Corinne Masiero sur ses 3 avortements : "Je me suis retrouvée en cloque alors que j’étais sous pilule"
Ce vendredi 1er avril 2022, Corinne Masiero, iconique interprète du Capitaine Marleau, est de retour sur France 2. À l’écran comme dans la vie, la comédienne de 58 ans affiche toujours un franc parler à toute épreuve. Comme lorsqu’elle a choisi de se livrer sans tabou sur les avortements qu’elle a subis.
Corinne Masiero, c’est un tempérament de feu. Une insolence et un phrasé qui bousculent les codes parfois très lisses du métier d’artiste. Oui, comme son rôle dans la série "Capitaine Marleau", Corinne Masiero est une habituée des coups d’éclat, la plupart du temps liés à des engagements forts. C'est aussi pourquoi elle n’a pas hésité à livrer un témoignage particulièrement saisissant sur l’avortement.
Vidéo. Corinne Masiero se confie sur les conséquences des multiples avortements qu'elle a subis
Corinne Masiero sans filtre sur ses avortements
En novembre 2021, le magazine Causette a donné la parole à plusieurs personnalités publiques au sujet de l’IVG. Ainsi a-t-on pu lire les mots d’Anna Mouglalis, Valérie Damidot ou encore Aurore Bergé, Clémentine Autain et Barbara Pravi. Mais aussi ceux de Corinne Masiero. L’actrice qui n’a pas d’enfant a subi trois avortements. Le premier, c’était à ses 15 ans. "Je me suis retrouvée en cloque alors que j’étais sous pilule. J’ai appelé le gars qui m’avait encloquée. Il m’a dit : ‘Fais comme tu veux.’ C’était un peu : ‘Démerde-toi.’ Ça m’a coupé le souffle. Moi, je subissais toute l’angoisse d’avoir un truc en moi qui risquait de grossir et de briser ma vie, sans que j’aie les moyens de l’élever" confiait-elle sans filtre. Et Corinne Masiero a bien fait d’ainsi livrer un témoignage saisissant sur la réalité de l’avortement, qui pèse encore trop souvent sur les épaules des femmes, livrées à elles-mêmes face à un système médical parfois violent.
Cette solitude, l’actrice ne l’a pas oubliée : "Ce dont je me souviens, c’est de l’angoisse au bloc, seule. Après l’intervention, j’ai éclaté en sanglots. Je n’ai pas compris pourquoi, car c’était un soulagement." Quelques années plus tard, alors qu’elle est âgée d’une vingtaine d’années, Corinne Masiero a une nouvelle fois recours à une IVG. Là encore, la solitude et la peur du jugement ont marqué ce moment : "J’étais ni physiquement ni mentalement en état d’éduquer quelqu’un. Je me suis retrouvée dans une pièce avec les autres nanas venues pour la même chose. Je me souviens des regards. De la peur et du mal-être. Cette fois, le personnel médical n’était pas du tout compatissant. C’était à la chaîne…"
"Faut pas écouter la pression du patriarcat"
Le troisième avortement de Corinne Masiero survient lorsqu’elle tombe enceinte d’un homme plus jeune qu’elle. Une histoire d’un soir. "Une fois de plus, je n’ai pas compris : je prenais la pilule. Je n’ai pas eu d’hésitation. […] Mais c’était le moment où j’ai été confrontée à l’idée selon laquelle bientôt je ne pourrais plus avoir d’enfant." La comédienne fait alors part de ses doutes à son médecin. Et les mots de cette dernière, emplis de bienveillance, l’aident à aller de l’avant : "Elle m’a dit : ‘Vous voulez un enfant ?’, ‘Non’, ‘Alors, faut pas écouter la pression du patriarcat, qui veut que vous en ayez !’ C’est grâce à elle que j’ai cessé de culpabiliser."
Là encore, les mots de Corinne Masiero sont particulièrement importants et braquent les projecteurs sur une malheureuse réalité : si l’IVG est une pratique autorisée depuis 1975 et la loi Veil, elle suscite encore et toujours les jugements, non seulement des proches, mais aussi du personnel médical. Certain.e.s praticien.ne.s n’hésitent d’ailleurs pas à aller à l’encontre de leurs devoirs en refusant de la pratiquer. Et ça se passe de nos jours, au 21ème siècle.
Vidéo. Tatiana Silva évoque le tabou de l'IVG
60% des grossesses dans le monde ne sont pas désirées
Le 30 mars 2022, l’ONU a publié un rapport saisissant, où l’on apprend qu’une grossesse sur deux dans le monde n’est pas voulue. 60 % d’entre elles se terminent par un avortement, et sur ces 60 % d’interruption volontaire de grossesse, près de la moitié sont non-médicalisées. 97% de ces avortements non-médicalisés et évidemment dangereux pour la santé des femmes sont pratiqués dans des pays en développement. Selon l’étude de l’ONU, environ 7 millions de femmes dans le monde sont hospitalisées chaque année des suites de ces avortement non-médicalisés.
Après ses trois avortements, Corinne Masiero est plus que jamais engagée. Si elle n’a "à aucun moment regretté" ses décisions, elle déplore le fait d’avoir eu à "gérer le bazar" toute seule. À chaque fois. "Selon moi, ça vient de l’éducation patriarcale et sociétale judéo-chrétienne où on romantise la naissance, la sacro-sainte famille et la maternité" estime-t-elle. En couple avec le directeur d’une troupe de théâtre depuis une vingtaine d’années, la comédienne de 57 ans a depuis longtemps tiré une croix sur la maternité et porte ses engagements haut et fort : "Pour rien au monde je ne ferais un gosse. D’abord, vu la société dans laquelle on vit, que pourrais-je lui dire à part : 'Tu as vu où tu débarques mon chéri, eh bien, démerde-toi !' Et puis surtout, j’aurais trop peur qu’il me ressemble. Et moi, je ne suis pas un cadeau…" confiait-elle en 2018 dans les colonnes du magazine Elle.
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