Les podcasts pornos, plus éthiques mais tout aussi érotiques, cartonnent auprès des auditrices, voilà pourquoi

Pour beaucoup d’auditrices, l’audio érotique permet d’explorer leur propre plaisir (photo d’illustration).
SrdjanPav / Getty Images Pour beaucoup d’auditrices, l’audio érotique permet d’explorer leur propre plaisir (photo d’illustration).

ÉROTISME - « On venait de sortir du premier confinement, on commençait à retourner au bureau et à retrouver les discussions pause-café. C’est là qu’une collègue m’a parlé du podcast Prude en me disant : “C’est chaud, c’est génial !” Il ne m’en fallait pas plus pour binger tous les épisodes. »

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Amélie* l’avoue sans détour : la découverte du porno audio a été « une révélation » pour sa vie intime. Elle qui a toujours « adoré les histoires de cul qu’on se raconte entre copines » a retrouvé dans ce format spécialement dédié au plaisir la même « émotion pure » qui la submerge quand on lui raconte « un récit authentique ». « C’est comme si les mots pénétraient directement mon imagination, sans entrave du visuel », ajoute la trentenaire.

Amélie n’est pas la seule à s’être laissée tenter par ce que l’on appelle le porno audio. En France comme ailleurs, de plus en plus d’auditeurs – et surtout d’auditrices – ont découvert ces dernières années les podcasts érotiques, gratuits ou avec abonnement. L’offre a d’ailleurs explosé. Prude, le Son du Désir, le Verrou, VOXXX, Colette se confesse, Bliss Hot Stories, Femtasy, Lumière sous la couette… Aujourd’hui, rien qu’en France, une quinzaine de titres se partagent un marché en pleine expansion et rivalisent d’inventivité pour proposer un contenu toujours plus diversifié à ses auditrices.

Un contenu plus inclusif et plus éthique

C’est le cas d’Ophélie*, 27 ans, qui a franchi le pas cette année en prenant un abonnement à Femtasy, une start-up allemande qui, depuis son arrivée en France en 2020, propose un répertoire de « 400 audios sexy », allant de l’étreinte romantique au BDSM, en passant par le plan à trois, le dirty talk avec ou sans pénétration, l’étreinte lesbienne, le quickie dans un lieu public… « Je cherchais à remplacer le porno mainstream qui renvoie une image désastreuse de la femme », justifie Ophélie. Elle apprécie aussi « la liberté » du format audio, « tant dans les pratiques que les types de sexualité et les scénarios ». « Pour moi, c’est une expérience bien plus bienveillante que de regarder un porno, même quand on choisit des contenus hard. »

Proposer un contenu sexuellement excitant, mais dénué de violence ou de stéréotype sexiste ou raciste : voici ce que promettent ces médias audios érotiques. Pour tirer leur épingle du jeu face aux géants du X comme Pornhub ou YouPorn, qui disposent d’une offre pléthorique mais loin d’être toujours éthique, elles mettent tant en avant leur inclusivité que leur vision d’une sexualité positive, raccord avec les préoccupations de notre époque. « J’y trouve le type de contenu qui me plaît, mais sans le sentiment de culpabilité associé au visionnage, en sachant ce que les actrices endurent », nous explique ainsi Clem*, 30 ans, amatrice des contenus BDSM proposés dans le subreddit (une sous-partie du forum Reddit, alimentée par des anonymes) Gone Wild Audio.

« Depuis #MeToo, on n’a plus envie de voir des femmes utilisées pour le plaisir des hommes, et dont le consentement n’est pas assuré », abonde Lisa Demma, rédactrice en chef de Femtasy France. Comme VOXXX, la plate-forme audio fait appel à des comédiennes et des comédiens pour donner corps à ses histoires fictionnelles, où le « oui » est toujours explicitement formulé. « On fait tout un plat du consentement en disant que ça casse l’ambiance, alors que ça peut être au contraire très sexy de demander à sa partenaire si elle est d’accord », assure Lisa Demma.

L’ouïe, terrain à fantasmes

Entendre le susurrement d’un « oui » impatient, le son des étoffes qui se froissent, le bruit des respirations qui s’accélèrent, les gémissements… Si l’audio érotique a un tel pouvoir sur celles qui en écoutent, c’est aussi parce qu’il laisse le champ libre à leur imagination. « Il y a quelque chose de très intime dans le médium audio, analyse la sexologue féministe Lucie Groussin. Il donne l’impression qu’on s’adresse particulièrement à nous. C’est très réconfortant et éminemment érotique. » Et cela a forcément un impact sur ses propres fantasmes, comme nous le confirme Amélie. « Ça ouvre mon horizon. Je me demande : “Et moi, comment je réagirais dans cette situation ? Est-ce que ça me plairait ?”. »

Dénuée d’image explicite, en particulier celle « des parties intimes filmées en gros plan » qui rebute parfois Ophélie dans le porno mainstream, l’audio érotique permet à chacune de se projeter… voire de s’imaginer à la place des acteurs. « C’est un peu comme avoir un petit cinéma dans la tête en imaginant ce que l’on veut », résume Lisa Demma. Bien consciente du pouvoir de l’ouïe sur l’imagination, la rédactrice en chef de Femtasy veille à rendre ses histoires « body neutre » (sans description des corps) et propose même des Audios 360 ° « en réalité virtuelle », qui offre aux auditrices la possibilité d’être embarquées dans le récit qu’elles écoutent et d’en devenir les protagonistes. « Il y a un vrai engouement pour les expériences personnalisées », affirme Lisa Demma, qui donne pour preuve « les centaines de milliers d’écoutes » que comptabilisent les Audios 360 °.

Une sexualité positive et décomplexée

Contrairement au porno vidéo, souvent consommé dans un but de plaisir solo immédiat, le format audio permet aussi de s’affranchir de l’obligation à la masturbation. « J’ai réalisé que j’écoutais ces histoires pour me détendre ou penser à autre chose, témoigne Ophélie. Sous la douche, pendant que je cuisine, parfois même dans le métro… Ça a rendu mes trajets quotidiens nettement plus sympas ! »

Et même lorsqu’ils sont écoutés juste pour soi, ils permettent de se reconnecter à son corps, à ses sensations… Avec parfois, à la clé, un plaisir plus puissant. « Contrairement au X vidéo, qui procure un orgasme mécanique mais sans un bien-être total, le chemin est plus long mais l’orgasme plus enveloppant » avec l’audio, soutient Lucie Groussin.

« Clairement ça me permet de mieux assumer mes désirs qui étaient là en arrière-plan mais auxquels je prêtais moins attention », déclare Amélie, qui souligne qu’écouter ces récits lui a donné un « sentiment d’empowerment ». « J’ai le sentiment de prendre en main ma propre exploration sexuelle » mais aussi de « mieux verbaliser [ses] envies » avec son partenaire, estime la jeune femme. Sentiment partagé par Ophélie, à qui l’écoute de porno « a donné quelques idées, notamment de “dirty talk”, ce qui est toujours délicat dans la pratique ». « Ça m’a aidé à décomplexer sur ma sexualité, tout en faisant toujours attention au besoin de mon partenaire », conclut-elle.

* Les prénoms ont été modifiés.

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