Amour et arnaque - Édith : "Le premier virement était de 1500 euros. Il y en a eu d’autres. Je lui ai donné plus de 4000 euros"

En allant sur un site de rencontre, Edith, une sexagénaire mariée, cherchait un peu de compagnie. Elle se retrouve avec 4000 euros de moins et un sentiment amer d'avoir été arnaquée.

Amour et arnaque - Édith :
Amour et arnaque - Édith : "Le premier virement était de 1500 euros. Il y en a eu d’autres. Je lui ai donné plus de 4000 euros"

Crédit : Getty

Édith a 63 ans et est en couple depuis 36 ans quand elle s’inscrit sur une application de rencontre : "J’avais besoin de parler avec quelqu’un. Je ne cherchais pas du sexe, mais de la compagnie. Avec les premiers hommes à qui j’ai parlé, j’ai été très claire sur ce point. Je disais que j’étais en couple et que je ne voulais pas le tromper, mais que j’avais besoin de parler et de me sentir écoutée. Il y a eu un homme qui l’a très bien compris et avec qui la discussion a duré presque deux mois avant qu’il ne rencontre quelqu’un et qu’il décide de mettre de la distance. La plupart des hommes cherchent du sexe sur ces applications. C’est en tout cas mon expérience. Et comme je ne voulais pas ça, la plupart des échanges n’ont duré que quelques messages, trois ou quatre. Mais il y a eu un autre homme qui m’a comprise ou qui a fait mine de me comprendre. Malheureusement, c’était un arnaqueur."

Édith échange pendant des semaines avec cet homme : "On parlait de tout et de rien au début. Il me faisait parler de moi, de mes journées. Il a été dans l’écoute, et ça m’a fait du bien. J’ai vite été complètement accro à nos discussions. Je me rendais compte que je n’attendais que ça, qu’il me réponde ou qu’il prenne le temps de discuter avec moi. J’étais pendue à mon portable. La seule limite que je m’étais fixée c’est de ne pas le faire quand mon mari était là, et j’ai réussi à m’y tenir. Mais ça m’est arrivé d’avoir la tête ailleurs. D’espérer être le lendemain pour pouvoir lui parler. Je suis tombée amoureuse et ce n’était pas prévu. Enfin je suis tombée amoureuse parce qu’il l’avait prévu. Il a tout fait pour que je ne puisse plus me passer de lui. Je me suis fait manipuler dès le départ."

La relation entre Édith et son correspondant virtuel évolue : "Je ne voulais toujours pas le voir en vrai pour ne pas tromper mon mari, mais on parlait quand même de sexe. Il m’envoyait des photos, je lui en envoyais aussi. En fait, c’était de la tromperie. Je me mettais juste des oeillères pour ne pas trop me sentir coupable. Mais le sexe était présent dans notre relation. Ça a duré en tout pendant 6 mois et on a commencé à s’envoyer des photos et à parler de ce qu’on désirait au bout du deuxième mois je dirais. Ça aussi, ça a contribué à me rendre accro. Et d’ailleurs, je ne supportais plus de faire des choses avec mon mari. Je n’avais même plus envie de lui. Je n’avais envie que de l’homme que je n’avais pas."

Au bout de 6 mois, il commence à lui demander de l’argent : "On se parlait de nos vies donc je savais qu’il cherchait du travail. Il avait déjà évoqué le fait que les fins de mois étaient difficiles et qu’il aurait honte de me voir en vrai tellement il ne pouvait pas m’inviter dans un restaurant à ma hauteur. À chaque fois qu’il parlait de ça, j’essayais de le soutenir, de lui redonner espoir dans sa recherche d’emploi. Je lui donnais des conseils. Et ça venait même de moi, ces discussions, parce que je lui demandais comment se passaient ses journées ou comment il allait, ce qui menait toujours à ce sujet. La première fois qu’il m’a demandé de l’argent, il m’a expliqué que c’était parce qu’il n’avait pas de quoi payer son loyer et qu’il avait peur de devoir retourner vivre chez ses parents. Il a toujours dit qu’il avait 45 ans. On peut imaginer à quel point ça peut être impensable pour un homme de cet âge. Et je ne voulais pas qu’il souffre. Alors j’ai fait un virement. Il n’a même pas été question de prêt. Je pense même que j’ai insisté pour l’aider. Mais ça fait partie de la manipulation. Je ne pouvais pas faire autrement que de vouloir l’aider. Dans ma tête, c’était mon amoureux. Il fallait que je l’aide comme je pouvais. Ce premier virement était de 1500 euros. Après, il y en a eu d’autres. Il avait besoin de s’acheter une tenue pour aller à un entretien d’embauche, il n’avait pas de quoi se payer à manger. Il y avait toujours une raison. Et je payais. Je lui ai donné plus de 4000 euros."

Ça s’est arrêté quand le mari d’Édith se rend compte des virements de son épouse : "C’est mon mari qui a tout arrêté. Il m’a permis de voir la vérité. Cet homme avec qui je parlais et dont j’étais tombée amoureuse ne voulait que mon argent. Et il aurait peut-être continué à m’en demander si je lui en avais laissé l’opportunité. J’ai coupé les ponts avec lui. Je voulais sauver mon mariage. Mon mari m’a pardonné. Il a compris que je ne me sentais pas heureuse et que j’avais été manipulée, alors que j’étais en situation de faiblesse. Depuis, on a équilibré notre relation et on parle plus. Je me sens plus heureuse. Et je lui dis tous les jours que j’ai de la chance d’être avec un homme comme lui."

Quand les sentiments s’en mêlent, il n’est pas si difficile d’être vulnérable jusqu’à la manipulation. Et de plus en plus de personnes ont peur de l’arnaque financière. Est-ce du vol quand on donne son argent de bon coeur ? Et surtout comment en arrive t-on à se faire arnaquer ? Amour et arnaque revient sur ces histoires ou le mensonge et la manipulation se sont invité dans des histoires d’amour et d’amitié.

Si vous aussi vous voulez raconter vos histoires exceptionnelles, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.

A LIRE AUSSI :