Halte à l'impunité des pédocriminels : la chronique de Marina Carrère d'Encausse
Journaliste, docteure en médecine, créatrice du « Magazine de la santé » sur France 5, Marina Carrère d'Encausse chronique chaque mois pour Version Femina l'actualité de la santé.
Le livre de Camille Kouchner la Familia grande (parution le 07 janvier 2021), dans lequel elle accuse son beau-père de viols sur son jumeau, a suscité une libération de la parole des victimes et remis à l'ordre du jour la question de l'imprescriptibilité de ces crimes. Depuis le 3 août 2018, une victime de viol mineure a trente ans, après sa majorité, pour engager une action. Mais de nombreux spécialistes* des violences sexuelles envers les enfants, et notamment des crimes d'inceste, réclament d'aller plus loin, jusqu'à l'imprescriptibilité.
Deux raisons à cela. Les pédocriminels font souvent des victimes d'année en année, de génération en génération. S'ils sévissent durant quarante ans, ils ne seront jugés que sur les faits non prescrits. Ainsi, des victimes, hors délai, ne pourront accéder à un procès, même si ce sont elles qui ont dénoncé leur violeur et permis son arrestation. Porter plainte, quelle que soit la date de l'agression, c'est permettre aux enquêteurs de rechercher de nouvelles victimes. Poursuivre ces auteurs, quel que soit le temps écoulé depuis l'agression, est essentiel pour une égalité entre les victimes mais aussi pour en éviter d'autres. Cette demande est aussi justifiée par le temps nécessaire aux victimes pour parler.
La violence de l'agression, le fait que le violeur soit un proche, à l'origine d'emprise, de culpabilité, de pressions, de déni familial, empêche longtemps la dénonciation du crime...