Le crush à l'épreuve du déconfinement : "On n'aurait jamais tenté ça avec un homme en face. Trop risqué"
Célibataires quand le confinement a commencé, ils et elles ont quand même cherché le réconfort dans la rencontre virtuelle, cherché un soutien au quotidien ou même cherché l'amour. Les personnes qui ont accompagné leur confinement sont devenues de véritables "confi-crushs". Et au déconfinement, le virtuel a laissé la place au réel. Voici l'histoire de leurs rencontres.
Emma est célibataire depuis le mois de décembre et a profité des mois avant le confinement pour faire le point sur sa vie amoureuse, ses échecs mais aussi ses désirs. “Je me remets encore difficilement de certaines de mes relations précédentes... Je pense avoir trouvé mon identité et être plus en accord avec moi-même mais cela ne m'empêche pas d'être en questionnement permanent sur ce que je veux et ce dont j'ai besoin.”
Le manque se faisait sentir
Elle a passé le confinement dans son petit appartement de Lyon, travaillant la semaine et ne sortant qu’une fois de temps en temps pour faire les courses : “Moi qui suis un peu agoraphobe, j'ai pu profiter d'un quotidien loin du stress des transports, de la foule dans les rues, du vacarme des motos qui pétaradent en passant à côté de toi... Donc au global ça a été une bonne expérience pour moi, qui m'a permis de me reposer une fois mon rythme trouvé.”
Mais au bout de deux mois de confinement, le manque de contact humain se fait sentir et Emma s’inscrit, sur les conseils de plusieurs amies, sur une application de rencontres qu’elle n’avait encore jamais testée. Un profil sort du lot : “J'ai contacté Clémence via cette application et nous avons tout de suite accroché. Je l'ai trouvée magnifique sur ses photos et me demandais comment une femme aussi intéressante et belle pouvait m'avoir abordée. Son profil, joliment rédigé, m'a tout de suite plu.”
Entre les deux femmes, les conversations sont simples et naturelles. Elles échangent tous les jours, des mots comme des photos : “On riait beaucoup, la conversation était fluide, nous avions plein de points communs. J'ai aimé sa voix claire, son rire franc, son naturel.” Elles ont de nombreuses passions en commun, partagent les mêmes valeurs progressistes et surtout sont toutes les deux à un tournant de leurs vies : “Nous en étions à un point similaire dans nos vies sentimentales et notre découverte identitaire.”
“Nous avons recouru à la visio”
Emma a peur du fait que la relation à distance puisse mener à une forme d’idéalisation de l’autre. “C'est pour cela que nous avons vite recouru à la visio pour nous faire une idée un peu plus concrète de la personne. Et surtout : nous voulions nous rencontrer très vite pour confirmer ce coup de cœur.” Elles décident donc de se voir dès les premiers jours du déconfinement. Emma trouve que c’est une prise de risque mais accepte de rencontrer Clémence chez elle : “On avait vraiment envie de vivre un gros coup de cœur et ça se sentait.”
C'est comme si après des semaines de sommeil, mon corps se réveillait enfin, et je prenais conscience de ce qui m'avait manqué.
Un temps, c’est le stress qui prédomine : “On était un peu timides comme deux petits oiseaux sur son canapé, c'était bizarre de se voir directement dans le domicile de l'une des deux. On n'aurait jamais tenté ça avec un homme en face, en jugeant ça beaucoup trop risqué. Une situation non conventionnelle et assez abrupte pour un premier rendez-vous qui voulait prendre son temps…” Elles finissent tout de même par se détendre, se mettent à rire ensemble. “On a passé un super moment en prenant l’apéro.” Parce qu’elles ont beaucoup échangé en visio pendant le confinement, Clémence ressemble tout à fait à l’image qu’Emma s’était faite d’elle : “Une charmante jeune femme, pétillante et naturelle. Le teint diaphane, de longues boucles noires qui cascadent sur des créoles dorées, et de grands yeux sombres. Mais elle semble sur la réserve quant à ses émotions.”
Les “câlins-recharge”
Emma et Clémence boivent ensemble une bouteille de rosé, “so cliché pour des filles”. Doucement, les barrières tombent : “Après quelques verres, on s'est embrassées longuement. On a aussi fait de longs hugs post-confinements comme pour se "recharger" d'énergie humaine… C'était doux et très chouette. C'est comme si après des semaines de sommeil, mon corps se réveillait enfin, et je prenais conscience de ce qui m'avait manqué.”
Après ce soir-là, Emma et Clémence se revoient plusieurs fois. Elles font ensemble des promenades au soleil et discutent longuement, voient l’une à côté de l’autre un film chez Emma et continuent ce qu’elles appellent les “câlins-recharge” : “On ne sait pas où on va, ni ce qu'on veut vraiment, mais ça fait du bien de se lancer dans une jolie histoire sans trop y réfléchir ni se presser !”
Juste avant la publication de cet article, Emma m’écrit pour me donner des nouvelles : “Le déconfinement a eu raison de nous, Clémence a fini par me larguer.” Quand je m’inquiète de comment elle se sent, elle précise : “Je n’étais plus trop motivée non plus. Je ne suis pas très émotionnellement investie dans cette histoire donc aucun souci.” Cette rencontre aura certainement eu l’avantage de mettre encore plus Emma sur le chemin d’une meilleure compréhension d’elle-même et de ses désirs pour l’avenir.
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