Viggo Mortensen a aidé sa mère atteinte de démence jusqu'à sa mort : "On veut avoir la personne qu'on avait avant, mais ce n'est pas possible"

Au casting de "Green Book", ce lundi 10 juillet sur France 3, Viggo Mortensen est notamment connu pour son personnage d'Aragorn dans la trilogie du "Seigneur des Anneaux", qui l'a révélé au monde entier au début des années 2000. En plus de sa carrière d'acteur, il a également réalisé un long-métrage, "Falling" (2020). Le comédien a révélé s'être inspiré de sa mère, atteinte de démence, décédée en 2015.

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Viggo Mortensen a aidé sa mère atteinte de démence jusqu'à sa mort : "On veut avoir la personne qu'on avait avant, mais ce n'est pas possible". (Photo by Mark Von Holden/Variety via Getty Images)

Après des décennies sur les plateaux de tournage, Viggo Mortensen est passé derrière la caméra pour réaliser "Falling", son premier long-métrage. Il y raconte l'histoire de John Peterson, dont le père, Willis, est atteint de démence et que son fils accueille dans sa ferme le temps de lui trouver une maison de retraite. La famille est alors confrontée aux sautes d'humeur liées à la maladie du vieil homme... Le film est certes une fiction, mais le réalisateur a révélé s'être inspiré d'une personne chère à son coeur pour écrire son scénario : sa mère Grace, atteinte de démence, résultant de diverses maladies et lésions qui affectent le cerveau. Selon l'OMS, plus de 55 millions de personnes en sont atteintes dans le monde.

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"Nous étions très proches"

Viggo Mortensen aurait donc commencé à écrire ce long-métrage dans l'avion, après s'être rendu à l'enterrement de sa mère, en 2015. "Je n'arrivais pas à dormir. Elle me manquait tellement", a-t-il raconté dans un entretien accordé à Las Vegas Review Journal, en 2021. "Je venais d'assister à l'enterrement de ma mère, où l'on entendait tout ce qu'il y avait à dire sur elle, comme c'est le cas lors d'un enterrement. Pendant toute une journée, les gens m'ont dit : 'Viggo, laisse-moi te raconter cette histoire'. J'ai écouté tant de versions de la vie de ma mère. Nous étions très proches, mais ces histoires m'ont semblé être de nouveaux trésors."

Aborder le sujet de la démence était important pour l'acteur, qui a été au contact de cette maladie, non seulement au travers de sa mère, dont il s'est occupé, mais aussi avec son père (décédé deux ans après Grace), son beau-père, et une partie de sa famille : "J'ai vécu le processus de la démence de très près avec mes parents, mon beau-père, mes grands-parents et d'autres membres de notre famille. Cela m'a aidé à créer le personnage de Willis", a-t-il confié à Europe 1, en 2021.

Sur son site, le comédien a ainsi livré une anecdote à propos de son père : "Il me confondait de temps en temps avec son propre père, glissant dans le passé lointain de son enfance et de son adolescence, me parlant en danois au lieu de l'anglais."

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"On doit écouter, pas corriger"

Avec ce film, Viggo Mortensen espérait s'adresser aux personnes ayant des histoires similaires à la sienne, comme il l'a expliqué au Las Vegas Review Journal : "J'ai eu une expérience intime, de près, en tant qu'aidant. Vous n'êtes pas seul. Mais maintenant, vous pouvez aussi voir un film sur le sujet. Et c'est ce que les films font pour nous en tant qu'êtres humains. Les films nous disent : 'Attendez, je ne suis pas obligé de vivre seul dans mes pensées et de rester seul avec mes peurs'."

Questionné sur son statut d'aidant, le réalisateur a livré une des leçons qu'il a retenue pendant cette période : "J'ai appris qu'en tant qu'aidant, on ne peut pas avoir de réponses à toutes les questions quand on a affaire à une personne atteinte de démence. Peut-être qu'à ce moment-là, tout ce que vous obtiendrez sera une liste de ce qu'elle a mangé ou de ce qu'elle veut manger au déjeuner. Et ce n'est pas grave pour l'instant. C'est un bon moment."

Dans "Falling", Viggo Mortensen avait aussi pour objectif de démystifier certains clichés associés à la démence : "Plusieurs films ont parlé de la démence, mais il me manquait toujours quelque chose. On montre toujours dans ces films un personnage dans la confusion permanente. Et ce n'est pas le cas, à mon avis. Ceux qui vivent dans la confusion, ce sont les observateurs, ceux qui soignent des gens qui ont cette maladie", a-t-il estimé sur Europe 1, avant de donner un conseil aux autres aidants. Selon lui il faut "rester flexible, s'adapter à eux. On veut avoir la personne qu'on avait avant, alors que ce n'est pas possible. On doit écouter, pas corriger."

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