Télé, sexe et travail : "On faisait l’amour vite et bien. En 30 minutes, j’étais déjà de retour chez moi pour travailler"
Nora a 44 ans lorsqu'elle se retrouve coincée chez elle en télétravail à cause de la pandémie. Au cours de l'une de ses promenades quotidiennes, elle rencontre celui qui deviendra son "amant de quartier".
Nona a 44 ans et elle travaille dans l’édition de livres scolaires. Elle avait l’habitude de se rendre à son bureau tous les matins jusqu’à ce que l’épidémie de covid vienne tout bousculer : "Je suis une femme avec des habitudes. J’aime bien arriver au bureau tôt, je me fais un thé, je prends le temps de gérer mes mails. Je fais les choses bien à mon rythme. J’adore voir le ballet des collègues qui passent une tête par la porte pour dire bonjour. Et j’adore les potins, le midi quand on déjeune ensemble. Quand on a été confiné, ça a été très dur pour moi. Je n’arrivais plus à travailler correctement. Mon compagnon était aussi à la maison, on s’engueulait sans arrêt. Le seul truc que je m’autorisais, c’était des sorties dans le quartier. C’est comme ça que j’ai croisé celui qui est devenu mon amant pendant cette période.".
Nona n’a jamais croisé cet homme avant d’être obligée de travailler de chez elle : "Il fait un métier où il travaille de chez lui donc il a des horaires qu’il arrange en fonction de ses envies et il sort tous les jours un peu pour se balader ou faire du vélo. Mais ce n’est jamais quand moi, je suis dans le quartier. Il n’y avait vraiment aucune chance qu’on se croire sans ça. Sans la pandémie et mon télé-travail. Les premières fois, on se faisait juste des sourires un peu complices, parce qu’on était dehors alors qu’on avait pas trop le droit. Et puis un jour, il m’a demandé s'il pouvait marcher un peu avec moi. J’ai accepté et on a fini par se raconter un peu nos vies, 15 minutes de promenade par 15 minutes de promenade. Je lui ai dit tout de suite que j’avais quelqu’un dans ma vie. Lui aussi mais elle était partie se confiner ailleurs, à la campagne chez ses parents. Dans la ville toute vide, c’était comme des bulles, ce qu’on vivait. J’étais heureuse de sortir pour le voir. Je pense qu’il faisait un peu exprès de sortir aux mêmes heures et que moi je faisais exprès de ne surtout pas changer d’horaire pour ne pas le rater. Quand il m’a proposé de monter chez lui, j’ai eu un peu peur, mais j’en avais surtout très envie. J’ai dit oui tout de suite."
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Le duo se voit une dizaine de fois : "J’allais directement chez lui parce que je connaissais le chemin et que c’était plus simple. On faisait l’amour vite et bien et en 30 minutes j’étais déjà sur le chemin du retour. Je prenais une douche en rentrant officiellement pour enlever les germes et à cause de la transpiration de la marche. C’était une mécanique bien huilée. Ça s’est reproduit une dizaine de fois et puis, il y a eu quelques fois d’annulées parce que j’avais une réunion zoom. J’ai commencé à me rendre compte qu’on prenait des habitudes, qu’on avait l’impression de se devoir quelque chose et ça m’a fait paniquer. C’est pour ça que j’ai tout arrêté. Je l’ai revu une dernière fois, et puis je n’ai rien dit mais je savais que c’était la dernière. Je l’ai peut-être embrassé un peu plus longtemps que d’habitude au moment de lui dire au revoir mais je n’ai rien laissé paraître sinon. C’était très clair que c’était la fin pour moi. Il ne savait pas où j’habitais parce que je le retrouvais toujours à une intersection, il n’avait pas mon nom de famille, on n’avait pas échangé nos réseaux sociaux. Je savais qu’il n’allait pas me retrouver comme ça."
Pendant tout le reste de son télétravail forcé, Nona décide de ne plus aller marcher dans le quartier : "J’ai acheté un vélo d’appartement pour faire de l’exercice devant mon minuscule balcon. Quand mon mec était trop agaçant, j’y allais en me mettant un casque sur les oreilles. J’avais trop peur de sortir et de croiser qui avait été mon amant. Je ne l’ai revu qu’une fois, de loin, un jour où j’ai pris ma journée pour aller faire des courses. Il ne m’a pas vu mais je l’ai reconnu de dos. Il avait l’air d’être avec sa copine et des amis, on était en fin d’après-midi. Je me suis dit que je n’étais pas sûre que j’aurais craqué sur lui dans un autre contexte. Il n’est pas du tout mon genre physiquement. Mais j’avais un tel manque des autres, je me sentais tellement enfermée chez moi que j’aurais tout fait pour partager quelque chose de vrai avec quelqu’un. C’est arrivé avec lui. J’ai eu de la chance, même s'il ne me plait pas tant que ça physiquement, c’est un mec bien."
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