Kamini, victime de racisme : "C'était très dur, je suis devenu bègue tellement j’étais perturbé"
Au casting de "Petit Ange", ce mercredi 4 octobre sur France 2, le chanteur Kamini s'est fait connaître avec son titre "Marly-Gomont", qui porte le nom d'une commune du nord de la France, dans laquelle il a grandi. Il raconte dans sa chanson faire partie de la seule famille noire de la ville. Une situation qui n'a pas toujours été facile à vivre pour Kamini. Victime de moqueries et de racisme, l'artiste a confié même être devenu bègue pendant une période.
"Je ne viens pas de la cité mais le beat est bon, je ne viens pas de Paname, mais de Marly-Gomont. Il n'y a pas de bitume là-bas, c'est que des pâtures, mais cela n'empêche que j'ai croisé pas mal d'ordures." Tout est résumé dans le refrain de ce tube. Sortie en 2006, la chanson "Marly-Gomont", interprétée par Kamini, habitant de la commune éponyme, devient rapidement un succès. L'artiste y évoque sa véritable histoire, qu'il a adaptée en film en tant que scénariste aux côtés du réalisateur Julien Rambaldi en 2016, "Bienvenue à Marly-Gomont".
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"Tous les jours, j’avais droit à des insultes, à des railleries"
Le père de Kamini, médecin généraliste originaire de la République démocratique du Congo, s'installe à Marly-Gomont avec sa mère et ses frères et soeurs dans le petit village de Marly-Gomont, dans le nord de la France. Seule famille de noirs de la commune, Kamini et ses proches sont l'objet des moqueries quotidiennes, voire du racisme des habitants.
Un rejet difficile à vivre. À l'école, "Noir" sonnait comme une insulte, et Kamini était également traité de "Bamboula", comme il l'a expliqué à TF1 en 2016. Un traitement qui a fini par l'atteindre physiquement "C’était très dur, vraiment. Il y a même un moment où, avant de commencer le rap, je suis devenu bègue tellement j’étais perturbé. Tous les jours, j’avais droit à des insultes, à des railleries. Mais vraiment tous les jours ! Alors oui… Les gens ne pensent pas toujours ce qu’ils disent. Parfois, ils ne le font pour se mettre en avant et amuser la galerie. Ou ils rapportent les propos des parents. Mais ça fait très mal…", a-t-il confié.
"Vous pouvez me traiter toute la journée de macaque, ça ne me touche plus"
Pour faire face à ces attaques, le père de l'artiste lui conseille d'être irréprochable à l'école. Ainsi les autres enfants ne pourront pas lui dire qu'il est "inférieur". "Mon père disait : 'Ils te traitent de singe ? Ramène-leur un 17/20 en maths.' On a été éduqués ainsi. Il fallait prouver sa valeur par la voie scolaire", s'est-il souvenu.
Cependant, le père de Kamini ne le pousse pas à être fier de ses origines. Il préfère favoriser l'intégration de ses enfants. Ainsi, il ne leur a pas transmis plusieurs éléments de sa culture congolaise : "Je le regrette beaucoup. Aujourd’hui, je ne parle pas le Lingala. Quand je vais dans le milieu congolais, je m’accroche sans rien comprendre. C’est inadmissible. Dans sa position de l’époque, il ne voulait pas qu’on pratique le Lingala. Qu’on puisse avoir un accent africain l’énervait. 'On est en France', nous rappelait-il."
Petit, Kamini le reconnaît, il s'est posé la question : "Pourquoi c'est plus dur quand on est Noir ?". Aujourd'hui, endurci, il semble avoir en tout cas trouvé la parade pour avancer : "Quand vous êtes issu d’une minorité, faites de votre différence une force, une puissance. Soyez le meilleur. Ne vous victimisez pas. Parce que quand vous êtes à la fois le meilleur et différent, ça se voit encore plus. (...) Vous pouvez me traiter toute la journée de macaque, de bamboula, ça ne me touche plus."
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