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Yvan Attal tourmenté par ses origines : "Je suis un juif angoissé d'être juif"

French actor and film director Yvan Attal poses on the sidelines of the 8th edition of the Cinema and film music festival in La Baule, western France, on June 30, 2022. (Photo by Loic VENANCE / AFP) (Photo by LOIC VENANCE/AFP via Getty Images)
Yvan Attal tourmenté par ses origines : "Je suis un juif angoissé d'être juif". (Photo by Loic VENANCE / AFP) (Photo by LOIC VENANCE/AFP via Getty Images)

Si Yvan Attal est au casting de "Capitaine Marleau", série de France 2 dont l'épisode 7 de la quatrième saison est diffusé ce vendredi 17 mars, il est aussi réalisateur. D'origine juive et plutôt discret sur ce sujet, il a néanmoins réalisé "Ils sont partout" sorti 2016, où il campe le rôle, d'un homme "obsédé" par l'antisémitisme. L'occasion de se livrer sur son rapport à la judéité.

"Aujourd’hui c’est difficile, quand on voit la moyenne des actes antisémites, on est clairement menacé. (...) Je suis un juif angoissé d'être juif", a déclaré Yvan Attal dans le "Journal Inattendu" de Marie Drucker sur RTL. En 2016, à l'occasion de la promotion de son film "Ils sont partout", où il joue le rôle d'Yvan, un Français juif “athée” expliquant sa hantise de l’antisémitisme à son psychanalyste, Yvan Attal s'est confié dans différentes médias sur sa judéité.

"Être juif, pour moi, c'est transmettre"

Né à Tel Aviv, Yvan Attal est franco-israélien. Après avoir vécu en Algérie, son père, horloger et sa mère, au foyer, décident néanmoins de quitter Israël et de s'installer en France six mois après la naissance de leur fils, qui sera leur seul enfant. "J'ai reçu une éducation religieuse par traditionalisme. Mes parents ont voulu me transmettre leur histoire. Être juif, pour moi, c'est transmettre", a-t-il expliqué dans Libération. Ayant des ancêtres espagnols, l'acteur aurait pu recouvrer cette nationalité : "En dehors de Nadal et du foot, je n'ai pas vu quel était l'intérêt d'accepter", s'est-il justifié auprès du quotidien.

Vidéo. La minute d'Yvan Attal

Débarqué, à six mois donc, à Créteil, Yvan Attal a grandi en France. Né juif, il ne se définit pas comme pratiquant. "Ma langue, c'est le français, j'ai quelques notions d'hébreu, mais je ne le parle pas. Je ne connais pas les textes et je n'appartiens à aucune organisation communautaire. Je pense juste que je deviens de plus en plus juif à mesure que l'antisémitisme grandit", a-t-il estimé.

S'il ne pratique pas le judaïsme, l'acteur se félicite des valeurs que lui a léguées son père, à qui il a dédié "Ils sont partout" : "J'ai hérité de ses convictions, un attachement au service public, aux valeurs de gauche."

"On ne peut même plus prononcer le mot "juif""

Plutôt discret sur ses origines, le réalisateur a constaté un changement dans sa manière de le présenter dans les médias depuis "Ils sont partout", comme il l'a évoqué dans l'émission "Thé ou Café", en 2016. "Ça fait 25 ans que je fais des films, j'ai toujours été un acteur et réalisateur français ; depuis que j'ai dit que je faisais un film sur les clichés antisémites, je suis devenu un acteur et réalisateur franco-israélien", a-t-il relevé.

Comme il l'a confié à l'AFP, avec "Ils sont partout", Yvan Attal a eu le sentiment "pour la première fois", à 51 ans, de "s’engager au cinéma", pour dénoncer l'antisémitisme. Il considère ainsi avoir réalisé un film "sincère, honnête", soucieux d’apporter sa pierre à un "combat" contre l’antisémitisme "qu’on ne peut pas abandonner". Et de poursuivre : "Si je dis que je suis obsédé par les antisémites dans ce film, c’est évidemment de l’ironie… Je pense que c’est plutôt les antisémites qui sont obsédés par les Juifs, il n’y a qu’à regarder internet." "Je le dis dans le film : on ne peut plus rien dire dans ce pays, on ne peut même plus prononcer le mot "juif", qui crispe les gens. Je le pense et je le constate" a déploré le comédien. "Est-ce qu’un jour, on va nous lâcher ?"

Aussi, dans Libération, Yvan Attal se désolait qu'on lui pose la question de l'islamophobie en interview : "Je n'aime pas cette question. On tue les juifs dans la rue. On ne peut pas le nier. Et cela ne minimise pas ce que vivent les musulmans de France. Je refuse de me laisser entraîner dans toute forme de concurrence victimaire, ce n'est pas le débat, et encore moins celui du film."

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