Maïtena Biraben : "J'avais une sorte de dégoût à lui servir son thé et à lui apporter ses tartines"

Il y a plusieurs semaines, Maïtena Biraben a lancé "Mesdames", un média numérique dédié aux femmes de plus de 45 ans. Pour Yahoo, l’ancienne animatrice des "Maternelles" et du "Grand Journal" a accepté de se livrer sur cette nouvelle aventure féminine, revenant notamment sur le statut des femmes au sein de la société actuelle. Des mots à forte consonance.

Maïténa Biraben le dit et le déplore, les femmes de plus de 45 ans sont totalement invisibilisées dans notre société. Une situation qu’elle ne tolère pas et qui la pousse à donner un gros coup de pied dans la fourmilière. Elle l’assure, non, les femmes ne sont pas des “mémères” à cet âge-là. C’est pourquoi, l'animatrice et productrice a récemment ouvert sa boîte de production audiovisuelle avec sa partenaire Alexandra Crucq pour leur redonner la parole. Ensemble, elles ont lancé le 2 mai dernier un nouveau média intitulé “Mesdames”, 100% digital, qui leur est dédié. Pour Yahoo, l’ancienne animatrice des "Maternelles" et du "Grand Journal" s’est livrée sur ce nouveau chapitre de sa vie, déplorant l’image réductrice des femmes après la ménopause.

Un phénomène qui commence “à la fin de l’âge de la meuf bonne, lorsque nous sortons du champ du désir, de la reproduction”. Pour Maïténa Biraben, la société juge aujourd’hui “inutiles” les femmes qui n’ont plus leurs règles, les femmes qui ne peuvent plus avoir d’enfants. Un regard négatif qu’elle souhaite changer à tout prix.

Autrice de l’ouvrage “La femme invisible” (ed. Grasset), elle s’est également attaquée à cette société emprunte de sexisme. “Dans ma famille par exemple, il y avait une répartition très claire des tâches. Après avoir fait ses devoirs, mon frère pouvait aller faire ce qu’il avait envie de faire. Moi, en revanche, je devais vider la machine à laver, mettre le couvert, démettre le couvert, mais aussi faire le thé de mon père”, une habitude qu’elle n’a jamais supportée. “J'évoque dans le livre la sensation de dégoût à lui servir son thé, à lui amener ses tartines parce que je savais qu’il m'assignait”. Une situation qui la révoltait et qui a provoqué chez elle un déclic. “Je voulais être moi-même et pas juste le corps qui me servait de véhicule”.

Vidéo. Maïtena Biraben : "Avoir 50 ans, c'est vivre une crise d'adolescence équipé d'un cerveau"

Depuis toujours, Maïtena Biraben souhaite être libre, libre dans tous les sens du terme. Une sexualité libérée dont elle parle sans tabou. “Lorsque je me suis retrouvée à la ménopause, je pouvais avoir n'importe qui en face de moi, il fallait que je couche avec quelqu’un. Tout mon corps était drivé par les hormones”. Pleine de fantasmes, elle souhaiterait un jour les assouvir. “J’aurais adoré coucher avec une femme. J’ai raté le coche, je ne l’ai pas fait mais ça viendra peut-être si mon mari meurt ou si je décide de le faire parce qu’au final, ce n’est pas le tromper”, s’amuse-t-elle tout en tentant de lever le tabou sur le plaisir sexuel féminin.

“La masturbation est une amie gracieuse d’une compagnie assurée”, reconnaît-elle. Une pratique sexuelle encore stigmatisée. “Typiquement, c’est le genre de sujets sur lesquels nous devrions être gênés. J’ai jamais compris pourquoi. C’est pas comme si tout le monde le faisait pas, quoi”, s’interroge-t-elle tout en confiant ne pas être pleinement épanouie sexuellement. “Ma vie sexuelle est en-dessous de mes aspirations, c’est certain. La sexualité devrait être un lieu de créativité, de jubilation. On essaye, on se trompe, on aime, on n'aime pas, on recommence, on change d’avis. Or, c’est hyper normé pour nous tous et en particulier pour nous les femmes”, rappelle-elle. À noter que la masturbation, lorsque l’on est en couple, n'est pas forcément synonyme d'insatisfaction.

Forte de ces expériences passées, Maïtena Biraben appelle donc à changer notre regard sur l’âge, sur le temps qui passe. Comme elle le martèle, à la cinquantaine, la vie n’est pas finie, bien au contraire. “Avoir 50 ans, c’est vivre une crise d’adolescence équipé d’un cerveau. On est en pleine possession de nos moyens physiques, avec une patate de fou, avec des envies incroyables”. Elle exhorte également les femmes à prendre toute leur place au sein de la société. “Ma position de femme de pouvoir a tout impacté dans ma vie. Le pouvoir, ça change la manière dont on vous appréhende”, rappelle-t-elle tout en expliquant que les femmes ne naissent pas soumises mais qu’elles le deviennent. “Elles sont élevées à être dociles, à être gentilles, à ne pas questionner et à ne pas déranger”. Une colère qui a provoqué chez elle l’envie de changements.

Avec le temps, elle est donc parvenue à se forger un caractère de lionne qui déroute, semble-t-il, certaines personnes. “On me dit ingérable parce que je dis non, parce que je veux comprendre, parce que j’exprime mes opinions. Je ne dirige pas tout, j’essaye juste de prendre ma place”, conclut-elle tout en espérant que ces mots trouveront écho.

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