Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Je ne m'attendais pas à souffrir autant pour mes implants capillaires mais ça valait le coup"
Un peu de botox par-ci, une augmentation mammaire par-là... La chirurgie esthétique est de moins en moins taboue. Ces opérations, longtemps cachées comme un secret honteux, sont désormais promues par les médecins qui les pratiquent comme par certaines stars et influenceurs ou influenceuses qui en ont bénéficié. À travers cette série "Chirurgie esthétique, à la vie à la mort", Yahoo tente de démystifier les raisons qui poussent les personnes à avoir recours à un acte de chirurgie, souvent irréversible, pour changer l'aspect de leur corps. Nous publierons une série de témoignages de personnes pour qui la chirurgie esthétique a changé la vie positivement ou négativement.
Si vous aussi vous voulez témoigner, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : laetitia.reboulleau@gmail.com .
On croit à tort que la chirurgie esthétique est l'apanage des femmes. Peut-être parce que la société patriarcale a fait en sorte que ces dernières soient la cible de commentaires au sujet de leur apparence. Mais les hommes ne sont pas à l'abri des complexes, et l'un des plus connus n'est autre que la calvitie. Selon l'IFOP, 13% des Français souffrent de cette perte de cheveux plus ou moins prononcée. Et plutôt que d'opter pour des toupets, ceux qui pensent ne pas pouvoir assumer le look "crâne rasé" ont tendance à se tourner vers les implants capillaires. La procédure est de plus en plus répandue, et de nombreuses stars ont déjà craqué, de Laurent Baffie à Julie Lepers, en passant par Nicolas Bedos ou encore Jean-Michel Maire.
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Un complexe qui a grandi au fil des années
François a fêté ses 40 ans en 2021, et pour l'occasion, il a décidé de franchir le cap et de s'offrir un petit voyage en Turquie pour se faire poser des implants capillaires. "J'ai commencé à perdre mes cheveux très tôt, alors que je devais avoir 23 ou 24 ans. Ça a commencé sur le dessus du crâne, et comme j'ai la chance de faire 1m93, pendant très longtemps, personne n'a rien vu. Mais à 28 ans, je me rappelle avoir eu droit à un commentaire d'un collègue passé derrière moi alors que j'étais assis à mon bureau. 'Wahou, mais t'as une tonsure de moine !' Ça m'a brisé le coeur."
Au fil des années, la calvitie de François a commencé à s'étendre au niveau du front, des tempes. A 35 ans, il se rase le crâne et se laisse pousser la barbe, mais commence à fuir son reflet dans le miroir. "Je pensais que les réflexions viendraient davantage des femmes tant on dit qu'elles n'aiment pas les chauves. Mais en réalité, les moqueries viennent plus de la part des mecs. Comme s'ils étaient ravis de voir que je souffrais de quelque chose qu'ils avaient évité." Et en dépit de son attitude positive, le trentenaire a commencé à développer un sérieux complexe : "Je m'en suis longtemps voulu d'être complexé par ma calvitie. J'ai conscience d'être un mec relativement normé : grand, mince, musclé. Mais cette zone de mon corps est devenue ma plus grande hantise. Je ne quittais plus mes casquettes et mes bonnets." En 2020, le Covid-19 le force à annuler un grand voyage. C'est à ce moment-là qu'il prend sa décision : "Pour mes 40 ans, plutôt que de partir au Japon, je m'offre des cheveux et je reprends le contrôle de mon apparence."
Des recherches et une décision
A l'origine, François voulait faire appel aux services d'une clinique française. Mais il déchante rapidement en découvrant les prix. "Les devis que j'ai reçus indiquaient des sommes allant de 5 000 à 10 000 euros, selon les prestations. J'ai rapidement compris pourquoi tant de personnes partaient se faire opérer à l'étranger, et j'ai donc contacté une clinique située en Turquie, qui me proposait les mêmes prestations pour seulement 3 000 euros, sans compter le prix de l'avion. La clinique avait de nombreux commentaires positifs, je me suis longuement renseigné, j'ai même pu faire une pré-consultation en visio avec un spécialiste sur place. Ça m'a beaucoup rassuré, et j'ai décidé de sauter le pas. J'ai pris mes billets pour le mois de septembre 2021, car je sais que l'été n'est pas la période idéale pour une opération de la sorte, et le décompte était lancé."
