Riches, ils ont perdu toute leur fortune : "J'ai dilapidé les 300 000 euros de l'héritage de mon père. J'ai été vraiment con"
La richesse peut sembler être la solution à bien des problèmes, mais encore faut-il savoir l'entretenir. Par oisiveté, cupidité ou à cause d'addictions, des hommes ont dilapidé des fortunes, se retrouvant dans des situations financières compliquées, qu'ils regrettent amèrement aujourd'hui.
L'argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue. A condition de bien savoir le gérer, évidemment. Certaines personnes ont tendance à l'oublier, mais même les fortunes qui paraissent impressionnantes ne sont pas illimitées, et peuvent finir par se tarir si on ne les fait pas fructifier. Et chaque année, de nombreuses personnes en font les frais.
"J'ai dilapidé mon héritage en quelques années"
En 2014, Kévin, à l'époque âgé de 29 ans, a connu un drame. "Mon papa est mort d'un cancer du pancréas. C'était brutal, en quelques semaines, il était parti. Ça a été terrible pour moi comme pour ma famille." Le jeune homme a découvert peu après le décès de son père que ce dernier avait mis énormément d'argent de côté, en plus d'une assurance vie. "Je me suis donc retrouvé avec plus de 300 000 euros sur un compte en banque. Si j'avais été intelligent, j'aurais acheté un appart. Mais je n'ai pas été intelligent."
Le jeune homme l'avoue, ses premières décisions ont été inspirées par le deuil. "J'ai quitté mon emploi, je n'y arrivais plus. J'ai décidé réaliser le rêve de mon père, et de m'offrir un tour du monde, avec la totale : voyages en première classe, hôtels... J'ai même payé pour des potes sur certaines destinations, pour ne pas être tout le temps tout seul."
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Kévin admet avoir eu droit à des reproches de la part de sa mère : "Elle me disait de ne pas tout dépenser. Mais pour moi, 300 000 euros, c'était énorme : le genre de fortune impossible à écouler comme ça, en un claquement de doigts. Je me disais que tant que je gardais suffisamment pour avoir un apport pour un appartement plus tard, tout irait bien."
A son retour de voyage, le jeune homme constate qu'il a déjà dépensé près de 90 000 euros. Et, puisqu'il a démissionné, il n'a pas le droit au chômage. "Je me suis dit qu'il était temps d'investir dans l'appart de mes rêves. Mais j'ai commencé par en louer un, le temps de trouver celui que je voudrais acheter. Et encore une fois, j'ai vu trop grand. J'ai pris un trois pièces au coeur de Paris, que j'ai entièrement meublé, avec une installation de malade pour les jeux vidéo et la télé."
Kévin commence à visiter les appartements à vendre, fort d'un apport de plus de 100 000 euros. "Ça peut paraître énorme, mais mon dossier n'était pas bon : je n'avais pas d'emploi. Donc, les assurances ne voulaient pas de mon dossier pour le reste du prêt immobilier, et je ne voulais ni acheter en banlieue, ni un tout petit truc, donc je me suis acharné. Au bout de quelques mois, je me suis dit que j'allais retrouver un travail pour améliorer mon dossier et arrêter de vivre sur mes économies. Mais entre le Covid-19 et le fait que j'avais un trou de 18 mois dans mon CV, je n'ai rien trouvé. Et je ne voulais pas lâcher mon super appart, malgré son énorme loyer, ce qui a grignoté mon apport. D'autant que, quitte à ne pas bosser, j'ai continué les voyages, les sorties, à rincer les copains en soirée..."
Le tout, jusqu'en janvier 2023, période à laquelle le jeune homme reçoit un appel de sa banquière. "Elle m'a dit que mon projet d'achat devenait de plus en plus compliqué, parce que mon épargne se réduisait comme peau de chagrin. En trois ans, j'avais claqué près de 70 000 euros en loyer. Ça m'a fait un choc. Des 300 000 euros présents sur mon compte en 2019, il restait moins de 15 000 euros. J'ai dilapidé tout l'héritage de mon père, et certes, je me suis bien amusé, mais aujourd'hui, je me dis que j'ai été vraiment con, parce qu'à part des souvenirs, je n'ai plus rien."
"Rentier, je n'avais jamais travaillé avant la faillite de ses parents"
Si Kévin s'est retrouvé avec une fortune du jour au lendemain, Louis, lui, a toujours "grandi avec une cuillère en or dans la bouche", selon ses propres termes. Aujourd'hui âgé de 40 ans, l'homme a grandi dans une famille très riche. "Mon père avait plusieurs sociétés très lucratives. J'ai connu les écoles privées, les voyages en jet privé, les résidences secondaires, et je n'ai jamais manqué de rien. A partir de mes 18 ans, j'ai commencé à toucher une rente, alors je n'ai jamais vu l'urgence à travailler. Mais comme j'adorais apprendre, j'ai longtemps été un éternel étudiant. J'ai trois masters, en langues, en philosophie et en lettres appliquées, j'ai étudié dans plein de pays différents, j'ai fait de l'humanitaire... Tout en sachant que j'avais des dizaines de milliers d'euros à disposition, à vie."
Tout a changé au début des années 2010, alors que Louis avait une trentaine d'années. "Je ne saurais pas expliquer exactement ce qu'il s'est passé, parce que je n'y connais rien à la finance, mais la boîte principale de mes parents, celle qui finançait toutes les autres, à commencer à connaître des problèmes. Il y a eu des restructurations, un plan de licenciement... Puis mon père m'a pris entre quatre yeux pour me dire que j'allais devoir trouver un travail, car l'argent qui alimentait ma rente allait être utilisé à combler les dettes de l'entreprise. Pour moi, ça a été un choc. J'ai dû rendre mon appart, m'inscrire à Pôle Emploi, expliquer pourquoi à 30 ans j'avais un CV totalement vide... Et comprendre que ça allait être la merde."
Alors que le jeune homme enchaîne les petits boulots de tuteur, ses parents lui annoncent que leurs entreprises sont officiellement en faillite. "Eux étaient proches de la retraite, et avaient encore quelques économies personnelles, mais clairement, ils ne pourraient plus jamais financer mon ancien train de vie", regrette-t-il. "Ça m'a mis un coup de pied au cul pour trouver un emploi stable, et qui me plaise."
Finalement, Louis a contacté son ancienne école privée, et aujourd'hui, il y assure plusieurs rôles. "Grâce à mes nombreux diplômes, j'ai commencé comme tuteur, et je me suis découvert une vraie passion pour l'enseignement. Aujourd'hui, je donne des conférences, j'anime des modules, et je continue le tutorat ponctuellement, mais je fais aussi partie du conseil d'administration. Cette vie n'a rien à voir avec ce que je prévoyais avec la fortune de mes parents. Mais finalement, je m'y plais vraiment, et je suis relativement fier de moi."
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