Sara Forestier victime de harcèlement sexuel de la part de réalisateurs : "Tu n'es pas le genre d'actrice qu'on a envie de regarder et de se br*nler'"
Sara Forestier est au casting de "Disparition inquiétante", sur France 2, ce mercredi 7 juin. L'actrice a à plusieurs reprises dénoncé le sexisme dont elle a été témoin et le harcèlement sexuel qu'elle avait pu vivre dans le monde du cinéma.
Révélée dans "L'Esquive", d'Abdellatif Kechiche, en 2004, Sara Forestier a depuis poursuivi une brillante carrière d'actrice. Après avoir remporté le César du meilleur espoir féminin en 2005, elle décroche celui de la meilleure actrice en 2011, pour son rôle dans "Le Nom des gens". Mais derrière le strass et les paillettes, la comédienne décrit un monde où le sexisme est roi. Sara Forestier a ainsi évoqué à plusieurs reprises le harcèlement sexuel auquel elle a été confrontée sur les plateaux de cinéma.
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"J'ai connu des choses ahurissantes"
"La Tête haute", "Gainsbourg, vie héroïque"... Sara Forestier a eu l'occasion de jouer de beaux rôles dans des films de qualité. Si les propositions ne manquent pas, certaines sont cependant totalement déplacées. Ainsi, dans un entretien avec Léa Salamé pour "Stupéfiant", sur France 2, en 2017, l'actrice a livré une anecdote qu'elle n'est pas prête d'oublier : "J'ai connu des choses que je trouve ahurissantes. J'ai eu une fois un metteur en scène qui voulait coucher avec moi et qui me l'a dit très très clairement, j'ai compris que si je ne couchais pas avec lui, je ne tournerais pas dans son film." La comédienne a précisé ne pas avoir cédé à ce chantage et n'avoir donc pas tourné dans le long-métrage.
Et cela ne s'arrête malheureusement pas là. Sara Forestier a ainsi raconté un second échange avec un autre réalisateur. Lors d'un rendez-vous fixé par ce dernier, il lui aurait dit : "'Ecoute Sara j'ai un problème, je ne te désire pas assez.' (...) Il m'a dit carrément, 'tu vois Sara t'es le genre d'actrice avec qui on a envie de se br*nler mais tu n'es pas le genre d'actrice qu'on a envie de regarder et de se br*nler', que je n'étais pas assez une femme objet. Il me le disait comme si c'était "artistique". Il joue sur cette frontière hyper floue qui existe, qui dit que les actrices doivent être désirables. Elle est où la frontière ?"
Des propos sexistes qui ont heurté la jeune femme. Cette dernière a d'ailleurs dénoncé "l'injonction à être sexy, à être glamour" qui pèse sur les femmes, et d'autant plus sur les actrices. Pour lutter contre cette injonction, elle s'est d'ailleurs présentée à l'interview avec Léa Salamé sans être maquillée ni coiffée.
L'actrice, qui à commencer à passer des castings très tôt, à l'adolescence, en cachette de ses parents, s'est souvenue d'une proposition, qui lui a paru très étrange. "Un des premiers films qu'on m'a proposé, c'était un court-métrage. Je devais retirer ma culotte et la jeter dans les airs. (...) J'ai refusé. (...) J'avais 13 ans, moi, ça m'avait un peu choquée."
"J'ai eu de la chance"
Invitée à réagir sur l'affaire Weinstein, Sara Forestier estime que le chemin est encore long pour se débarrasser des injonctions et des violences sexistes et sexuelles qui règnent dans l'industrie du cinéma. "La force et l'amplitude que prend cette affaire raconte qu'il y avait vraiment un silence et qu'il y avait vraiment quelque chose qui était étouffé. (...) Pour moi, c'est comme si ça faisait exploser l'espèce de vernis qu'il y a eu après Mai 68, 'c'est bon, le combat est gagné'."
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Léa Salamé l'interroge : "Harvey Weinstein, est-ce que vous saviez ? Est-ce que vous l'avez croisé ? Avez-vous entendu dire qu'il était comme ça ?" Sara Forestier répond : "Je ne l'avais pas entendu dire, du tout. En même temps je ne tourne pas aux États-Unis. Mais je l'avais croisé dans un couloir. (...) J'ai balancé une vanne et en fait tout de suite il a dit 'qui est cette fille ?'. Et là, il y a une assistante qui a couru et qui a fait 'non non non, tu la connais, t'as vu tous ses films, c'est bon on s'en fout.' La fille, c'est comme si elle m'avait protégée, je n'ai pas compris. Il est parti et visiblement j'ai eu de la chance."
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