Dans son entourage, tout le monde n'a pas forcément compris sa volonté. "Je ne vais pas vous mentir, j'ai été la cible de quelques moqueries de la part de mes potes, et ma famille n'était pas totalement partante, ma mère avait peur des conséquences, des risques d'infection. Finalement, c'est la nana que je commençais à fréquenter à l'époque qui a été mon plus grand soutien. Même si elle disait "adorer mon crâne d'oeuf", comme elle le disait avec tendresse, elle savait à quel point j'étais complexé. Elle a même décidé de prendre des billets pour m'accompagner, ce que j'ai vraiment apprécié."
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"Je ne m'attendais pas à souffrir autant"
Début septembre, François et sa compagne s'envolent pour Istanbul pour une procédure chirurgicale FUE (extraction par unité folliculaire depuis la zone donneuse vers la zone receveuse). "Cette procédure consiste à extraire des follicules de cheveux à la racine depuis une zone donneuse, à l'arrière du crâne. L'avantage, c'est que cette zone sera rapidement dissimulée par la repousse, et le chirurgien m'a promis que le résultat serait totalement invisible." Grâce à l'anesthésie locale, l'opération est totalement indolore. "Indolore, oui, mais bon sang que c'est long ! Dans mon cas, j'ai passé 8h à subir, j'avais mal partout ailleurs, je ne pouvais pas faire grand-chose à part attendre que ça passe. Un enfer."
La douleur, elle, est arrivée un peu plus tard. "L'avantage de cette technique, c'est que dès le lendemain, je pouvais reprendre le cours de ma vie. Mais vu que je m'étais pas mal renseigné, j'avais prévu le coup, et avec ma nana, on s'était prévu 10 jours de vacances chill. On a bien fait : je ne m'attendais pas à souffrir autant. Dès que les effets de l'anesthésie ont totalement disparu, l'inconfort est vite arrivé, suivi par la douleur et les démangeaisons. Je devais dormir assis pour ne pas appuyer mon crâne et gêner la cicatrisation. Un enfer." Mais pour François, cela valait le coup : "Au bout de 10 jours, les croûtes ont commencé à tomber, et j'ai pu constater que j'avais des petits cheveux sur des zones qui n'en avaient pas vu depuis des mois. J'étais extatique."
Rechute et patience
Un mois plus tard, en revanche, retour à la case départ. François perd ses nouveaux cheveux, sans paniquer pour autant : "Le chirurgien m'avait prévenu. Apparemment, c'est dû à un problème d'apport en oxygène provoqué par la procédure. Mais c'est normal et il ne faut pas s'inquiéter, m'a-t-on dit. Les cheveux tombent, mais pas les bulbes capillaires, qui vont finir de s'enraciner petit à petit." Commence alors une phase de sommeil qui peut durer de quelques semaines à quelques mois. "C'est la partie chiante, car les gens pensent qu'une fois que la greffe est faite, tu vas avoir direct des nouveaux cheveux, comme si tu t'étais fait poser des implants mammaires. Alors quand mes potes me voyaient plus chauve que jamais, ils pensaient que ça n'avait pas marché. Ils m'ont foutu en stress, j'en devenais parano, alors que je sais que, quelle que soit le type de chirurgie plastique, les résultats définitifs mettent du temps à s'installer."
Heureusement, quelques semaines plus tard, la pousse reprend, pour le plus grand plaisir du quadragénaire. "Je suis encore dans la phase d'entre deux. Mes cheveux poussent, mais ils sont très fins et très fragiles. Le résultat final ne sera visible que d'ici 8 mois, mais c'est déjà un vrai kiff de ne plus toucher mon crâne nu. Alors en attendant, je patiente, et je sais que d'ici mes 42 ans, j'aurais de nouveau les cheveux de mes 20 ans, ou presque. Ma copine s'amuse beaucoup à prendre des photos toutes les semaines pour voir l'évolution, et vraiment, ça change tout. C'est un soulagement, et je regrette presque de ne pas avoir franchi le pas avant. J'ai perdu trop d'années à complexer sur ma calvitie." Une conclusion positive, même si le résultat final n'est pas encore tout à fait là.
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