Sonia Rolland traumatisée dans l'enfance : "Les souvenirs hantent nos vies. J’avais des crises de spasmophilie, je somatisais"

Élue Miss France 2000, Sonia Rolland a depuis revêtu plusieurs casquettes. Mannequin, mais aussi actrice et réalisatrice, elle dévoile ce mercredi 3 janvier sur France 2 sa première fiction, "Un destin inattendu", inspiré de sa propre vie. Le film évoque son parcours de jeune femme, jusqu'à son sacre. Mais avant cela, Sonia Rolland a vécu au Rwanda et au Burundi, marqués par le génocide des Tutsi. Un souvenir douloureux dont elle a longtemps gardé des séquelles.

TOPSHOT - Rwandan-French actress and former Miss France Sonia Rolland poses for a photo session during the 4th edition of the Cannes International Series Festival (Canneseries), in Cannes, southern France, on October 13, 2021. (Photo by JOEL SAGET / AFP) (Photo by JOEL SAGET/AFP via Getty Images)
Sonia Rolland traumatisée dans l'enfance : "Les souvenirs hantent nos vies. J’avais des crises de spasmophilie, je somatisais." (Photo by JOEL SAGET / AFP) (Photo by JOEL SAGET/AFP via Getty Images)

Sonia Rolland, sacrée Miss France en 2000, revient de loin. La reine de beauté est née à Kigali, au Rwanda, en 1981. Dans une interview accordée à Paris Match, en 2021, elle décrit sa vie, auprès de son père, envoyé au Rwanda comme imprimeur par une société belge, sa mère, rwandaise, et son frère, comme "paisible et confortable". Mais seulement un temps. En 1989, la famille quitte le Rwanda, à l'aube d'une guerre civile, pour le Burundi. "Mes parents veulent nous protéger du conflit rwando-­rwandais", explique le mannequin. Mais malheureusement, Sonia Rolland est directement confrontée à la violence du conflit entre les Hutus et les Tutsis, qui a gagné le Burundi.

"Nous nous précipitons sous le pupitre"

Sonia Rolland se souvient d'un épisode qui restera gravé à jamais : "Un jour, à l’école française de Bujumbura, avec les enfants des coopérants français et des fonctionnaires de l’ONU, un bruit de grenades retentit. Avec ­Tatiana, ma voisine, nous nous précipitons sous le pupitre. Nos corps suent d’angoisse. Derrière les vitres sales, nous apercevons les habitants soudainement transformés en barbares aux visages haineux. Je suis terrorisée. Le conflit Hutus-Tutsis est en train de gagner le ­Burundi."

Avec sa mère et son frère, la jeune fille fuit le pays pour se rendre en France, en Bourgogne. Elle est encore loin de s'imaginer qu'elle portera l'écharpe de sa région en 1999, lors du concours qui la sacrera Miss France 2000.

"Les souvenirs hantent nos vies"

L'adaptation est difficile pour Sonia Rolland, qui passe d'une certaine opulence à un quotidien dans un HLM où elle et ses proches vivent "les uns sur les autres", comme elle l'a indiqué dans l'émission "Ça fait du bien", sur Europe 1, en mars 2021. "Ça a été dur de faire face à ce nouvel environnement. On était la seule famille de Noirs...", s'est souvenue la reine de beauté, qui a été confrontée au racisme à plusieurs reprises. Sa mère a trouvé un emploi dans un supermarché et son père est devenu tourneur-fraiseur. Un "déclassement social" selon la Miss.

Vidéo. Sonia Rolland : "J'ai souffert du racisme, à plusieurs étapes de ma vie"

"La nouvelle vie en Bourgogne, c’est le passage de l’ostracisme ethnique à un certain ­racisme franchouillard. Dans mon village près de Cluny, on a tendance à m’appeler "la bamboula". Nous n’avons pratiquement pas d’aide matérielle. Ma mère obtient le RMI, se rend discrètement aux Restos du cœur et glisse les denrées dans des sacs ­Intermarché pour donner l’illusion que tout va bien", résume-t-elle encore dans Paris Match.

Outre son nouveau quotidien difficile à apprivoiser, Sonia Rolland a dû composer avec les séquelles de son passé au Burundi et ses angoisses, à l'époque, se traduisent physiquement : "Les souvenirs hantent nos vies. J’ai des crises de spasmophilie, je somatise. Nous n’avons pas subi de violence physique, c’est plus insidieux : l’incompréhension face à l’injustice." Malgré ces épreuves, Sonia Rolland a su rebondir. Après son couronnement et son année de règne, elle s'est essayée au mannequinat, à la comédie et à la réalisation, sans jamais renier ses racines. Ainsi, le personnage principal de sa première fiction, "Un destin inattendu", diffusé ce mercredi 3 janvier sur France 2 est elle aussi de nationalité rwandaise. Un joli clin d'oeil à ses origines.

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