Les footballeuses "moins douées et interessantes" que les hommes ? Ces clichés ultra-sexistes qui font perdre des millions

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Depuis des années, les femmes luttent pour que le sport féminin gagne enfin ses lettres de noblesse, au même titre que le sport masculin. Mais dans le monde ultra-sexiste du football, les femmes adeptes du ballon rond sont toujours très peu considérées. La preuve en Allemagne, où la "punition" d'un entraîneur après s'en être pris à un arbitre est d'avoir été relégué à coacher l'équipe féminine. Mais pour que l'égalité soit enfin à l'ordre du jour, encore faudrait-il y mettre les moyens.

Tout le monde connaît Antoine Griezmann, Kylian M'Bappé ou Hugo Lloris, mais les noms de Marion Torrent, Amel Majri ou Kadidiatou Diani sont nettement moins connus du grand public. Pourtant, toutes et tous ont un point commun : ce sont des joueurs des équipes de France de football masculines et féminines. Dans deux ans, la Coupe du monde féminine de football aura lieu, la dernière a même eu lieu en France, et les Françaises n'ont pas démérité en atteignant les quarts de finale. Pourtant, elles restent nettement moins connues que leurs homologues masculins... Et nettement moins bien payées.

Les femmes, une sous-catégorie du monde du football

Au sein des supporters masculins, rares sont ceux à suivre les pendants féminins de leurs équipes préférées. Le sport reste un milieu où le sexisme est ultra-présent, en particulier en ce qui concerne les disciplines historiquement dominées par les hommes. Ces derniers jouent au foot, pendant que les femmes devraient se cantonner à la gym ou à la danse classique, à en croire les plus virulents des masculinistes. À croire que taper dans un ballon rond demande un service trois pièces.

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Ce sexisme, les joueuses allemandes ont encore pu le constater il y a quelques jours. En janvier dernier, Heiko Vogel, l'entraîneur de l'équipe de foot du Borussia Mönchengladbach, une équipe de quatrième division, s'en est pris à un arbitre lors d'un match. Sa "punition" ? 500 euros d'amende... Et l'obligation de devoir entraîner une équipe féminine. L'information a tout d'un titre du Gorafi, mais il s'agit pourtant de la réalité, et cela a le don d'énerver profondément l'association féministe Frauen im Fussball (Les femmes dans le football, ndlr), qui a affirmé dans une communiqué : "Cela démontre que peu importe le niveau, les femmes et les filles jouant au football ne sont pas prises autant au sérieux que les hommes et les garçons, puisque la punition place l'entraînement d'une équipe féminine au même niveau qu'un travail social (...) Cela envoie un message fatal, car entraîner une équipe féminine ou de filles fait partie ici d'une punition après une faute." Difficile de faire plus sexiste et réducteur.

Sexisme partout, jusque dans les diffusions

Le 24 mars dernier, la championne du monde de football Megan Rapinoe, qui évolue au sein de l'équipe des États-Unis, a évoqué la question des inégalités salariales entre les hommes et les femmes devant le Congrès américain. "Il est tout simplement inacceptable que nous nous battions encore pour l'égalité salariale", a-t-elle reproché, alors qu'en 2019, des joueuses avaient déjà attaqué la fédération américaine de football dans l'espoir d'obtenir la parité. La requête de la footballeuse internationale ne concerne pas seulement le domaine du ballon rond, puisqu'elle a précisé : "Si nous ne faisons rien, les femmes n'atteindront pas la parité économique avec les hommes avant 2059. Et pour les femmes de couleur, cela prendra plus d'un siècle", arguant que ces différences étaient le produit de "la sous-évaluation systématique du talent, des capacités et de ce qu'apportent les femmes au monde du travail."

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Son discours n'a cependant pas plu à tout le monde, de nombreuses personnes estimant qu'il était normal que les femmes footballeuses gagnent moins que les hommes, puisque le football féminin attire nettement moins que le football masculin. Il est vrai que les salaires des stars du ballon rond sont astronomiques, et que le foot brasse des millions de dollars à travers le monde chaque année. Toutefois, si le football féminin est si mal considéré, c'est malheureusement avant tout une question... De sexisme, encore une fois. Le sexisme des spectateurs, qui estiment que les joueuses sont moins douées et moins intéressantes que les joueurs, mais aussi le sexisme des diffusions, puisque les matchs des équipes féminines sont rarement diffusés à des heures de grande écoute. Moins de téléspectateurs signifie des publicités moins lucratives, et donc plus de difficultés pour les joueuses pour négocier leur salaire.

La seule solution pour permettre de faire évoluer la situation serait d'avoir des diffuseurs qui prendraient le pari de diffuser du foot féminin aux mêmes heures que le foot masculin, et ce sur une période suffisante pour se faire une idée du potentiel que cela peut avoir. Mais à l'heure actuelle, personne ne semble prêt à prendre ce pari économique. Et ce malgré les excellents scores de TF1 lors de la diffusion de la Coupe du monde féminine de football en 2019, dont les audiences tournaient en moyenne à 10 millions de téléspectateurs, pour des matchs diffusés en pleine journée.

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