Ils sont devenus végans, et cela a impacté leur couple

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Ces couples se sont formés entre deux personnes omnivores, avant que l'une ne se tourne vers le végétarisme ou le véganisme. Ils nous racontent comme ce changement a mis en branle l'équilibre de leur couple, et comment ils ont (ou non) réussi à s'ajuster pour que leur quotidien à deux reste possible.

Lorsqu'elle est devenue végan au bout de deux ans de concubinage, Anne-Sophie ne s'est plus sentie capable de cuisiner la viande et le poisson. Même si elle tenait à laisser son compagnon libre de manger comme il l'entendait, la jeune femme s'est montrée catégorique avec lui : alors que depuis le début de leur relation c'était elle qui préparait les repas pour les deux, il devait à présenter “se débrouiller” seul s'il souhaitait manger carné.

Mais au bout d'un an, celle qui est à l’origine du blog Le carnet d’Anne-So a réalisé qu'elle ne supportait plus du tout l'odeur... Un nouvel ajustement s'imposait : “Nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'il mangerait de la viande ou du poisson à l'extérieur, mais plus à la maison ou alors seulement quand je n'étais pas là”, explique-t-elle.

“L’important est de ne pas vouloir changer l’autre”

Depuis, tout semble fonctionner comme sur des roulettes pour ce couple qui a su trouver un terrain d'entente. “Tant qu'il y a respect des deux côtés, une bonne communication et une volonté d'adaptation, cela peut très bien fonctionner ! L'important étant de ne pas vouloir changer l'autre et d'entendre ses besoins...”.

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Vouloir convertir l'autre à ses propres convictions, voilà l'écueil dans lequel tombent certains néo-végétariens ou néo-végans. Gabriel se souvient ainsi avoir vu son partenaire devenir très intolérant, au moment de son entrée dans le végétarisme. “Il faisait des crises de colère et vérifiait toujours mon congélateur et mon réfrigérateur […] Et me reprochait même de donner du poisson à mon chat !”, confie celui qui dit pourtant avoir fait l'effort de manger comme lui. Heureusement, Gabriel n'en a pas fait une généralité. Il a d'ailleurs refait sa vie avec un végan, bien plus ouvert d'esprit, qui lui “prépare même [son] hamburger à la viande et au fromage”. Avec du recul, il déplore que son ex ne soit pas seulement devenu végétarien mais aussi “raciste contre les non-végétariens”.

Afin de ne pas tomber dans ce travers, Marie - végétarienne - suggère d’exprimer son ressenti, sans jamais accuser. “Plutôt que d’agresser son conjoint comme je peux le lire sur certains groupes, en lui balançant une casserole et en lui disant de se faire à bouffer lui-même [...] Pourquoi ne pas lui dire que le fait même de cuisiner de la viande nous met très mal à l’aise, que nous ressentons du dégoût et que nous en souffrons ?”.

Des réflexions désagréables de chaque côté

Le manque de compréhension s'observe malheureusement des deux côtés. Les omnivores qui assistent à l'entrée dans le végétarisme ou le véganisme de leur moitié, se rendent aussi parfois coupables de réactions d'intolérance. Végan, Mika se souvient des réflexions désobligeantes de son ex-petit ami, qui se rapprochaient dangereusement du harcèlement : “Plusieurs fois par jour, il me regardait en me disant ‘hummm bacon’ [en référence à l'une des phrases typiques d'Homer dans la série Les Simpson, ndlr.]. Tu ne sais pas ce que tu rates”, et me faisait des réflexions sur les herbes qui souffraient quand je marchais sur du gazon. C'était vraiment pathétique !”, explique-t-elle. Loin de la soutenir, le jeune homme lui prédisait même un avenir sombre, prétendant qu'elle finirait à l'hôpital comme son ex, elle aussi végan.

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Sans grande surprise, leur couple n'a pas résisté. Mais cinq ans plus tard, l’auteure de La Secte Vegan rencontre un omnivore curieux avec lequel le courant passe bien mieux : “Il m'a posé quelques questions sur la production des œufs, du lait et de la viande, puis il a fait ses propres recherches. Un mois après s'être mis ensemble, il m'a dit qu'il voulait devenir à son tour végan”. Une démarche qu'il aura donc choisie de faire de son plein gré, sans aucune pression de la part de sa petite amie...

1 Français sur 5 ne s’imagine pas en couple avec une personne au régime alimentaire différent

Aujourd'hui, Mika l'avoue volontiers, elle ne sait pas si cette nouvelle histoire aurait pu durer sans l'adhésion de son compagnon à son mode d’alimentation : “Je sais qu’à long terme, cela aurait pu créer des conflits. Vivre avec une personne végétarienne, ça passe, mais ouvrir le frigo et se retrouver avec de la viande partout, non !”. Comme elle, 1 Français sur 5 affirme ne pas pouvoir s’imaginer en couple avec une personne au régime alimentaire différent du sien, selon une récente étude de l'Ifop. Le chiffre est encore plus important chez les grands amateurs de viande. Un tiers d'entre eux auraient en effet du mal à envisager leur vie avec des personnes non carnivores.

“J'aurais envie de partager avec ma copine les gros kiffes culinaires que je me fais ! Partager le même plaisir gustatif, c’est en quelque sorte partager une intimité”, explique Augustin, l'un d'entre eux. “Cela me ferait bizarre de vivre avec une fille et de ne pas vraiment pouvoir cuisiner avec elle. Ce sont tout de même des moments précieux de complicité”. Si certains de nos témoins nous ont démontré que l'épreuve était surmontable, il semblerait que pour beaucoup, le partage d'une même nourriture soit nécessaire au développement d'un fort lien émotionnel. À la compatibilité de caractère et sexuelle, doit donc bien souvent s’ajouter la compatibilité dans l’assiette.

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