Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Je n'ai plus aucune sensation au niveau du ventre depuis mon abdominoplastie"
Un peu de botox par-ci, une augmentation mammaire par-là... La chirurgie esthétique est de moins en moins taboue. Ces opérations, longtemps cachées comme un secret honteux, sont désormais promues par les médecins qui les pratiquent comme par certaines stars et influenceurs ou influenceuses qui en ont bénéficié. À travers cette série "Chirurgie esthétique, à la vie à la mort", Yahoo tente de démystifier les raisons qui poussent les personnes à avoir recours à un acte de chirurgie, souvent irréversible, pour changer l'aspect de leur corps. Nous publierons une série de témoignages de personnes pour qui la chirurgie esthétique a changé la vie positivement ou négativement.
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Après des années à complexer sur sa silhouette et à faire des régimes, sans succès, en 2017, Amandine décide d'opter pour une chirurgie bariatrique. La jeune femme, alors âgée de 32 ans et mère de deux enfants, perd plus de 30 kilos en l'espace de 18 mois, passant d'une taille 46 à une taille 38. "Sur le papier, j'étais ravie. Je n'avais jamais été aussi mince, j'étais en meilleure santé, et je pensais que ça allait me débarrasser de mes complexes. Ce que je n'avais pas prévu, c'était l'impact sur ma peau." En effet, cette perte de poids rapide a eu pour conséquence un excédent de peau, classique dans ce genre de situation. Et bon nombre de chirurgies bariatriques entraînent donc un nouveau passage par la chirurgie, afin de se débarrasser de cet excédent de peau. Ce n'est pas obligatoire. D'ailleurs, tout le monde n'en a pas besoin. Mais pour Amandine, qui n'ose plus se déshabiller devant son conjoint à cause de ce nouveau complexe, c'est la suite logique pour obtenir la silhouette de ses rêves.
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L'abdominoplastie, une opération à risque
En 2019, la trentenaire décide de sauter le pas et prend rendez-vous avec un chirurgien esthétique pour ce que l'on appelle une "abdominoplastie avec transposition de l’ombilic". "C'est une intervention chirurgicale qui vise à retirer l'excédent de peau entre le nombril et la zone pubienne et de retendre la peau saine. Mon chirurgien m'a expliqué que j'allais être placée sous anesthésie générale, et que les résultats définitifs ne seraient visibles que trois à six mois après l'opération. Il m'a prévenue que la convalescence allait être longue, et qu'il pouvait y avoir des complications."
Parmi les potentiels problèmes annoncés, une perte partielle de sensibilité. "Il a évoqué une désensibilisation partielle de la paroi, c'est-à-dire la zone située entre le nombril et le pubis. Au début, tout allait bien, et puis la perte de sensibilité est arrivée au bout de quelques semaines. Peut-être que je ne m'en suis pas rendu compte plus tôt à cause de la douleur de la cicatrisation, mais je ne me suis pas inquiétée outre mesure puisque mon chirurgien m'avait prévenue."
Des conséquences sur le long terme
Seul problème, le délai de trois à douze mois annoncés pour retrouver une sensibilité s'écoule, sans amélioration. "Concrètement, quand je touche mon ventre, je ne sens rien. Ça fait maintenant plus de trois ans que j'ai subi l'opération, et rien n'a changé. Je ne sens pas mes vêtements, quand mon partenaire pose sa main sur mon ventre, ou quand je m'épile. Rien du tout", raconte-t-elle avant de préciser : "Ce n'est pas gênant à proprement parler, puisque ce n'est pas douloureux, mais c'est quand même une sensation étrange et inquiétante, car je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur que ça ne finisse par s'étendre, ou que je rencontre un problème parce que je n'ai pas de sensation au niveau du ventre."
La mère de deux enfants se souvient notamment d'une scène de la série "Desperate Housewives" : "Une des actrices porte une prothèse pour faire croire qu'elle est enceinte, et finit par s'empaler sur un couteau, sans rien sentir. Sauf que moi, si je me blesse, ce n'est pas une prothèse qui sera touchée, mais ma peau, voire pire. Je sais que les risques que ça arrive sont minimes, mais voilà, c'est stressant. Je pourrais très bien me brûler ou me couper par accident, et ne pas m'en rendre compte." Un peu comme les personnes qui souffrent d'hypoesthésie, et qui ne ressentent pas la douleur physique.
La situation peut-elle s'améliorer ?
Amandine pourrait être en colère, car ainsi qu'elle l'explique : "Si je n'ai plus de sensations au niveau du ventre, ça veut dire que les nerfs ont été atteints de manière durable, peut-être irréversible, et ça n'aurait pas dû arriver. Mais c'est malheureusement le risque lorsque l'on subit une intervention chirurgicale, qu'il s'agisse de chirurgie réparatrice ou de chirurgie esthétique. Aucune opération ne possède un risque zéro." D'ailleurs, son chirurgien est loin d'être alarmiste : "Il m'a précisé que dans certains cas, la sensibilité pouvait revenir des années plus tard. Alors je ronge mon frein, j'attends, et je fais preuve de prudence en surveillant mon ventre."
Malgré tout, la jeune femme ne regrette pas l'opération. "Je n'ai peut-être plus de sensations, mais au moins, je n'ai plus cet excédent de peau qui me gâchait la vie, et la désensibilisation n'a pas de conséquence directe sur ma santé. C'est un mal pour un bien, et j'estime que le fait d'être mieux dans ma peau valait le coup. Ma vie a changé à tous les niveaux, et puis un peu de prudence n'a jamais fait de mal à personne, non ?" Une conclusion philosophique qui prouve que malgré les désagréments, être bien dans sa peau peut valoir le coup de faire des sacrifices.
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