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Journée mondiale de la ménopause : "Personne ne s'attend à être ménopausée à 25 ans"

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© Getty Images

La journée mondiale de la ménopause se déroulera le 18 octobre prochain, et comme chaque année, c'est l'occasion de lever le voile sur cette étape importante qui concerne toutes les personnes réglées au cours de leur vie. Mais c'est aussi l'occasion de parler de certains aspects moins connus de ce phénomène, comme la ménopause précoce. Rare, elle représente une véritable épreuve pour les personnes concernées.

"À 25 ans, je pensais avoir la vie devant moi pour avoir des enfants. Comme tout le monde, d'ailleurs, non ?" Cette année 2020 a été compliquée à plus d'un titre pour Camille aujourd'hui âgée de 26 ans. Outre la crise sanitaire, le confinement et le chômage partiel qu'elle subit depuis plusieurs mois, cette projectionniste a fait une découverte au début de l'année : elle fait partie des 1,9 % des personnes concernées par l'insuffisance ovarienne prématurée, ou IOP, un problème médical souvent comparé à la ménopause précoce, qui survient avant 40 ans.

"Au début, je pensais être enceinte"

La ménopause est pour bon nombre de personnes considérée comme une délivrance, en un sens. Finies les règles, la corvée des tampons et des serviettes, la charge mentale liée à la prise d'une contraception. Une délivrance pas toujours facile à gérer, cependant, puisque la ménopause s'associe à des changements hormonaux qui entraînent toutes sortes de problèmes : bouffées de chaleur, insomnie, fatigue, irritabilité, nausées, sécheresse vaginale, prise de poids... Autant de symptômes vraiment pesants au quotidien.

Et ces symptômes, Camille ne s'attendait pas à les expérimenter à son âge. Du moins, pas dans ce cadre-là. "J'ai commencé à me poser des questions quand j'ai vu que mes règles avaient du retard. Après un test de grossesse négatif, j'ai commencé à avoir des nausées, des bouffées de chaleur. Nouveau test, nouveau résultat négatif, mais toujours les mêmes symptômes : j'ai pris rendez-vous chez ma gynéco pour faire le point. Pour moi, c'était une évidence : je pensais être enceinte. Il faut dire qu'avec mon compagnon, on venait de se décider, j'avais arrêté la pilule... Bref, le timing semblait concorder."

Mais face à sa gynécologue, la jeune femme tombe des nues. Non, il ne s'agit pas d'une grossesse, ni même d'une fausse couche. "Quand elle a prononcé les mots 'ménopause précoce', je n'y ai pas cru. Pour moi, la ménopause, c'était un truc de vieilles, et j'avais au moins 20 ans devant moi pour avoir des enfants, au moins. Personne ne s'attend à être ménopausée à 25 ans."

"J'ai l'impression d'avoir un corps de vieille femme"

Car oui, dans la pensée collective, la ménopause n'arrive que passés 45 ans. Parfois, elle survient un peu plus tôt, dès 40 ans. On parle alors de ménopause précoce. Le cas de Camille, lui, est encore plus rare. Il s'agit ici en réalité d'un cas d'insuffisance ovarienne prématurée, une pathologie souvent comparée à la ménopause précoce, mais qui en réalité peu subvenir dans de nombreuses situations : un traitement par radiothérapie ou chimiothérapie, une anomalie génétique, une maladie auto-immune, une cause virale... Ou encore, comme dans le cas de Camille, une cause inconnue : dans 80% des IOP, la cause reste en effet idiopathique.

Il n'existe pas de traitement, pas de solution miracle. La seule chose à faire pour la jeune femme est de compenser les symptômes et limiter le risque de complications cardiovasculaires et osseuses dus à la carence en œstrogènes, avec un traitement hormonal de substitution qu'elle va devoir prendre toute sa vie. "J'ai l'impression d'avoir un corps de vieille femme alors que je n'ai que 26 ans. Les bouffées de chaleurs, la sécheresse vaginale, les risques de me casser le col du fémur parce que du coup, je manque de calcium et mes os sont plus fragiles... Cela signifie qu'à 26 ans, je dois faire attention à tout, même à des choses assez anodines, comme le fait de faire du ski, parce qu'une chute risque d'être bien plus grave pour moi que pour mes copines."

Mais le plus dur, ce sont les injonctions à la maternité que la jeune femme subit, comme toutes les autres femmes en âge d'avoir un enfant. "'Et le bébé, c'est pour quand ?' Cette question me sort par les oreilles et me donne envie de pleurer. Au début, je ne voulais pas évoquer la situation avec mes proches, je voulais avoir le temps de processer ça avec mon mec. Mais dès les premières bouffées de chaleur en public, les premiers kilos pris, j'ai eu droit à des regards de connivence. Le pire, c'est que les gens ne comprennent pas. Quand je leur dis que je suis ménopausée, ils pensent que je me moque d'eux. Les gens ne réalisent pas quelle souffrance cela peut être de se sentir défaillante, comme c'est mon cas."

Si Camille décide d'avoir un enfant un jour, elle devra passer par l'adoption ou par une FIV. Mais pour l'instant, elle préfère ne pas y penser. "Ma priorité, c'est d'apprendre à vivre avec mon corps tel qu'il est, avec ses défaillances, et de réapprendre à l'aimer. Pour la suite, on verra. Pour l'instant, ma priorité, c'est moi."

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