Emily Ratajkowski a mis du temps à apprécier le sexe, et elle n'est pas la seule
Dans une interview accordée au dernier numéro de Vogue Espagne, Emily Ratajkowski se confie sur le rapport très particulier qu'elle entretient avec sa sexualité. Elle révèle notamment avoir mis du temps à prendre du plaisir. Un discours déculpabilisant qui touche de nombreuses femmes.
Que ce soit à travers son podcast ou encore ses interviews, Emily Ratajkowski parle sans tabou de sexualité. Le mannequin, qui a récemment décidé de renoncer à sa carrière d'actrice, a notamment évoqué sa bisexualité. Mais dans sa dernière interview, accordée à Vogue Espagne, c'est un sujet plus tabou qu'elle évoque : le fait d'avoir découvert le plaisir sexuel sur le tard.
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Des difficultés à atteindre l'orgasme
"Je pense qu'il est important de se rappeler que l'on ne doit rien à personne", affirme-t-elle. "Dans mon cas, j'ai mis longtemps à découvrir que le sexe pouvait être agréable, car je ne comprenais pas comment fonctionnait mon propre corps, ma propre anatomie." Une méconnaissance qui l'a longtemps empêchée d'avoir des orgasmes. Ses propos font écho à ceux tenus par Rachel Bilson, qui expliquait dans le podcast "Broad Ideas" avoir eu son premier orgasme à l'âge de 38 ans, et dénonçait ainsi les injonctions à l'orgasme.
Dans les faits, les difficultés des femmes à prendre du plaisir et à atteindre l'orgasme ne sont pas si rares, en particulier dans les couples hétérosexuels. En 2021, une étude menée par la marque de sextoys We-Vibe révélait que les femmes jouissaient 28,3% moins souvent que les hommes. Par ailleurs, d'après une enquête réalisée par l'application contraceptive Natural Cycles, c'est à partir de 36 ans que les femmes commencent à véritablement prendre le contrôle de leur plaisir, avec des orgasmes plus réguliers et de meilleure qualité.
"Mon ex pensait que j'étais frigide, je croyais être asexuelle"
Le discours d'Emily Ratajkowski rappelle un point important : pour prendre du plaisir, il faut parfois être égoïste et se concentrer sur son propre ressenti, apprendre à connaître ses sensations. Or, les femmes sont plutôt conditionnées à donner du plaisir à l'autre, ce qui peut les empêcher d'atteindre l'orgasme. C'est le constat dressé par Isabelle, 31 ans : "J'ai été mariée jeune, à 22 ans. Je suis restée 10 ans avec mon ex-mari avant notre divorce, il y a deux ans. Il a été mon premier partenaire, et c'est depuis notre séparation que j'ai découvert le plaisir sexuel."
La trentenaire explique : "Mon manque de libido m'a beaucoup été reproché par mon ex, qui disait que j'étais frigide. Je n'avais jamais envie de faire l'amour, mais je me forçais de temps en temps pour lui faire plaisir, et c'était à sa manière, selon ses envies. Je n'ai jamais eu droit à un cunni, par exemple. J'ai découvert tout ça avec mon nouveau partenaire, et ça a été une révélation. Moi qui pensais être asexuelle, je découvre qu'en fait, c'est juste du mauvais sexe qui m'a privé de mon désir pendant toutes ces années."
"C'est le lesbianisme qui m'a libérée"
Jenna avait quant à elle 26 ans lorsqu'elle a commencé à prendre du plaisir au lit. "Il y a deux ans, après avoir été dégoûtée des mecs, j'ai décidé de devenir lesbienne politique, et de ne plus relationner avec des hommes. À l'époque, je savais que j'étais aussi attirée par les femmes, mais je n'avais jamais couché avec l'une d'entre elle. Ça a été une véritable révélation pour moi. La douceur, le plaisir... L'opposée de ce que j'avais vécu avec des mecs, où je trouvais les rapports très brutaux."
Aujourd'hui, la jeune femme n'a pas encore trouvé l'amour dans les bras d'une femme, mais elle a trouvé le plaisir dans celui de ses partenaires. "Le lesbianisme m'a libérée des contraintes et de la façon dont je voyais la sexualité. Plus de charge mentale contraceptive, moins d'attentes concernant l'épilation, le physique, la performance... Autant de petites choses qui me permettent de me concentrer sur les sensations et sur le plaisir." Jenna s'interroge toutefois : "Je me demande si, maintenant que je connais tout ça, je serais capable de prendre du plaisir avec un homme. Mais la vérité, c'est que je n'ai pas envie de risquer d'être déçue, alors que c'est toujours génial avec des femmes."
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"J'ai découvert le plaisir en dominant mon mec"
Jenna n'a pas tort en rappelant que les rapports de domination au sein du couple, et en particulier du couple hétéro, peuvent avoir un impact sur le plaisir. "J'ai toujours été dans des dynamiques où le mec était dominant, la nana dominée", regrette Eléonore, 36 ans. "Je prenais du plaisir, j'étais persuadée d'avoir des orgasmes, mais ce n'était rien en comparaison avec ce que j'ai ressenti la première fois que j'ai dominé mon compagnon."
La jeune femme raconte avoir inversé les rôles "pour délirer", et ne s'attendait pas à autant aimer ça. "Au début, j'ai pensé que l'aspect jouissif venait du fait d'avoir pu l'insulter, de pouvoir prendre les commandes pour la première fois. Mais on a renouvelé l'expérience, vu que lui aussi a adoré, et on a découvert à quel point les rapports normés nous avaient mis des barrières." Aujourd'hui, le couple se considère comme "switch" : "On alterne entre domination et soumission selon nos envies, et on a jamais pris autant de plaisir. C'est assez impressionnant de voir à quel point on peut kiffer quand on oublie les carcans de la société."
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