Devant un plateau de sushis ou en haut d'un téléphérique, ces femmes ont demandé leur compagnon en mariage
Certains les croient trop impatientes pour attendre que leur homme mette le genou à terre. Ou encore trop angoissées à l'idée de ne jamais se faire passer la bague au doigt. Et si la démarche des femmes qui demandent la main de leur compagnon, allait bien au-delà d'un simple besoin de précipiter les événements ?
A 23 ans, Sarah est en couple avec Bastien depuis 3 ans et demi, et a la certitude qu'ils feront leur vie ensemble. Un jour, alors qu'elle parle du mariage d'une connaissance avec une amie, elle a un déclic et se projette : "Je me suis rendu compte que j’avais des goûts très simples et qu’on n’aurait pas nécessairement besoin d’un gros budget pour avoir une fête à notre image". En quelques jours seulement, l'idée fait son chemin : "C'était devenu une obsession. Je préférais lui faire une demande maintenant, avec pour seule motivation l'amour, plutôt qu’attendre de se marier par convention, parce que c’est ce qu’on fait autour de 30 ans, pour tout un tas d’autres raisons".
Une semaine après, le fameux Bastien se voyait proposer une chasse aux trésors surprise. Une mise en scène que Sarah a voulue très originale et travaillée : "J’ai sollicité sa bande de copains. Il avait officiellement rendez-vous en ville avec l’un d’entre eux. Quand il l’a retrouvé, son pote lui a donné une énigme qui menait à un autre endroit, où un autre pote attendait etc, et ce jusqu’en bas du téléphérique de Grenoble. Là, toutes les copines de ses potes lui ont remis son billet, et il m'a rejointe en haut de la Bastille, un site qui domine toute la ville". Très surpris, Bastien lui a alors dit oui, dans un grand éclat de rire. Une réaction compréhensible lorsque l'on connaît la faible probabilité qu'une telle aventure lui arrive en tant qu'homme.
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Les femmes adhèrent à l'idée, mais osent peu
Une étude américaine de Associated Press-WE datée de 2016 a en effet révélé que seules 5% des demandes en mariage chez les couples hétérosexuels sont faites par la femme. Et même si ce chiffre serait en augmentation au fil des ans, cette configuration reste marginale. "Les gens qui se marient sont dans l'ensemble plus conservateurs et/ou religieux que les autres, donc ce n'est pas étonnant que les rôles féminins et masculins soient très importants pour eux, même s'ils sont traversés d'intentions égalitaires au sein du couple", explique à ce sujet Florence Maillochon, directrice de recherche au CNRS et auteure de l'ouvrage La passion du mariage.
Paradoxalement, les femmes se disant capables de demander la main de leur homme sont nombreuses. "Je suis féministe et j'adore l'idée de casser les codes, par amour bien sûr mais aussi pour montrer que les temps ont changé, pour marquer les esprits au fer rouge", confie Karine, 34 ans. "C'est un truc que je pourrais faire, si je n'étais pas sûre qu'il me dirait non !", sourit Marion, 35 ans. L'étude d'une agence événementielle britannique a ainsi dévoilé que plus d'une femme sur deux assumeraient cet acte romantique. La plupart d'entre elles choisiraient pour ce faire le jour de la Saint-Valentin, mais surtout le 29 février en référence à une vieille tradition irlandaise. Depuis des siècles, ce "Leap day" qui a lieu tous les quatre ans, "autorise" les femmes d'Outre-Manche à formuler des demandes en mariage lorsque leur partenaire est trop craintif pour le faire.
On n'est jamais mieux servi que par soi-même
Si elle n'a pas attendu l'année bissextile ni traversé les frontières, Léa, 26 ans, a sauté le pas en partie pour ces raisons : "Yoann se faisait tout un monde pour la demande en mariage", raconte celle qui a souhaité lui épargner la pression de la demande parfaite. "Il a été extrêmement surpris sur le moment car pris de court ! […] Notre entourage aussi. D'ailleurs spontanément, tout le monde se tournait vers lui pour lui demander comment il a fait sa demande. Au final a été très content et soulagé que ce soit moi qui l’ait faite". Pas de réticence donc chez le jeune homme, mais tout de même un inconfort passager : "Durant les deux jours suivants la demande, il a culpabilisé en se demandant s’il avait été à la hauteur de son rôle. Il pensait que j’aurais préféré qu’il me la fasse. Mais en le rassurant, il a réussi à passer au-delà".
Dans le cas des hommes aussi, l'ambivalence est de mise. Si plus de 3 hommes sur 4 affirment qu'ils seraient heureux que la femme prenne la responsabilité, beaucoup se sentent décontenancés lorsqu'une telle chose leur arrive. Surtout lorsqu'ils voient derrière cette initiative un manque de confiance en leur capacité de les surprendre. Ce qui est parfois avéré : "L'une des raisons qui peut pousser la femme à prendre la demande en charge est sa volonté que ce soit un moment bien organisé, qui sorte de l'ordinaire, qui puisse être raconté et passer à la postérité", confirme Florence Maillochon. Et pour ce faire, certaines jugent qu'elles ne seront jamais mieux servies que par elles-mêmes...
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Mais cela ne vaut pas pour celles qui, comme Ellen, n'ont pas particulièrement fantasmé le moment. A 30 ans, la Parisienne demande la main de celui qu'elle aime depuis sept ans, sans même avoir évoqué le sujet au préalable. "On peut dire que je me suis jetée à l'eau. En même temps, pour être honnête je ne l'ai pas vécu comme une prise de risque car le mariage n'a jamais été un objectif". Pour elle, pas de volonté de contrôler les événements pour qu'ils soient à la hauteur de ses attentes, mais juste une envie de célébrer leur amour et de s'engager : "J'étais prête à porter une alliance et j'aimais aussi l'idée de la fête".
La mise en scène était à l'image de ses intentions, simple : J'avais proposé notre restaurant japonais habituel, un restaurant de quartier, rien d'extraordinaire. Mais ce qui aurait pu lui mettre la puce à l'oreille, c'est que j'ai proposé de commander "le grand bateau" des grandes occasions. Une fois déposé sur la table, j'ai dit : "J'ai quelque chose à te demander". Il m'a demandé si je voulais qu'on mette le grand bateau dans l'autre sens (les makis et california rolls - mes préférés - étaient de son côté)". Ellen répond par la négative et formule sa demande calmement. "Dans un premier moment, il a fait une drôle de tête. Et puis, quand je lui ai demandé si cela l'embêtait, il m'a répondu : 'Cela m'enchante'..."