Valentina Petrillo, la sprinteuse transgenre, victime de harcèlement transphobe aux Jeux Paralympiques

Le harcèlement transphobe des athlètes se poursuit aux Jeux de Paris. Après celui subi par la boxeuse algérienne Imane Khelif, accusée à tort d'être un homme par ses détracteurs, c'est au tour de la sprinteuse paralympique transgenre Valentina Petrillo de subir une vague de harcèlement. Un harcèlement notamment mené par l'autrice J. K. Rowling.

Valentina Petrillo, la sprinteuse transgenre, victime de harcèlement transphobe aux Jeux Paralympiques. (Photo by Marco Mantovani/Getty Images)
Valentina Petrillo, la sprinteuse transgenre, victime de harcèlement transphobe aux Jeux Paralympiques. (Photo by Marco Mantovani/Getty Images)

La transphobie ne s'est pas arrêtée aux portes des Jeux Olympiques, elle s'est propagée jusqu'aux Jeux paralympiques, qui se déroulent actuellement à Paris. Après Imane Khelif, accusée à tort d'avoir menti sur son genre de naissance, c'est au tour de l'athlète transgenre Valentina Petrillo de subir des attaques nauséabondes sur les réseaux sociaux.

À 51 ans, Valentina Petrillo va représenter l'Italie au sprint sur 400m dans la catégorie T12 (déficient·e·s visuels), après s'être qualifiée lors des demi-finales du lundi 2 septembre 2024. Une fierté pour la sportive, première athlète transgenre des Jeux paralympiques, qui affirme "vivre son rêve d'enfant" à l'AFP : "Ce sera le moment le plus important de ma carrière sportive". Pour cause, elle avait raté de peu la qualification aux Jeux de Tokyo, en 2021.

Malheureusement, la joie de Valentina Petrillo est teintée d'amertume, à cause de la transphobie ambiante. Sur les réseaux sociaux, depuis plusieurs jours, la sprinteuse subit une montagne d'insultes transphobes, ses détracteurs jugeant "injuste" qu'elle soit autorisée à concourir au côté de "femmes biologiques". D'autant que la sportive avait commencé sa carrière avant sa transition. "Quand j'étais un homme, je n'étais pas moi-même. Je courais toujours avec le frein à main."

En 2019, Valentina Petrillo a entamé une thérapie hormonale, deux ans après son coming out. Son taux de testostérone, divisé par quatre, lui permet aujourd'hui de participer aux épreuves sportives en tant que femme. Elle a notamment décroché deux médailles de bronze au 200 et au 400 mètres aux championnats du monde en 2023 à Paris.

Autrice connue mondialement pour les livres de la saga "Harry Potter", J. K. Rowling fait désormais davantage parler d'elle pour ses prises de position transphobes. Imane Khelif a notamment porté plainte contre elle après ses propos à son sujet, ce qui n'a pas empêché l'écrivaine de s'en prendre à la sportive italienne.

Sur X, l'autrice a publié un message sarcastique, dans lequel elle écrit, tout en mégenrant la sportive : "Pourquoi toute cette colère à propos de l'inspirant (sic) Petrillo ? La communauté des tricheurs n’a jamais eu ce genre de visibilité ! Des tricheurs fiers comme Petrillo prouvent que l’ère du cheat-shaming est révolue. Quel modèle ! Je dis qu'on rend ses médailles à Lance Armstrong et qu'on passe à autre chose".

Mara Yamauchi, double marathonienne olympique, fait également partie de ceux qui ont également critiqué l’inclusion de la sprinteuse dans les catégories féminines. "Cela me fait bouillir", a-t-elle tweeté dans le cadre d'un long fil de discussion. "Une athlète féminine talentueuse, travailleuse et exceptionnelle est exclue du 400 m T12 à cause d'un père de famille de 50 ans qui se produit sur la scène mondiale."

Heureusement, Valentina Petrillo a également reçu de nombreux soutiens sur les réseaux sociaux. À l'AFP, elle avait annoncé s'être "préparée" aux critiques transphobes qu'elle allait subir. "Je me suis battue pendant des années pour en arriver là et je n’ai pas peur, je suis moi", a-t-elle affirmé.

Elle peut d'ailleurs compter sur le soutien sans faille de son club, l'ASD Omero Bergamo. "Nous voulions absolument éviter toute forme de discrimination, les malvoyants connaissent malheureusement trop bien ce problème et nous ne voulions pas que Valentina vive ça", a affirmé le représentant du club, Dario Merelli, à Franceinfo.

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