Kat Torres, une influenceuse brésilienne condamnée pour "esclavage" et "traite d'êtres humains" : derrière le conte de fées, une affaire macabre

Kat Torres, une influenceuse et mannequin née au Brésil, a été condamnée à huit ans de prison pour "esclavage" et "traite d'êtres humains"

Kat Torres, une influenceuse brésilienne condamnée pour
Kat Torres, une influenceuse brésilienne condamnée pour "esclavage" et "traite d'êtres humains" : derrière le conte de fées, une affaire macabre. (Photo by Mark Davis/Getty Images for TAGS)

Derrière sa chevelure dorée et sa vie de rêve se cachait un cauchemar. L'influenceuse et mannequin Kat Torres, 31 ans, née au Brésil, semblait réunir tous les signes d'une ascension sociale, comme elle prenait plaisir à le montrer sur les réseaux sociaux. Issue des favelas de Bélem (nord du Brésil), cette ex mannequin de l'agence Elite Model s'était installée aux États-Unis, où elle fréquentait les endroits les plus huppés et vivait à Austin, au Texas, avec son compagnon. Kat Torres générait des revenus grâce à son site Internet de bien-être, et on lui a même prêté une liaison avec l'acteur américain Leonardo Di Caprio. Mais son rêve américain a volé en éclats lors de son expulsion vers le Brésil.

Et pour cause : la jeune femme a été condamnée à huit ans de prison pour "esclavage" et "traite d'êtres humains", a rapporté la BBC. Derrière l'empire qu'elle s'était construit se cache une réalité bien plus sombre, faite de manipulation et de mensonges.

C'est la disparition de deux jeunes brésiliennes, Desirrê Freitas et Letícia Maia, qui ont permis aux autorités américaines de découvrir les abus commis par Kat Torres. Après une alerte donnée par la famille des disparues, une enquête de police est ouverte en 2022, avec pour seul point de départ le fait que les deux jeunes femmes seraient parties vivre chez Kat Torres, afin de travailler pour elle aux États-Unis. La police américaine finit par retrouver les deux Brésiliennes, en effectuant des recherches sur des sites d’escort et de prostitution.

Recrutées initialement comme assistantes personnelles, les victimes découvrent un lieu de vie et de travail loin de l'image idyllique partagée par Kat Torres sur ses réseaux sociaux. Desirrê Freitas, devant la pression exercée par Kat Torres va commencer une carrière de strip-teaseuse. Un responsable du club de strip-tease, James, a déclaré à la BBC qu'elle travaillait de très longues heures, sept jours sur sept. La jeune femme, sous emprise, a ensuite été forcée de se prostituer.

Si les femmes n'atteignaient pas les quotas de revenus quotidiens fixés par Torres, elles n'étaient pas autorisées à retourner à la maison le soir même. Desirrê a ainsi confié avoir dormi dans la rue à plusieurs reprises. La prostitution étant illégale au Texas, la jeune femme affirme que Kat Torres menaçait de la dénoncer à la police si elle parlait de vouloir arrêter.

Les victimes de Kat Torres affirment que les femmes du manoir d'Austin étaient soumises à des règles strictes. Elles racontent qu'il leur était interdit de se parler, qu'elles devaient obtenir l'autorisation de Torres pour quitter leur chambre - même pour aller aux toilettes - et qu'elles étaient tenues de remettre immédiatement tous leurs gains.

Ana, une autre de ses victimes -qui n'était pas ciblée par les recherches du FBI-, a décrit à la BBC son "séjour" chez l'influenceuse : "Elle ressemblait un peu à un espoir pour moi (c'est la réaction qu'elle a eue quand elle est tombée pour la première fois sur la page Instagram de Kat Torres, en 2017 ; ndlr). (...) Elle semblait avoir surmonté la violence de son enfance, les abus, toutes ces expériences traumatisantes. (...) J’ai été choquée parce que la maison était vraiment en bord*l, vraiment sale, et ne sentait pas bon", a-t-elle raconté. La jeune femme a également précisé qu’elle a été contrainte de ne dormir que quelques heures par nuit sur un canapé couvert d’urine de chat et devait être en permanence disponible pour sa patronne. Ana a rapporté que certains jours, elle se cachait même dans la salle de sport de l'immeuble pour dormir quelques heures au lieu de s'entraîner.

"Maintenant, je vois qu'elle m'utilisait comme une esclave... Elle en retirait de la satisfaction", a constaté Ana, en indiquant qu'elle n'a jamais été payée. "J'avais l'impression d'être coincée ici, de n'avoir aucun moyen de m'en sortir", décrit-t-elle. "J'ai probablement été l'une des premières victimes de la traite des êtres humains." La jeune femme trouve son salut dans sa nouvelle relation avec son petit ami, en emménageant avec lui, après trois mois passés chez sa patronne.

Plus de 20 femmes ont déclaré avoir été escroquées ou exploitées par Torres - selon la BBC, plusieurs d'entre elles ont indiqué suivre une thérapie psychiatrique pour se remettre de ce qu'elles disent avoir vécu. L'avocat de Kat Torres a déclaré que sa cliente avait fait appel de sa condamnation et qu'elle maintenait son innocence. Une enquête sur les allégations d'autres femmes est en cours au Brésil.

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