Et si on arrêtait de se moquer de "l'orteil de chameau" ?

Cropped shot of a plus size woman in lingerie in studio. Chubby female looking at her underwear against white background.
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Cachez cette vulve que je ne saurais voir. Parmi les nombreuses sources de complexe chez les femmes, le "camel toe shaming" est l'une des plus insidieuses. Oui, lorsque l'on porte des vêtements moulants, la vulve peut se dessiner à travers ces derniers, gagnant le surnom peu flatteur "d'orteil de chameau". Et tous les moyens sont bons pour "camoufler" cette apparition disgracieuse. Et si on lâchait un peu la grappe à nos vulves, pour changer ?

Sur les réseaux sociaux, les internautes ne se lassent pas des challenges photo et vidéo autour du jogging gris. Ce vêtement, qui peut paraître anodin, a le don de mettre en valeur l'anatomie masculine par effet de lumière : il moule discrètement le pénis et le laisse apparaître sans le montrer, histoire d'allumer sans dévoiler. Mais si les hommes qui dévoilent de la sorte leur intimité sont mis en avant, félicités, complimentés, ce n'est pas le cas des femmes. Car le pendant féminin de ce pénis qui se dévoile serait le camel toe, aussi appelé orteil de chameau. Ce surnom peu flatteur est donné à une vulve qui se dessine à travers les vêtements, et les personnes qui la laissent apparaître sont enjointes de le cacher, par tous les moyens possibles.

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La phobie de l'orteil de chameau

Combien de fois, face à son miroir, des femmes n'ont-elles pas renoncé à porter un vêtement qui moulait un peu trop leur vulve ? Du jean slim au legging en passant par le mini-short, tous les vêtements moulants au niveau de l'entre-cuisse peuvent potentiellement mouler le pubis, et donc dévoiler la forme des lèvres. Pour éviter cela, toutes les astuces sont bonnes : tee-shirts longs, jupes et robes, vêtements un peu larges... Au Japon, il existe carrément des sous-vêtements spéciaux, rembourrés à des endroits stratégiques, de manière à "lisser" l'apparence des lèvres et à dissimuler le fameux orteil de chameau. Les Etats-Unis, eux, ont le Cuchini, une protection anti camel toe dont l'utilisation a même été vantée dans L'Incroyable Famille Kardashian. D'ailleurs, on ne compte plus les "expertes" en apparence qui donnent des conseils pour camoufler cette zone de l'anatomie. Il existe même des tutos en ligne : une sacrée énergie dépensée pour dissimuler la vulve... Et créer par l'occasion un nouveau complexe féminin.

Pas de vulve ni de tétons : le corps féminin sous bonne garde

Bien sûr, l'idée n'est pas d'exposer sa vulve dénudée à la vue de tout le monde : il s'agirait dans ce cadre d'une exhibition sexuelle, qui est réprimandée par la loi. Mais est-il interdit de porter des vêtements qui pourraient mouler ces parties génitales ? La réponse est non, et seuls la fashion police et le patriarcat semblent estimer qu'il faut les cacher. La vulve est considérée comme une zone indécente, qui n’a pas lieu d’apparaître, même lorsqu'elle n'est que devinée à travers les vêtements. Cela vous rappelle quelque chose ? Eh oui, les tétons apparents. Dans la vraie vie, il n'y a pas qu'Instagram qui censure les tétons : de nombreuses personnes estiment que toutes les femmes devraient porter des soutiens-gorges pour ne pas avoir les tétons qui pointent à travers un tee-shirt. Cachez ce sein que je ne saurais voir, ni même deviner, en somme. Et pour la vulve ? C'est exactement le même combat.

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Car au-delà des conseils mode pour dissimuler cet orteil de chameau, il y a un raccourci facile à faire : si votre vulve se devine à travers les vêtements, c'est qu'elle n'est pas "normale". Les anti-camel toe sont en effet les premiers à affirmer que ce dernier est généralement l'apanage des personnes qui ont de grandes lèvres, tapant ainsi sur un complexe bien fréquent. On ne compte en effet plus les femmes qui ont honte de l'apparence de leur vulve, sous prétexte qu'elle ne ressemble pas à celles que l'on peut voir dans le porno mainstream. La preuve, les labioplasties sont plus populaires que jamais. Selon les derniers chiffres de la Société internationale de chirurgie esthétique, en 2015, 95 000 femmes à travers le monde ont eu recours à ce type de procédure.

Aujourd'hui, heureusement, les mouvements body-posi et sex-posi entraînent les gens à mieux accepter leur corps et à oublier les diktats que la société essaye de nous imposer. Même la publicité s'y met, avec notamment le concept Vive la vulve de Nana, qui a choqué tant de personnes il y a quelques mois. Il est essentiel de le rappeler : toutes les vulves sont belles. Et le fait de se moquer des orteils de chameau n'est qu'un moyen de plus de culpabiliser les femmes d'avoir un corps et de vouloir le montrer.

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