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"Il est impératif que les hommes se saisissent du sujet de la contraception si on veut faire bouger les choses": Guillaume Daudin (« Les contraceptés »)

Et si les hommes commençaient à s’intéresser enfin à la contraception ? Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain sont les auteurs d’une enquête illustrée intitulée "Les Contraceptés" (éd. Steinekis). Un travail journalistique qui épingle le désert de la contraception masculine en France. Une enquête porteuse d’un message : développons les moyens et partageons la charge contraceptive avec les femmes.

"Pourquoi aujourd’hui, on ne peut pas aller en pharmacie chercher une contraception pour les hommes ?" Cette question est à la base du travail de Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain. Les deux journalistes, auteurs de l'enquête "Les contraceptés" illustrée par Caroline Lee, se sont intéressés à l’échec de la contraception masculine et ont essayé de comprendre pourquoi les hommes se sont si peu investis dans la question.

Une charge laissée aux femmes

Lorsque le concept de la "charge contraceptive" a été vulgarisé dans les médias, de nombreuses femmes ont pris conscience de la responsabilité qu’elles endossent seules depuis des années. Une injustice pour la majorité d’entre elles si l’on tient compte du fait que pour faire des enfants, il faut être deux. Pour ne pas en avoir, elles sont seules à s’en soucier.

Interrogé par nos soins, Guillaume Daudin le confesse : "Depuis qu’on travaille sur la question, les hommes ne paraissent pas très intéressés par le sujet. Des hommes auraient pu aussi, dans leur couple au quotidien, aller voir leur compagne et s’intéresser à la question. Ce n’est pas le cas."

Comment justifier ce manque d'intérêt ? Les hommes sont-ils les seuls fautifs ? La contraception est le dernier bastion du patriarcat. La société a volontairement assigné la question aux femmes. Dès leurs premières menstruations, ce sont les femmes qui sont investies de la responsabilité de la contraception. Au collège et au lycée, elles sont les seules à détenir l'information. C'est ce qu'avaient notamment dénoncé Caroline Michel et Clémentine Gallot dans leur ouvrage "La Charge sexuelle".

L'enquête des deux journalistes montre que tous les hommes ne sont pas insensibles à la question. Beaucoup ont voulu décharger leur compagne des effets secondaires des méthodes hormonales. Ces hommes ont fait face à diverses difficultés : l’absence d’informations, le manque de méthodes peu contraignantes, des solutions un peu underground avec des effets secondaires qui se répercutaient sur le couple…

La majorité des contraceptés ont arrêté au bout de quelques mois voire quelques années.

Le préservatif, mais encore ?

Alors, quelles sont les options dont disposent les hommes ? Évidemment, il y a le préservatif. Mais, dans une relation de couple établie, nombreux sont les partenaires qui rechignent à utiliser le latex.

Actuellement, il existe d’autres méthodes (hormonales, thermiques) qui ne sont pas reconnues par les autorités sanitaires et qui ne sont donc pas commercialisées en pharmacie. Voir vidéo ci-dessous.

Vidéo. "J'utilise un anneau en silicone" : Guillaume Daudin dresse les diverses méthodes de contraception masculine

Une industrie pharmaceutique peu intéressée

Quid de la pilule masculine ? Les différents experts interviewés par les journalistes soulignent l’occasion manquée mais aussi le manque d’intérêt de l’industrie pharmaceutique dans le développement d'une pilule masculine : "Les laboratoires pharmaceutiques ont pensé que le marché de la pilule féminine était suffisamment rémunérateur et rapporteur et qu’il n’y avait pas besoin d’investir des sous dans un marché hypothétique, celui de la contraception des hommes." explique le journaliste.

"Il est impératif que les hommes s’emparent du sujet"

Pour que les choses changent, plusieurs leviers sont nécessaires. Pour Guillaume Daudin, "il est impératif que les hommes se saisissent du sujet de la contraception". Le journaliste rappelle : "Dans un couple hétéro, la contraception, c’est l’affaire de l’homme comme de la femme."

Pour ce faire, il faut que les pouvoirs publics informent et considèrent que la contraception se partage, à parts égales.

Le pouvoir de l’opinion publique est-il la clé pour lever des fonds dans la recherche et le développement de la contraception masculine ? C’est le message des enquêteurs et l'espoir d’une très large partie de la population.

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