Atteintes de cancer, elles ont perdu tout leur argent : "Je suis passée de 200 000 euros par an, à pouvoir à peine me verser un SMIC"
Parmi les conséquences des longues maladies auxquelles il est difficile de penser, il y a l'aspect financier. Pourtant, ce facteur est non-négligeable, en particulier pour les femmes, qui sont davantage quittées en cas de maladie grave. Plusieurs d'entre elles se sont retrouvées avec un compte en banque vide, voire des dettes conséquentes. Une double peine difficile à encaisser.
Dans des documents légaux obtenus par US Weekly, Shannen Doherty évoquait, courant juin 2024, ses difficultés financières et sa nécessité de demander une pension alimentaire à son ex-mari.
Atteinte d'un cancer de stade 4, l'ex-star de la série "Charmed" doit suivre des traitements coûteux, et l'affirmait : "En raison de mes problèmes de santé récurrents, je suis en grande partie incapable de travailler et je n’ai aucune perspective d’emploi futur. Aujourd’hui, pratiquement tous les revenus que je gagne sont des revenus résiduels provenant d’un travail que j’effectuais avant mon mariage (...) Alors que j'ai été incapable de travailler et que j'ai engagé des frais médicaux exorbitants non couverts par l'assurance pour subir des traitements expérimentaux dans l'espoir de prolonger ma vie, Kurt (Iswarienko, son ex-mari, ndlr) a utilisé l'avion, dépensant des milliers de dollars dans des spas médicaux, des bijouteries, chez Gucci (...) tout en affirmant simultanément qu'il ne dispose pas de fonds suffisants pour me soutenir." Conséquence : l'actrice américaine risque de s'endetter pour rester en vie.
Maladie, perte d'emploi et rupture : la triple peine
La situation est malheureusement loin d'être rare. En 2018, une étude américaine publiée dans la revue médicale cancer démontrait que le taux de séparation ou de divorce chez les femmes malades était de 20,8%, soit plus d'une femme sur cinq. En découlent souvent de graves conséquences financières, que Sarah* ne connaît que trop bien. À 58 ans, cette ancienne coiffeuse s'est retrouvée dans l'incapacité de travailler à cause d'un cancer. Si elle a d'abord pu compter sur la solidarité de son compagnon de l'époque, ce dernier a fini par partir.
"Je travaillais à mon compte, et quand j'ai été diagnostiquée d'un cancer en 2017, je gagnais très bien ma vie", explique la quinquagénaire. "J'avais des économies, j'étais propriétaire de mon appartement, et mon compagnon de longue date avait lui aussi un salaire confortable. Sur le papier, on était dans une "bonne situation", entre guillemets, pour que je puisse me battre contre la maladie dans les meilleures conditions. Seulement, très vite, je me suis retrouvée trop faible pour pouvoir travailler."
A son compte, Sarah ne pouvait plus compter que sur ses économies pour rembourser l'emprunt de son appartement. "En tant que travailleuse indépendante, ne pas travailler signifiait ne pas pouvoir me verser de salaire", regrette-t-elle. "Je reprenais le boulot entre deux cycles de chimio, mais dans mon métier, les clientes partent vite si tu n'es pas 100% disponible, donc ça ne suffisait pas pour renflouer les caisses, d'autant que je travaillais avec beaucoup de personnalités assez en vue. Je suis passée de 200 000 euros par an de chiffre d'affaires, à pouvoir à peine me verser un SMIC." En 2020, après six mois de rémission, elle fait une rechute, en plein Covid-19. "Mon ex est parti à ce moment-là. C'était "trop" pour lui, m'a-t-il dit. Et pas question de pension alimentaire, puisque nous n'étions pas mariés. Du coup, en pleine pandémie, je me suis retrouvée seule, malade, incapable de travailler... Parfois, je me disais que ça serait plus simple de me laisser crever, vu que je n'avais pas d'enfants."
Mais la quinquagénaire s'est malgré tout accroché, vidant ses comptes. "Grâce au Covid, j'ai obtenu des aides pour compenser ma perte d'activité, une possibilité de décaler certaines mensualités pour mon appartement." Aujourd'hui, elle est en rémission depuis 3 ans. "Je commence à reprendre le contrôle de mes finances, je travaille à nouveau. J'estime être chanceuse, car la situation aurait pu être bien pire."
"Je dépense l'héritage de mes enfants en traitements expérimentaux"
Si Sarah est en rémission de son cancer, ce n'est pas le cas de Judith*, 47 ans. Cette ancienne commerciale est actuellement en arrêt maladie longue durée, et lutte contre un cancer des os. "Grâce à l'assurance maladie, je touche une indemnité journalière en dépit de mon arrêt maladie, mais on est loin de mon ancien salaire, qui dépendant beaucoup des primes et des commissions", explique-t-elle. "La Sécu et la mutuelle prennent en charge toutes mes dépenses de santé en France, mais ça ne suffit pas."
En effet, cette maman de trois enfants, âgés de 25, 20 et 17 ans voyage beaucoup, en dépit de sa maladie. "Mon pronostic n'est pas bon" regrette-t-elle. "Alors, j'ai décidé de tenter ma chance dans des essais cliniques et des traitements expérimentaux à l'étranger, en Amérique du Sud, notamment." Un choix qui représente un coût : "Il y a les billets d'avion, parfois les logements sur place, mais aussi le coût du traitement en lui-même, qui n'est évidemment pas pris en charge par la Sécu ou par la mutuelle. Comme je ne travaille plus, mes indemnités viennent compléter le salaire de mon mari. Pour le reste, je pioche dans nos économies."
Un choix compliqué à assumer pour la mère de famille. "J'ai l'impression de dépenser l'héritage de mes enfants, je culpabilise à l'idée de les laisser sans rien si je devais mourir. Mais comme ils sont grands, on en a discuté ensemble, avec leur père. Ils ne se retrouveront pas orphelins, ni à la rue. Et tous les trois m'ont dit préférer avoir une maman en vie. En espérant pouvoir rester le plus longtemps possible à leurs côtés."
* Les prénoms ont été modifiés par souci d'anonymat.
Vidéo. Carnet de Santé - Dr Christian Recchia : "Quasiment tous les cancers peuvent être évités si vous faites cela"
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