Différents d’âge - Jean-Pierre, 58 ans et Olga, 26 ans : "Il est décédé assez vite et je me suis retrouvée à gérer sa succession"
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Selon une étude de l’INSEE, 6 hommes sur 10 sont plus âgés que leurs conjointes mais seuls 8% des couples ont plus de 10 ans de différence d’âge. On constate ces dernières années une évolution : l’écart d’âge moyen semble se creuser. Comment vivent ces couples que presque une génération opposent ? Est-il possible de vivre une relation équilibrée quand les deux partenaires ne sont pas au même moment de leurs vies ?
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Olga a 26 ans quand elle rencontre Jean-Pierre, 58 ans : "Je venais de me faire quitter pour une femme plus jeune et je n’avais pas envie de m’engager dans une relation tout de suite. Mais j’ai rencontré Jean-Pierre au travail et je n’ai plus été capable de penser à autre chose qu’à lui. Il m’a plu tout de suite. Je me suis dit qu’en plus, notre différence d’âge était un plus parce qu’il n’y avait aucune raison qu’il me fasse penser à mon ex."
Olga est à ce moment là en recherche d’emploi : "Je travaillais comme hôtesse d’accueil dans un hôtel, c’est là que j’ai rencontré Jean-Pierre, mais je venais d’avoir mon diplôme en psychologie et je cherchais encore où je pourrais m’épanouir et être utile. Je ne voulais pas m’engager à la légère donc je me laissais le temps de trouver en faisant un travail alimentaire. La rencontre avec Jean-Pierre a un peu bousculé ça. Tout de suite, il a voulu m’apporter une stabilité financière pour que je puisse réfléchir à mon avenir. C’est là que je mesure à quel point notre relation a été équilibrée. Quand j’étais jeune, il m’a soutenue et quand il a vieilli c’est moi qui suis devenue son soutien."
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Jean-Pierre tombe malade à l’âge de 67 ans : "On a eu 9 belles années où notre relation a été la plus équilibrée du monde. Je n’ai pas le souvenir d’avoir mal vécu notre différence d’âge. J’ai fini par trouver un poste qui me plaisait et j’ai commencé à m’y épanouir. Lui, a toujours été un pilier de ma vie. Dans les périodes les plus difficiles, il était toujours là pour m’écouter et me conseiller. Je ne me suis posé aucune question quand il est tombé malade. Pour moi, il était évident que je devais m’occuper de lui."
Olga prend une année sabbatique pour soutenir son compagnon : "J’ai passé beaucoup de temps à l’attendre dans des salles d’attente ou à l’hôpital. Il n’était pas toujours en état de rentrer seul donc je voulais être là pour le ramener à la maison. Jean-Pierre n’a jamais eu d’enfant donc j’étais la seule personne qui se souciait de lui. J’ai arrêté de travailler pendant un moment pour aider à son rétablissement et puis quand il est devenu clair qu’il n’irait jamais mieux je voulais être avec lui le plus souvent possible pour accompagner sa fin de vie. Il ne méritait pas de mourir seul. Et je l’aimais tellement que j’ai eu besoin de ce temps aussi pour préparer mon deuil."
Un décès rapide
Jean-Pierre décède 9 mois après le diagnostic de sa maladie : "Il est décédé assez vite et je me suis retrouvée à gérer sa succession. Dès l’annonce de sa maladie, et même s'il ne pensait pas en mourir, il avait insisté pour qu’on se marie à la mairie. Personne n’a été mis au courant à part quelques amis qui ont été nos témoins. Il n’y a pas eu de grande fête, à ce moment-là Jean-Pierre était déjà très affaibli. Mais ça a simplifié les choses au moment de son décès. J’ai mis quelques mois à réussir à vider la maison et à reprendre ma vie. Je n’ai jamais voulu que ça se passe comme ça. C’est au moment du décès de Jean-Pierre que j’ai entendu les premières et les seules critiques sur notre histoire. Il avait une soeur qui m’a dit que j’avais "misé sur le bon cheval" et que maintenant j’allais pouvoir profiter de son argent. Je n’ai jamais pensé une seule seconde à quelque chose comme ça. D’ailleurs, il m’a fallu deux ans pour retrouver l’amour. Je n’y croyais plus. Après lui, je ne voulais plus."
Deux ans après le décès de son mari, Olga tombe amoureuse d’un homme de son âge : "C’est un hasard qu’on ait le même âge. Ce n’est pas quelque chose que j’ai décidé. Il pourrait tout aussi bien tomber malade aussi et que je le perde. Ce que j’ai vécu avec Jean-Pierre m’a fait réaliser de la fragilité de tout ça. On a eu une petite fille ensemble, il y a un an. Je pense que je vais lui parler de ma vie avant elle. Je veux transmettre à quelqu’un le fait que Jean-Pierre était quelqu’un de bien."
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