Anne-Élisabeth Lemoine dénonce le sexisme vécu à ses débuts : "Il m’a fixé un rendez-vous professionnel dans une chambre d’hôtel"
Aux commandes de "C à vous" depuis 2017 sur France 5, Anne-Élisabeth Lemoine a une longue carrière dans l'audiovisuel. Au fil des années et des différents médias dans lesquels elle a pu exercer, la journaliste a constaté des comportements sexistes à son égard. Elle les dénonce aujourd'hui.
Avant d'intégrer l'équipe de "C à vous", en tant que chroniqueuse, puis de prendre les rênes de la présentation, Anne-Élisabeth Lemoine a travaillé pour d'autres médias. Elle fait ses armes sur France 3, RTL ou encore France Inter. Mais c'est de son passage chez RMC qu'elle garde des souvenirs assez marquants, teintés de sexisme.
Vidéo. La minute d'Anne-Élisabeth Lemoine
"J'essuyais des remarques sexistes"
Lors d'un entretien accordé au magazine ELLE, paru le 31 mai, Anne-Élisabeth Lemoine s'est remémorée ses débuts au sein de la rédaction de RMC, où les hommes étaient largement majoritaires. Un boy's club comme il en existe beaucoup, où il est difficile de se faire une place. "On me demandait de faire des sujets "santé" et j’essuyais parfois des remarques sexistes" raconte ainsi la journaliste. En 2022, elle faisait déjà des confidences similaires au magazine Télé Star : "On m'a confié les questions de santé censées être plus 'féminines'. Il y avait peu de femmes grands reporters, on nous mettait rarement sur les grosses actualités."
La présentatrice rapporte également dans ELLE avoir fait l'objet de propositions douteuses dans le cadre de son travail : "Il m’est arrivé de me retrouver dans des situations limites. Sans que cela aille jusqu’à une agression. Je pense notamment à la ringardise d’un homme qui m’avait fixé un rendez-vous professionnel dans une chambre d’hôtel."
Anne-Élisabeth Lemoine a également révélé être consciente d'avoir longtemps eu le syndrome de l'imposteur, le sentiment de ne pas être légitime. Ce sentiment, très répandu chez les femmes, peut les dissuader de demander une augmentation ou une promotion (quand les hommes, eux, n'hésitent pas une seconde et sont bien moins en proie au doute...). Ce combat pour l'égalité dans le monde professionnel est encore d'actualité, remarque Anne-Élisabeth Lemoine, en livrant des anecdotes significatives : "C’est tellement féminin, un truc de filles qui lèvent la main en réunion ! Heureusement, ma légitimité n’est plus en question. Aujourd’hui encore, quand Catherine Nay (journaliste, éditorialiste et essayiste politique; ndlr) est invitée, elle n’exige pas de temps de parole, contrairement à certains de ses confrères. Et parfois, lorsque je pose une question à un spécialiste, il répond à Patrick Cohen !"
Une injustice partagée par Marina Carrère d'Encausse, qui avait elle-même témoigné d'expériences similaires. Aux commandes du "Magazine de la santé" sur France 5, elle a longtemps co-présenté cette émission avec Michel Cymes. "Il y a souvent des invités qui se tournaient vers Michel en disant 'le médecin, c'est vous'... Pendant longtemps, on n'imaginait pas que j'étais effectivement médecin !" s'était-elle exclamée dans le podcast "Femmes de Télé", en 2022.
"Voir une femme dans un milieu masculin nous permettait enfin de s’identifier"
Dans son entretien accordé à ELLE, Anne-Élisabeth Lemoine a aussi salué le mouvement #MeToo et la libération de la parole qui a suivi, qui ont, selon elle, permis d'aborder de nombreux sujets, y compris la question des relations femmes-hommes dans le privé, au sein du couple hétérosexuel. "Je me réjouis que les jeunes femmes d’aujourd’hui, avec #MeToo, soient bien plus aguerries sur ces sujets. Personnellement, si j’ai un regret, c’est d’avoir perdu un peu de temps, dans ma vie privée, avant d’être totalement maîtresse de mon existence, avant de savoir exactement qui j’étais face à un homme."
Vidéo. Anne-Élisabeth Lemoine fait des confidences étonnantes sur son couple dans C à vous
Si la présentatrice a foi en l'avenir, elle est aussi reconnaissante à certaines femmes d'avoir ouvert la voie avant elle. Ainsi, elle ne tarit pas d'éloges sur la journaliste Christine Ockrent, qui a été l'une des premières femmes à présenter le journal de 20h : "Je la trouvais hyper pro, et voir une femme dans un milieu très masculin nous permettait enfin de s’identifier. Cela dit, à cette époque, jamais je n’aurais pu m’imaginer à la tête du principal access prime time de France."
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