Vie de mensonge - Nadia : "Je vois mes amants sous une fausse identité. Les hommes ne sauront jamais qui je suis"

Après une rupture amoureuse qui l'a dévastée, Nadia a décidé de s'inscrire sur une application de rencontre en ne révélant jamais sa vraie identité. Elle veut profiter des hommes dans l'anonymat le plus complet.

Vie de mensonge - Nadia :
Vie de mensonge - Nadia : "Je vois mes amants sous une fausse identité. Les hommes ne sauront jamais qui je suis". Crédit : Getty

Nadia a 32 ans et elle ment depuis 4 ans : "J’ai été en couple pendant 7 ans avec un homme que j’ai rencontré quand je faisais mes études. Et du jour au lendemain, il a décidé que notre histoire était finie et qu’il avait envie de faire d’autres rencontres. Je m’étais projetée avec lui. À la fin, puisqu’on avait fini nos études et qu’on avait trouvé du travail, j’attendais juste le bon moment pour faire un enfant. Cette rupture a été très difficile à vivre. Je ne savais pas comment la gérer. J’ai été enfermée chez moi pendant plusieurs semaines, j’ai dû avoir un arrêt de travail. Je n’étais plus capable de rien. J’ai mis 6 mois à m’en remettre à peu près. J’avais perdu presque 10 kilos. Je n’avais plus confiance en rien et surtout pas en moi. C’est mes proches, mes parents et quelques amis, qui m’ont aidée à sortir la tête de l’eau. Après, j’avais pris ma décision, je n’allais plus m’engager dans une relation sérieuse. C’est comme ça que j’ai commencé à mentir.".

Elle s’inscrit sur plusieurs applications de rencontre : "J’ai fini par avoir besoin de tendresse. J’avais envie de sexe. J’avais envie d’être serrée par un homme. Même si c’était un homme qui m’avait mis dans cet état. J’ai pesé le pour et le contre et je me suis dit que ce n’était pas possible du tout de me remettre en couple mais que c’était certainement possible de trouver des plans sexe sur une application. Mes amies se plaignaient d’ailleurs que c’était ce qu’on trouvait le plus facilement. Les hommes étaient tous ok pour du sexe mais aucun ne voulaient s’engager. J’ai décidé d’en profiter.".

Nadia se crée un profil avec des photos d’elle où n’apparait pas son visage et avec des informations qu’elle a inventées : "J’ai choisi de mentir sur tout. J’ai menti sur mon âge, sur mon nom, sur ce que j’aime dans la vie. Avant les rendez-vous, je me fais un petit brief de rappel sur ce que j’ai dit ou ce que je pourrais dire. De toute manière, je n’ai jamais l’intention de passer la soirée à discuter. Ça m’est arrivé de me tromper dans les infos mais le type devant qui j’étais a reconnu qu’il n’était pas tout à fait sûr de ce que je lui avais dit. Il parlait avec trop de femmes en même temps. Je ne risque pas grand chose. Ils ne font attention à rien et ils s’en fichent de moi, autant que je me fiche d’eux. Ma seule règle c’est que je ne vois jamais un homme deux fois, même s'il me plait. J’ai la chance d’habiter dans une grande ville, il y a tout le temps des nouveaux profils, je n’ai pas peur de faire le tour. Et je ne le fais pas tant que ça : j’essaie de me caler un rendez-vous toutes les deux à trois semaines."

Pour Nadia, mentir lui permet de se protéger : "Je sais que la relation ne va pas être sérieuse et je sais que les hommes ne sauront jamais qui je suis. Ils ne seront jamais assez proches de moi pour me faire du mal. Le pire qu’ils puissent faire actuellement, c’est de me faire passer une mauvaise soirée et que le sexe soit nul. Ça arrive mais ce n’est pas grave. Je me sens protégée par mon anonymat et mes mensonges. Et je pense vraiment que pour ces hommes, ce ne serait pas si grave d’apprendre que je ne m’appelle pas comme je leur ai dit. Ou qu’au final, je sois un peu plus vieille ou un peu plus jeune d’un ou deux ans. Je sais que c’est du mensonge et que c’est grave en soi, mais je ne manipule personne. Je ne cherche pas à obtenir d’eux des trucs qu’ils ne veulent déjà pas me donner. Je ne demande rien de plus. Je suis sûre que la plupart voient l’avantage : je ne suis pas chiante, je dis ce dont j’ai envie et je le fais. Je suis même plutôt généreuse avec eux : ils prennent toujours leur plaisir. C’est un échange de bons procédés entre adultes consentants. Mon âge ou mon nom, mon travail ou mes passions, on s’en fiche un peu, non ? Je les garde pour moi. Ça fait partie du jeu. D’ailleurs, je sais bien que tout le monde ment un peu sur ces applis. Moi, je pousse juste le truc un peu plus loin. Je mens sur tout, oui, mais je ne mets personne en danger. Ça ne me viendrait pas à l’idée de mentir sur mon état de santé ou ma contraception par exemple. Avec moi, les hommes ne risquent rien."

Qui sont ces gens qui mentent sur leurs vies, leurs histoires ou leurs personnalités ? Comment en vient-on à mentir ? Pour certaines personnes, il n’est pas possible d’être totalement honnête même auprès de proches ou de personnes aimées. Essayons de comprendre un peu mieux ceux et celles qui mentent malgré l’amour.

Si vous aussi vous voulez raconter vos histoires exceptionnelles, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.

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