Le sucre, un poison ? La réalité n’est pas si simple que cela, selon ce diabétologue qui explique quoi surveiller

Selon ce diabétologue, il n’y a aucun intérêt pour une personne en bonne santé à mesurer son taux de glycémie.
Getty Images/iStockphoto Selon ce diabétologue, il n’y a aucun intérêt pour une personne en bonne santé à mesurer son taux de glycémie.

SANTÉ - Faut-il surveiller ses pics de glycémie si l’on n’est pas diabétique ? C’est ce que recommandent certains influenceurs sur les réseaux sociaux, qui encouragent même parfois l’utilisation de capteurs de glucose. Leur idole ? Jessie Inchauspé, alias @glucosegoddess (la « déesse du glucose ») dont le livre best-seller Faites votre glucose révolution, sorti en France en 2022, prône la maîtrise des effets du sucre pour moins les subir… et pour mincir.

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Alors, faut-il bannir tout type de sucre de notre alimentation ou tenter d’éviter à tout prix ces fameux pics de glycémie ? On fait le point avec le Pr Jean-Pierre Riveline, diabétologue à l’Hôpital Lariboisière à Paris et responsable du Centre Universitaire de Diabétologie et de ses Complications (CUDC).

Le HuffPost. Faut-il être obsédé par son taux de sucre et éviter les pics de glycémie à tout prix ?

Pr Jean-Pierre Riveline. Chez les personnes diabétiques, il est avéré qu’une variabilité glycémique importante n’est pas anodine pour la santé. Dans ces cas-là, toute démarche thérapeutique qui améliore cette variabilité, qui peut passer par des règles hygiéno-diététiques, comme l’alimentation, ou par la prise en charge par des médicaments ou de l’insuline, est bonne pour le patient.

En revanche, chez les personnes qui sont en bonne santé, nous n’avons pas la preuve que la variabilité glycémique a des conséquences sur la santé, même si ce n’est pas exclu. Il faut se méfier de l’intérêt financier qu’il y a derrière des conseils ou des pratiques qui ne sont pas toujours démontrées scientifiquement.

Nous n’avons pas de données d’études rationnelles qui étayent cette hypothèse sur les pics de glycémie chez des personnes en bonne santé. Et cela peut créer une certaine anxiété, une certaine peur dans la population. Est-elle justifiée ? Je n’en suis pas certain.

Sait-on ce qu’un pic de glycémie provoque dans l’organisme ?

Chez les patients qui ont une pathologie, il a été démontré que les pics de glycémie aigus créaient un phénomène chimique dans le corps qui s’appelle le « stress oxydant ». C’est comme si on enflammait une allumette dans une cellule. Ce « stress oxydant » n’est pas anodin, et c’est probablement l’un des facteurs qui participent à l’apparition de complications du diabète, notamment cardio-vasculaires.

Chez les personnes en bonne santé, il n’y a pas de démonstration qu’un pic de glycémie entraîne un tel phénomène. En revanche, je suis convaincu que limiter la consommation de sucres d’absorption rapide, souvent associés à des pics d’hyperglycémie, peut être à long terme louable – mais on n’a pas besoin de capteurs de glucose pour cela. C’est un bon moyen de prévenir la survenue d’un surpoids, d’une obésité ou d’un diabète de type 2 ultérieurs. Cela n’empêche pas de faire la fête de temps en temps, mais l’idée c’est de ne pas le faire au quotidien.

Le sucre est-il nécessaire à l’organisme ?

Le sucre est indispensable à l’organisme, c’est un élément essentiel à la survie. Pour être en bonne santé, on sait comment il faut répartir les calories entre les glucides, les lipides et les protides. Ce qui est recommandé, c’est que plus de la moitié de la répartition des calories soit occupée par les glucides. Le sucre est l’une des principales sources d’énergie du corps.

Après, il y a différents types de sucres : les sucres d’absorption rapides ou simples, c’est tout ce que vous voyez dans une pâtisserie par exemple. Et les sucres d’absorption plus lente, plus complexes, que l’on trouve dans les pâtes ou les pommes de terre. Il vaut mieux privilégier les sucres d’absorption lente et en quantité raisonnable. Les fruits sont louables, ce sont des fibres qui ont des effets positifs sur le poids, le diabète et sur la prévention des cancers, surtout quand on les prend au milieu des repas.

On entend souvent dire que « le sucre est un poison », qu’en pensez-vous ?

Dire « le sucre est un poison », c’est vrai s’il n’est constitué par exemple que de Coca-Cola chez l’adolescent. Car ce ne sont que des sucres d’absorption rapide. Il y a aussi des recommandations sur la répartition des calories dans la journée : si vous mangez toute la journée des sucres rapides en dehors des repas, là c’est vrai que le sucre peut être un poison.

Mais attention, ces discours peuvent être simplificateurs. Cela dépend de quel sucre et comment. Et surtout, c’est un discours contre-productif qui peut engendrer des troubles du comportement alimentaire : dire à quelqu’un « Tu ne mangeras jamais de gâteau d’anniversaire », c’est non…

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