moyen est de 13,1 cm de long pour 11,66 cm de circonférence. Ce chiffre ne sort pas de nulle part : il a été déterminé après une longue enquête par le psychiatre David Veale et ses confrères du Kings College de Londres, en 2015, après avoir compilé les données de nombreuses études sur le sujet. Cette moyenne, valable à l'échelle mondiale, varie ensuite en fonction des pays. Ainsi, selon Statista, en France, la taille moyenne d'un sexe en érection est de 14,47 centimètres de longueur.

On le dit souvent : ce n'est pas la taille qui compte. Mais force est de constater que cette dernière a tout de même son importance. Est-ce l'influence de la pornographie, qui a sacralisé les gros sexes comme le symbole ultime de la virilité ? Toujours est-il que ces messieurs ont toujours autant tendance à chercher à savoir "qui à la plus grosse". En oubliant que parfois, gros pénis signifie également gros soucis.

"Je ne compte plus les femmes qui ont refusé de coucher avec moi"

Julien* fait partie de ces hommes qui regrettent souvent de ne pas avoir un plus petit organe érectile. "Je ne compte plus les fois où j'ai ramené des femmes à la maison, et où elles ont décidé de ne pas aller plus loin en baissant mon pantalon", regrette-t-il, affirmant que cette situation a toujours été extrêmement humiliante pour lui. "Le problème, c'est qu'en tant que mec, tu grandis avec le cliché qui te dit que plus c'est gros, mieux c'est. Alors que dans la réalité, les femmes n'ont pas nécessairement envie d'avoir affaire à un énorme pénis. Mes partenaires leur reprochent de leur faire ‘mal’, en dépit de mes précautions. Du coup, pas de fellation, des rapports courts, où je me bride... Et mon plaisir passe souvent à la trappe."

Charles*, lui, affirme ne pas avoir eu trop de problèmes dans ses relations sexuelles... Mais avoir eu des difficultés à réaliser l'un de ses fantasmes, ce qui a représenté une véritable frustration : pratiquer la sodomie. "La plupart n’avaient rien contre la pratique, voire l’avaient même déjà expérimentée, mais refusaient catégoriquement : soit lorsque je proposais pour la première fois, soit avant même que je manifeste l’envie d’essayer. Du coup, ce n’est pas spécialement douloureux, ni humiliant en soi… Ça a juste été une énorme frustration pendant quasiment quinze ans. Au point de penser que je ne pourrais jamais trouver de partenaire avec qui réaliser ce qui devenait mon plus gros fantasme."

"Avec mon utérus rétroversé, les pénis trop longs, c'est mort"

Avoir un pénis imposant représente donc un véritable frein pour certains hommes, et en particulier pour ceux qui se soucient du bien-être de leurs conquêtes. Ces derniers trouvent généralement des alternatives, que cela soit via le sexe sans pénétration ou d'autres techniques. Eugénie* fait partie de ces personnes qui doivent souvent trouver des solutions pour ne pas souffrir lors de la pénétration. "J'ai un utérus rétroversé, ce qui veut dire que mon vagin ne peut pas s'étendre autant que d'autres. Donc quand un pénis trop long tape dans le fond, ça tape direct dans mon col de l'utérus, ce qui est extrêmement douloureux. Il n'y a que certaines positions qui sont supportables."

Résultat, la jeune femme s'est tournée vers d'autres méthodes : "Je pratique les pénétrations alternatives, comme par exemple le fist. Certes, c'est plus large, mais au final, c'est nettement plus supportable qu'une pénétration trop profonde." Récemment, elle a toutefois découvert le concept Ohnut : une bouée pour pénis qui permet de "bloquer" la pénétration pour éviter que cette dernière ne soit trop profonde. "Je ne l'ai pas encore testé, mais ça m'intrigue. Si c'est confortable et efficace, ça pourrait vraiment changer ma vie".

"Il a réussi à déloger mon stérilet"

Il faut dire qu'outre l'aspect désagréable d'une pénétration trop profonde, cela peut poser de véritables désagréments physiques. Julie* en a fait l'amère expérience avec son compagnon : "On est ensemble depuis dix ans. Maintenant, on sait quelles sont les positions dans lesquelles on peut tous les deux prendre du plaisir, et comment éviter que son sexe imposant ne me fasse mal. Mais parfois, on ‘s'oublie’ un peu dans le feu de l'action. Résultat, l'été dernier, je me suis retrouvée avec un bleu au col de l'utérus, et il a même réussi à déloger mon stérilet. Heureusement qu'on s'en est rendu compte très vite, sinon, ça aurait pu être dangereux."

Les hommes pénétrés ne sont d'ailleurs pas en reste. Nassir* l'affirme : "La taille du sexe de mes partenaires est déterminante, pour moi qui aime être pénétré. Je ne me vois pas être dans une relation avec un homme dont le sexe serait trop gros, trop long, et qui me ferait mal à chaque fois. J'ai déjà donné, et je me suis retrouvé avec une déchirure anale." Aujourd'hui, plus question pour lui de se forcer à accepter une pénétration s'il estime que la taille de son partenaire est trop importante. Son confort avant tout.

"Je ne comprends pas qu'une femme puisse avoir mal avec un pénis"

En règle générale, les hommes "bien montés" ont conscience du fait que la taille de leur sexe peut entraîner des blessures à leurs conquêtes. Toutefois, certains éprouvent une réelle frustration à l'idée de ne pas pouvoir se lâcher autant qu'ils le voudraient. C'est notamment le cas de Franck*, qui a dû mal à comprendre comment il peut blesser une femme lors de la pénétration, "même en y allant fort". "Franchement les femmes font les chochottes juste parce qu'elles ont peur. C'est cette peur qui les bloque, plus qu'une soi-disant douleur. Sous prétexte qu'elles ont mal, ça nous empêche de nous lâcher et de prendre du plaisir..."

La raison derrière ce raisonnement pour le moins... Phallocentré ? "Les femmes font sortir des gamins entiers de leur vagin et elles veulent nous faire croire que c'est une grosse b**e qui va leur faire mal ?" Une façon de penser qui prouve une certaine méconnaissance du corps humain... Et qui énerve profondément Léa*, qui rappelle avec force que la pénétration n’est pas la seule façon de prendre son pied. "Quand je vois les hommes qui se plaignent de ne pas pouvoir se lâcher ou sodomiser leur partenaire à cause de la taille de leur pénis, ça me rend dingue. Il faudrait qu’ils arrêtent de nous considérer comme de simples supports masturbatoires."

* Dans un souci d'anonymat, les prénoms ont été modifiés.

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