Barbara, mannequin et cadre en Martinique, a dû camper au bois de Vincennes faute de logement

Mannequin et ancienne cadre dans la fonction publique, en Martinique, Barbara Orel a déchanté quand elle est arrivée à Paris avec sa chienne. Dans l'impossibilité de trouver un logement face à un marché de l'immobilier saturé et inabordable, elle s'est résolue à camper au bois de Vincennes. Vulnérable, encore plus en tant que femme sans-abri, elle a dû composer avec la faim, le froid et les vols.

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Barbara, mannequin et cadre en Martinique, a dû camper au bois de Vincennes faute de logement. Photo : Getty Creative.

Barbara Orel a débarqué à Paris avec des rêves. Cet ancien mannequin et cadre de la fonction publique, brouillée avec sa famille en Martinique, pensait trouver son salut dans la capitale. Titulaire d’un DESS (bac + 5) en gestion et évaluation des entreprises et collectivités, elle est actuellement sans emploi, au RSA.

"Il y a des risques pour une femme seule"

Au début, Barbara avait un hébergement, et un travail. Il y a un an, lorsqu'elle a débarqué en métropole, elle devait habiter un appartement à la frontière avec le Loiret, rapporte Le Parisien. Mais impossible, une fois sur place, de récupérer les clés. Victime d'une arnaque, comme de nombreuses personnes qui cherchent désespérément un logement a Paris, où le marché de l'immobilier est complètement saturé, Barbara Orel est accueillie quelques temps chez une connaissance. Mais elle finit par constater qu'elle dérange, et doit quitter les lieux. Elle se paye des nuits d'hôtel, et travaille chez Mc Donald’s, puis chez Zara en tant que vendeuse. L'équilibre est plus que précaire, elle finit à la rue. "J’allais au travail avec tous mes sacs, ça dérangeait un peu la direction", a-t-elle expliqué au Parisien. Elle se retrouve à dormir dans des parkings, et perd son emploi, car il ne lui permet pas de se dégager du temps pour trouver une habitation décente.

Dans un centre du Samu social, un homme lui assure avoir une chambre pour elle. En réalité, il vit au bois de Vincennes, où Barbara finit par atterrir. Et rester. Un autre homme lui prête un matelas, puis, avec ses dernières économies, l'ex mannequin se paye une tente. Ce qui n'empêche pas les vols. "Et il y a des risques pour une femme seule, mais au moins, j’ai mon indépendance", lâche-t-elle. Au bois, elle est vulnérable, comme malheureusement toutes les femmes à la rue. En effet, selon l'Insee, les femmes sans-abri sont davantage victimes d'agressions que les hommes.

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"La plus grande difficulté, c'est l'accès au logement"

Les travailleurs sociaux qui l'ont trouvée, au printemps dernier, ont tenté de lui proposer des solutions d'hébergement. Deux logements ont été trouvés. Mais Barbara a un yorkshire, Sarah : "Dans l’un, on n'acceptait pas les animaux et c’est hors de question que je laisse ma chienne qui m’accompagne partout et me protège depuis que je suis au bois. L'autre, c’était un foyer où tout était en commun. Avec toilettes insalubres et une communauté sans hygiène qui régnait sur le lieu. Les gens, des inconnus avec qui on partage une chambre, étaient sales. Je ne pouvais pas vivre là."

La quadragénaire, bien que sans-abri, tient à son hygiène. Elle est toujours bien habillée et apprêtée : "C’est toute une organisation, ça prend du temps de rester propre, en allant chercher de l’eau à la fontaine." Mais l'ancienne cadre redoutait le froid à venir. Pour alerter sur sa situation, elle a lancé des appels au dons sur Instagram. Il est d'ailleurs impossible, à première vue, face à ses photos idylliques de mannequin postées sur son profil, d'imaginer dans quelle misère se trouve Barbara.

Elle semble récemment avoir fait une croix sur Paris. Pour le moment. Dans un message posté sur Facebook, elle explique avoir l'intention de repartir en Martinique, où elle cherche un logement : "Il est important que je sois dans un espace serein afin de me poser, de me reposer, de me renouveler, de me permettre de retrouver mon énergie créative et pouvoir enfin me concentrer sur mon activité professionnelle. (...) Comme je le répète souvent la plus grande difficulté pour ma part, c'est l'accès au logement. Entre le premier mois de loyer, la caution, le dépôt de garantie, les marges de manoeuvre sont démesurément rognées pour une personne en situation de précarité, malgré toute sa bonne volonté."

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