Christophe Garnier a choisi la vasectomie : "Ça libère vraiment, notamment sur le plan sexuel"

Longtemps invisibilisée, toujours entourée du voile du tabou, la vasectomie, technique de stérilisation masculine, commence progressivement à gagner du terrain en France. Selon les derniers chiffres de l'assurance maladie, rapportés par 20 Minutes, le nombre de vasectomies remboursées en France est passé de 1908 en 2010 à 23 306 en 2021. Dans le pays, cette technique de stérilisation n’est autorisée que depuis 2001.

Christophe Garnier a choisi de faire une vasectomie à l’âge de 28 ans. "Ça faisait 10 ans que j’y réfléchissais. Pendant le confinement, j’ai eu le temps de mûrir ma décision." Il a donc 30 ans lorsqu’il trouve enfin une médecin qui accepte de l’opérer. L’utilisation du terme "enfin" est loin d’être un euphémisme. Lorsqu'il a décidé d'opter pour une stérilisation définitive, Cristophe Garnier est loin de se douter que son parcours sera semé d’embûches. "Je m’attendais à ce que la vasectomie soit représentative de la société dans laquelle on vit : 'plus facile pour les hommes et plus compliqué pour les femmes.'" Il constate avec surprise que l’accès à la vasectomie n’est pas aussi évidente, conséquence d’une mentalité nataliste chez de nombreux praticiens. "Ils n'arrivaient pas à se dire ‘cette personne ne va plus jamais vouloir d’enfant’. Alors que ça faisait 10 ans que j’y pensais, que ma décision était sûre, mûrement réfléchie et que ça ne risque pas de changer."

Le jeune homme dénonce dans cette démarche une attitude infantilisante des praticiens : "Ils pensent que c’est une décision enfantine, une volonté de ne pas avoir envie de grandir… Alors qu’on peut être quelqu’un de très bien établi dans sa vie sans avoir des enfants." Et quand l’approche n’est pas débordante de paternalisme, elle peut être offensante à divers égards : "Certains médecins ont tenu des mots très durs. Notamment un qui a évoqué une "mutilation".

Christophe Garnier soulève également le regard rétrograde d’un praticien sur sa volonté de se faire stériliser. "Un médecin m’a dit : "Vous savez, le désir d’être père, ça peut rester jusqu’à très tard chez l’homme, parfois jusqu’à 50 ans." Sauf qu’évidemment, à 50 ans, tu ne fais pas des enfants avec une femme de 50 ans puisqu’il y a une ménopause. Ça impliquait que j’allais faire ma crise de la cinquantaine et me mettre avec une jeune avec laquelle j’aurais fait des enfants. C’est assez rétrograde comme vision."

Vidéo. Christophe Garnier a fait le choix de la vasectomie : "Un médecin m'a même dit que c'était une 'mutilation'"

Une certaine hypocrisie

Christophe Garnier consulte plusieurs urologues, quatre au total, avant de tomber sur la femme qui concède à réaliser sa demande. Là encore, les choses sont plus complexes qu’envisagées. "Dans la loi, on est obligés de respecter un délai de quatre mois avant un deuxième rendez-vous pour réaffirmer sa volonté."

Pour le journaliste, cela dénote une fois de plus l’hypocrisie qui entoure la vasectomie. "Pour certaines opérations comme la chirurgie esthétique, on ne demande pas un tel délai de réflexion. Dans d’autres pays comme aux Etats-Unis ou au Canada, on a envie de faire une vasectomie, on prépare l’opération et ensuite on l’a fait." Un délai qui interroge au regard du caractère peu invasif de l'opération. Bien qu’en France, le délai de réflexion soit de quatre mois, la chirurgie ne dure que quelques heures. "Entre le moment où je m’endors et celui où je me réveille, il se passe deux heures. Pendant une petite semaine, il faut faire attention. Il s’agit quand même d’une opération, donc il faut que ça cicatrise et il faut attendre aussi quelques semaines avant de pouvoir avoir à nouveau des rapports sexuels."

Et ensuite ? Les spermatozoïdes fertiles ne s’évaporent pas en quelques jours. Trois mois après l’opération, il est conseillé d’effectuer un spermogramme pour déterminer si l’on peut avoir des rapports sexuels sans préservatifs. "Le principal motif pour lequel on a encore des bébés malgré la vasectomie, c’est parce qu’on a pas attendu les trois mois" souligne Christophe.

Les hommes vasectomisés, de meilleurs coups au lit

Le sexe, parlons-en justement. Pour Christophe, c’est peut-être le point qui inquiète le plus les hommes. Lui est formel : vos capacités sexuelles ne sont en rien altérées par l’opération. "On éjacule exactement de la même façon. Le sperme est pareil. Il y a zéro changement." Au contraire ! D’après lui, le sexe est meilleur car dénué de toute pression. "Il y a même une étude qui est sortie récemment qui dit que les hommes ayant fait une vasectomie sont considérés comme de meilleurs coups car il n’y a plus cette pression psychologique que les femmes peuvent avoir. Il y a plus de plaisir."

L’étude mentionnée par Christophe Garnier date de 2017 et a été publiée dans la revue scientifique National Library of Medicine.

Ces données viennent corroborer celles déjà parues en 2015 au sujet de la fréquence des rapports sexuels des hommes vasectomisés.

En 2015, l’étude américaine publiée dans la revue scientifique pubmed.gov, démontre que les hommes ayant fait le choix de la vasectomie ont plus de rapports sexuels que les autres (les hommes de moins de 25 ans et ceux n’ayant jamais eu de rapports sexuels ont été exclus de l’étude). En évaluant la fréquence des rapports sexuels au cours des quatre dernières semaines, les chercheurs ont découvert que parmi les répondants (5838 hommes au total dont 353 vasectomisés), la fréquence moyenne des rapports sexuels était de 5,9 fois par mois pour les mâles opérés contre 4,9 fois pour les hommes non-vasectomisés.

Vidéo. Christophe Garnier : "La vasectomie n’est pas irréversible"

De quoi, une fois de plus, calmer les nombreuses inquiétudes des hommes sur le sujet. L’autre grande appréhension autour de la vasectomie est son caractère irrévocable : "Ce n'est pas irréversible. Il y a une opération qui s’appelle la vasovasostomie, qui consiste à renouer les fils que l’on a coupés" explique l’intéressé. Quant à l’efficacité de cette opération, Christophe Garnier tempère : "Le pourcentage de réussite est trop fluctuant pour que ça soit considéré comme une méthode sûre pour revenir à la normale." Le journaliste préconise une autre solution : faire congeler son sperme. À l’instar des femmes qui décident de faire congeler leurs ovocytes, cette technique permet d’y recourir des années plus tard si la personne change d’avis. En France, il existe de nombreux CECOS (Centre d’Etude et de Conservation des oeufs et du sperme), qui sont des banques qui hébergent le sperme au moyen d’un tarif annuel.

Il y a quelques semaines, le témoignage de Théo Rivière avait largement fait débat sur le réseau social Twitter. Le jeune homme, ayant fait le choix d’une vasectomie à l’âge de 31 ans, avait été pris à partie par de nombreux internautes, certains allant même jusqu'à le traiter de "sous-homme". Théo Rivière s’étonne de la virulence des propos, qu’il explique en partie par le manque d’information probante au sujet de l’opération de stérilisation. À mesure que les mentalités évoluent, les témoignages comme ceux de Christophe et Théo montrent que la contraception n'est pas qu’une affaire de femmes, et que les hommes aussi ont leur voix au chapitre sur leur volonté ou non d’être père.

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