Ces femmes ont fait appel à des escorts : "C'était un petit fantasme que d'avoir une relation tarifée"
Si ce sont les hommes qui sont majoritairement clients du travail du sexe, de plus en plus de femmes n'hésitent plus à assumer d'y avoir recours. Plusieurs d'entre elles ont fait appel à des escort-boys au cours de leur vie. Elles ont accepté de nous raconter leurs histoires.
Selon les sociologues Nathalie Bajos et Michel Bozon, auteurs de l'Enquête sur la sexualité en France : "Le recours à la prostitution n'est pas en voie de recul chez les hommes. Au total, 3,1% des hommes ont eu (au moins) un rapport sexuel payant dans les cinq dernières années. Et 18,1% ont eu recours à la prostitution (au moins une fois) dans leur vie." En parallèle, selon les chiffres du Mouvement du Nid, qui souhaite abolir la prostitution et le travail du sexe, seule 0,6% de femme déclare avoir eu recours à la prostitution.
L'image des femmes ayant recours aux services d'un travailleur du sexe est celle mise en avant par la pop culture : celles de femmes riches, généralement matures, en quête de compagnie. Mais qu'en est-il vraiment ? Pour le savoir, nous sommes partis à la rencontre de femmes, clientes occasionnelles ou régulières d'escort-boys.
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"C'est cliché, mais j'avais besoin d'être accompagnée à une soirée"
La nouvelle génération est considérée comme plus ouverte vis-à-vis du travail du sexe. La démocratisation d'OnlyFans, des plateformes de caméra et de la pornographie éthique, ainsi que le travail éducatif de nombreux travailleurs et nombreuses travailleuses du sexe, ont permis une libération des mœurs. Et c'est comme ça que Géraldine*, 24 ans, s'est retrouvée à faire appel à un escort-boy il y a quelques mois.
"C'est hyper cliché ce que je raconte, mais je travaille dans le domaine du luxe. J'étais partie à Londres dans le cadre de la Fashion Week, et à l'origine, mon compagnon devait venir avec moi. On devait assister à une grande soirée huppée, avec de grands noms de la mode, mais il m'a quittée peu avant le départ. Je ne voulais pas y aller seule, et je savais qu'un acteur porno que j'appréciais beaucoup vivait à Londres, et proposait des services de "boyfriend experience", c'est-à-dire de relation – sexuelle ou non – qui imite une relation amoureuse, mais tarifée."
La jeune femme décide de le contacter, et lui demande s'il accepterait de se faire passer pour son compagnon, le temps d'une soirée, moyennant finances. "Il a dit oui tout de suite. On est allé faire du shopping ensemble, je lui ai offert une tenue à porter, et on a fait connaissance autour d'un café. Il était charmant, attentif. Lors de la soirée, il m'a bluffée de sa connaissance du domaine, et comme il parlait anglais à la perfection, il s'est naturellement fondu dans la masse, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Un vrai caméléon, c'était fascinant." Finalement, Géraldine et son partenaire d'un soir n'ont pas couché ensemble. "Ce n'était pas ce que je recherchais, mais ça ne m'a pas empêchée de passer une excellente soirée. J'ai déboursé plus de 2000 euros, donc je ne le ferai pas à chaque fois, mais je pourrai bien renouveler l'expérience."
"On cherchait un partenaire pour un plan à trois"
Parfois, ce sont des couples qui font appel aux services d'un ou d'une travailleuse du sexe. En l'occurrence, Maxime* et Elise* l'ont fait pour réaliser un de leurs fantasmes : un plan à trois. "On avait pas nécessairement envie de faire ça avec un de nos potes, ni avec un inconnu rencontré sur une application de rencontre", explique le jeune homme, âgé de 32 ans.
"C'est moi qui ai proposé, un peu pour blaguer, de faire appel à un escort", confirme sa compagne, 29 ans. "Sur le coup, je plaisantais à moitié, mais Maxime a trouvé l'idée intéressante. Lui qui n'avait jamais couché avec un mec aimait l'idée de découvrir ça avec un professionnel, et moi, je dois avouer que c'était un petit fantasme que d'avoir une relation tarifée. J'ai connu tellement de mecs qui voulaient me traiter de pute pendant le sexe que j'avais envie d'inverser la dynamique."
Finalement, c'est grâce à Onlyfans que le couple a trouvé son bonheur. "On a longtemps pris le temps de discuter avec la personne qu'on avait choisie, pour s'assurer que l'expérience se passe au mieux. Ce n'était peut-être pas très spontané, mais au moins, il n'y a pas eu de gêne. C'est une petite parenthèse qu'on s'est offerte, sans prise de tête", concluent les deux amoureux.
"Je voulais un coup d'un soir, mais sans pression"
L'histoire de Maëva est quelque peu différente. Mariée pendant 15 ans, cette trentenaire s'est retrouvée célibataire, et un peu perdue. "Quand mon mari m'a quittée, je n'avais connu que lui. J'avais peu confiance en moi, envie de faire l'amour, mais peur des rencontres, des applications, de ne plus pouvoir séduire. C'est triste à en pleurer, non ?"
Une de ses amies lui suggère alors de faire appel à un escort, et sa première réaction a été de s'offusquer : "Je trouvais ça choquant, j'avais cette image un peu clichée de la prostitution, et je me voyais mal aller naviguer en voiture dans le bois de Boulogne... Quand elle m'a expliqué qu'il y avait des sites ultra-sécurisés, j'étais très étonnée." Maëva a longtemps hésité, s'est renseignée, avant de se lancer. "Je me suis dit que c'était la meilleure option pour avoir un coup d'un soir sans pression, et pour ne pas avoir à me justifier si je ne voulais plus à la dernière minute."
Après avoir trouvé un partenaire d'un soir, elle a donc franchi le cap, sans le moindre regret aujourd'hui. "Ce n'était ni glauque, ni gênant, juste un peu bizarre. Au moins, ça m'a permis de remonter en selle. Je ne recommencerai pas, mais je pense que je pourrais recommander l'expérience."
* Pour des raisons d'anonymat, les prénoms ont été changés.
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