Sur Instagram, des hommes payent des parents pour voir des photos de leurs fillettes en bikini
Désormais, les influenceurs ont la possibilité de faire payer leurs abonnés Instagram afin qu'ils puissent avoir accès à du contenu exclusif. Cette nouvelle fonctionnalité donne lieu à certaines dérives graves : des parents ont ainsi entrepris de sexualiser leur enfant afin de générer des revenus.
Des photos de fillettes en bikini ou en justaucorps mises à la disposition de qui voudra bien payer pour les admirer. Depuis quelques temps, ce type de contenu prend de l'ampleur sur Instagram. La plateforme a récemment mis à la disposition de ses créateurs la possibilité de proposer du contenu exclusif et payant à leurs abonnés.
Certains parents, gestionnaires des comptes de leurs enfants, y ont vu un nouvel eldorado. Et visiblement, peu importe qui a accès à ces photos, tant qu'il y met le prix. Les enfants, sexualisés, peuvent ainsi devenir les proies de pédocriminels. La plupart de ces abonnés "premium" sont des hommes et de nombreux profils sont identifiés comme potentiellement pédocriminels par Meta (maison-mère de Facebook et Instagram), au vu de leurs commentaires à caractère sexuel, précise le Wall Street Journal.
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Des employés de Meta eux-mêmes inquiets
Comme l'indique également le Wall Street Journal, certains employés de Meta ont rédigé un rapport sur les possibles dérives générées par ce nouvel outil, avant même son lancement officiel. À ce moment-là, la possibilité d'empêcher les comptes de mineurs gérés par leurs parents d'accéder à cette fonctionnalité avait été évoquée, sans finalement être retenue par Meta.
Pour l'instant, il existe un système de modération automatique qui est supposé empêcher les profils identifiés comme liés à de potentiels pédocriminels de s'abonner à des comptes de mineurs.
"Nous avons lancé des outils de monétisation pour les créateurs avec un ensemble solide de mesures de sécurité et de contrôles multiples des créateurs et de leur contenu", a affirmé Andy Stone, directeur de la communication de Meta, auprès du Wall Street Journal. Pour autant, ces mesures semblent assez faciles à contourner. Certains comptes bannis d'Instagram ont pu continuer à publier du contenu sur Facebook.
Le journal a également remarqué qu'un autre compte banni l'an dernier pour exploitation de mineur a été rétabli, et a même reçu une vérification officielle de Meta, récoltant des centaines de milliers d'abonnés. Particulièrement vigilant sur ce sujet, le Wall Street Journal avait déjà pointé du doigt Meta, dont les algorithmes de recommandation, selon une enquête du média, mettaient en avant des réseaux pédophiles.
La réticences des plateformes
La régulation, la modération et les sanctions des contenus en ligne sont un enjeu majeur dans la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants. Le Monde avait de son côté, en mars 2023, montré comment l'existence de services de streaming en live pouvait être détournée.
Aux Philippines notamment, ce facile accès au streaming a généré une production de contenus pédocriminels, illégaux et ultra violents contre rétribution. Des pédocriminels sont en effet prêts à payer pour assister à des viols et à des agressions sexuelles d'enfants à l'autre bout du monde, souvent par des membres de leur famille.
Un phénomène que des entreprises comme Meta, propriétaire de Facebook Messenger, et Microsoft, détenteur de Skype, ne parviennent pas à juguler. Selon Le Monde, ces géants de la tech ont la possibilité de prendre des mesures plus strictes via la modération humaine. Le média suppose que c'est le gros investissement financier (payer les modérateurs), nécéssaire pour éradiquer ces contenus, qui dissuade les entreprises. Elles sont également réticentes quant au fait de s'attaquer au principe de protection de la vie privée en ligne. Comme l'explique Le Monde, "la modération en matière de violence sur les enfants implique en effet d'inspecter aussi les espaces privés."
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