"Je voulais prendre la température" : ces ex qui reviennent à la charge en temps de Covid-19
Surveillez vos mails et vos DM sur Instagram. Il se pourrait qu'un ex cherche à vous contacter. Si ce n'est pas déjà fait. Depuis les débuts de la pandémie de coronavirus, beaucoup replongent dans leurs (tendres) souvenirs et tentent de renouer avec un partenaire mis “au frigo”.
Quelques heures après le Nouvel An, Sybille* reçoit une demande d'ami sur Facebook : un ex souhaite prendre de ses nouvelles. Mais très rapidement dans la conversation, une question très personnelle vient sur le tapis : “Il m'a demandé si j'étais toujours avec mon copain. Et ce, seulement après avoir échangé quelques mots, sans aucune transition”. Une approche peu fine aux yeux de la trentenaire, qui n'a vraiment pas la tête à la confidence : “L'homme que j'aime venait de me quitter durant le confinement de novembre, j'étais encore très triste, et le fait que cet ancien ex me recontacte est venu remuer le couteau dans la plaie. Ce n'était pas de lui dont j'aurais aimé recevoir un signe”.
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Ennui, nostalgie, manque sexuel et bilan de vie
Chaque année, au moment des fêtes, de nombreuses personnes recontactent un ancien partenaire. Selon une étude menée par le site de rencontres eHarmony, 1 personne sur 10 (11% sur 4 054 sondés) reçoit des nouvelles de son ex au cours des vacances de Noël. Ce phénomène porte même un nom : le “marleying”, en référence à Jacob Marley, personnage du Conte de Noël de Charles Dickens, dont le fantôme réapparaît au moment du réveillon. Mais cette année, ce grand “come-back” des ex a été d'autant plus observé que nous traversons une crise sanitaire qui bouleverse notre quotidien. “Il y a une ambiance pas très chaleureuse et insécurisante au possible. On peut sentir une forme d'isolement, et avoir l'impression que le futur est bouché. Il est alors tentant de se tourner vers le passé, de retrouver un lien dans lequel on s'est senti en sécurité”, explique la spécialiste des relations amoureuses Véronique Kohn. Et certains n'ont pas attendu les fêtes pour le faire...
Durant le confinement strict, j'ai fait une sorte de remise en question de ma vie privée et professionnelle. Je voulais savoir ce que mon ex devenait et où elle en était.
Sophia*, qui a rompu au mois de février 2020 n'a pas pu s'empêcher de relancer celui qu'elle aimait toujours, lors des premiers jours de confinement : “Je n’avais rien à faire pour m'occuper l'esprit, je repensais donc tout le temps à cette rupture et il me manquait. Sans le confinement, je pense que j'aurais réussi à faire silence radio”. Carlos*, quadragénaire parisien, a lui aussi réécrit à son ex-compagne à la même période dans une toute autre optique : “Je ne dirais pas que j'ai eu envie de retourner avec elle non, mais juste de prendre la température”, avoue-t-il. Comme lui, beaucoup préfèrent actuellement avoir des rapports sexuels avec une personne de leur entourage pré-Covid.
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Une enquête Ifop menée en juin 2020 pour le site Pornhub montre que 25% des personnes ont eu une relation sexuelle avec un ex, ou un partenaire régulier qu’ils fréquentaient déjà avant le confinement. En cause, selon François Kraus – directeur du pôle Genre, sexualités et santé sexuelle à l’Ifop – la difficulté de faire de nouvelles rencontres, mais aussi un désir plus large de sécurité affective et sexuelle.
Retour en pleine pandémie, un timing pas anodin
Derrière l'envie d'intimité de Carlos se cachait aussi une forme de nostalgie de sa relation : “Durant le confinement strict, j'ai fait une sorte de remise en question de ma vie privée et professionnelle. Je voulais savoir ce que mon ex devenait et où elle en était”, tente d'expliquer celui qui explique avoir ressenti des émotions complexes à ce moment-là. “L'esprit a horreur du vide. Les personnes qui se retrouvent face à l'arrêt de leur activité peuvent alors en profiter pour se recentrer, repenser le lien d'avant ou encore faire un bilan de leur vie”, décrypte Véronique Kohn. Pas sûr cependant que leur initiative de reprise de contact soit toujours bien perçue par le ou la destinataire...
J'ai juste eu l'impression d'être un bouche-trou de confinement. Je l'ai trouvé complètement gonflé !
Au beau milieu du mois de mars, Lara, 33 ans, reçoit un message de son ex, un homme qui lui avait brisé le cœur cinq ans plus tôt. “Il m'a expliqué qu'il avait pris le temps de penser à sa vie et à celle que l'on aurait pu avoir ensemble”. Mais loin de se laisser attendrir, la jeune femme a très mal pris ce retour, jugeant le “timing peu sincère” : “J'ai juste eu l'impression d'être un bouche-trou de confinement. Je l'ai trouvé complètement gonflé !”. Sa réponse fut donc sans appel : “Je lui ai dit que j'avais fait le deuil de notre relation et que je ne l'accompagnerais pas pour faire le sien”.
Gare aux interprétations hâtives
S'il est tentant comme Lara* d'envoyer sur les roses un ex par lequel on se sent utilisé, Véronique Kohn tempère : “Il faut voir au cas par cas, mais on ne peut pas tout de suite affirmer qu'une personne revient uniquement par ennui. C'est une projection liée à la souffrance du deuil amoureux. La relation a pu par exemple être inachevée, donc suspendue dans les airs”.
Le mieux à faire si la personne que l'on aime encore refait surface dans cette période trouble de pandémie ? Selon la spécialiste, il faut “tâcher de rester dans la légèreté : on change avec le temps, alors il est bien de laisser venir, d'être dans le plaisir de retrouver quelqu'un qu'on a aimé. Et puis au fil de la discussion, tenter de savoir où elle en est, si des choses ont changé en elle et ce qui la motive à revenir. En bref, ‘ne pas projeter dans le futur les ressentiments du passé’”.
*Les prénoms des témoins ont été modifiés par souci d’anonymat.
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