"Ma femme aura le droit de..." : un footballeur suivi par près de 800 000 personnes suit cette trend TikTok en édictant des règles misogynes et liberticides, il est exclu de son club

Depuis qu'il a partagé sur TikTok une liste de règles que sa future femme devra respecter, le footballeur Adel Sidi Yacoub, gardois d’une vingtaine d’années, s'est attiré les foudres des internautes et a été exclu de son club.

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"Ma femme aura le droit de..." : un footballeur suivi par près de 800 000 personnes suit cette trend TikTok en édictant des règles misogynes et liberticides, il est exclu de son club. Photo : Capture d'écran / @syadel30 / Instagram

"Les règles que ma copine /mon copain devra respecter". Ceci n'est pas une charte arriérée, mais le nom d'une tendance TikTok qui a émergé il y a quelques mois déjà. Face caméra, de jeunes utilisateurs se filment en donnant les conditions sine qua none pour espérer être en couple avec eux. Si personne ne devrait imposer de véritable "règles" à son conjoint, certains ont détourné le genre en y intégrant de l'humour et du second degré. Mais d'autres semblent prendre ce genre de vidéos au sérieux, et édictent des règles d'un autre âge auprès d'un public pas toujours averti.

La plupart du temps, sans surprise, ce sont les femmes qui sont privées de liberté. Parfois, ces vidéos ne trouvent pas d'écho, si ce n'est dans l'espace commentaire où certains utilisateurs de TikTok s'offusquent. Mais le post d'Adel Sidi Yacoub, footballeur gardois d'une vingtaine d'années qui cumule quasiment 800 000 abonnés sur TikTok, a largement dépassé les frontières du réseau social chinois. Dans deux vidéos, le jeune homme a énoncé début janvier une liste de contraintes auxquelles devra se plier sa future femme.

"Le corps de ma femme est à moi"

Ainsi, l'épouse d'Adel Sidi Yacoub aura l'interdiction de côtoyer d'autres hommes en tant qu'amis, de travailler avec eux -son travail ne devra d'ailleurs pas l'empêcher de "s'occuper de son foyer"-, de partir en voyage, de porter la tenue qu'elle veut, de "s'exposer" sur les réseaux sociaux (alors que selon lui, il est autorisé à le faire car "c'est son travail"), de sortir après le coucher du soleil, de prendre les transports en commun ou de faire part de ses problèmes de couple à ses famille ou ses amis.

Les justifications de ces interdits sont d'autant plus problématiques : "C'est moi ton ami, ton confident, ton pire ennemi. Y'a pas d'ami. Ça n'existe pas chez moi. (...) Ma femme ne travaillera qu'avec des femmes, si possible à la maison. (...) Les voyages avec ses potes, elle oublie, elle ne voyage qu'avec moi, c'est moi qui la protège. Si, imaginons, je ne suis pas là, je l'autorise à partir avec son grand frère, son père, des hommes de sa famille, c'est tout. (...) Elle aura l'interdiction de porter des vêtements vulgaires ou moulants. Aucun homme ne regarde le corps de ma femme dans la rue, le corps de ma femme est à moi. (...) Sans moi, elle aura interdiction de bouger de la maison. (...) Si on a un souci, on le règle, entre elle et moi, mais c'est hors de question qu'elle aille voir sa mère, qu'elle aille se plaindre, 'Ouais il m'a fait ci, il m'a fait ça', d'aller voir ses amies les vicieuses... D'ailleurs ses amies, je vais les contrôler. Elle ne sera pas amie avec n'importe qui. Nous les hommes, on a un sens qu'elles, elles n'ont pas."

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"Il a voulu faire le buzz, mais il a surtout fait du mal"

En normalisant des règles extrêmement strictes, misogynes, et même liberticides auprès de centaines de milliers de personnes, le sportif s'est exposé à une sanction de la part de son club, l'Entente sportive du Pays d'Uzès, qui ne cautionne pas ses "interdictions" et ses "autorisations". Le comité directeur a tout simplement décidé de l'exclure, mardi 9 janvier 2024.

"J'ai été surpris par cette vidéo, je me suis dit, 'Mais qu'est-ce qu'il raconte.' Bien sûr que le club ne valide aucun de ses propos" a précisé le président de l'Entente sportive du Pays d'Uzès, Ahmed Maharzi, ancien joueur professionnel à Nîmes, à Toulouse ou encore à Châteauroux. "Ces propos n'engagent que lui, mais en aucun cas le club. Il ne faut surtout pas faire l'amalgame. Ici, on est tolérant et respectueux. Il a voulu faire le buzz, mais il a surtout fait du mal au club" conclut-il.

Une exclusion que le jeune homme ne semble toujours pas avoir bien comprise : "Je me fais attaquer par toute la France, juste parce que je serai un homme protecteur et jaloux envers ma future femme...", s'est-il désolé dans une nouvelle vidéo. "Je ne comprends toujours pas cet emballement médiatique", a-t-il ajouté dans la légende d'une autre de ses vidéos. Une décision que de nombreux internautes, eux, comprennent très bien : "Interdire des choses à une femme, ce n'est pas être protecteur", "Tu n'es pas le maître ou le propriétaire des femmes", "Protecteur ne veut pas dire humiliation, privation de liberté... Et j'en passe", "On ne vit plus au Moyen Âge..."

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