Bigflo évoque son combat contre ses complexes : "À tous les gens qui ont des visages atypiques, on s'en sort à un moment donné"
Le duo de rappeurs toulousains Bigflo et Oli enchaîne les succès album après album. Souvent comparés, les deux frères ont toujours fait de leur différence une force. Si Oli semble plus à l'aise avec la notoriété, son aîné Bigflo a eu plus de difficultés, notamment vis-à-vis de l'image qu'il pouvait renvoyer. Complexé par son physique, il a appris à l'accepter au fil du temps, à force d'autodérision. Ce 14 juin 2023, l'artiste a livré un message inspirant dans le podcast "Small Talk".
Bigflo et Oli ont commencé très tôt à se produire en public. Comme de nombreux autres duos à succès, ils ont alors été confrontés à une inévitable comparaison. S'il peut déjà être difficile d'encaisser des remarques sur leur travail ou leur caractère, les critiques sur le physique sont souvent encore plus violentes. Bigflo, de son vrai nom Florian Ordonez, l'aîné des deux frères toulousains, en a souffert, avant de choisir d'en rire et de developper d'autres atouts qui font aujourd'hui sa force.
Vidéo. La minute de Bigflo et Oli
"C'est très bizarre d'avoir des frères qui se ressemblent aussi peu"
Invité avec son frère Oli dans le dernier épisode du podcast de David Castello-Lopes, "Small Talk", mis en ligne le 14 juin 2023, Bigflo s'est livré sur ses complexes et sa vision de lui-même. "Vous avez des visages très différents. Vous avez parmi les visages les plus différents qu'on puisse faire. Tu veux faire deux personnes différentes, tu fais vous quoi", les lance David Castello-Lopes, en plaisantant.
Bigflo abonde : "C'est très bizarre d'avoir des frères qui se ressemblent aussi peu. Je le dis souvent, mais j'ai toujours peur de ce jour, où sur son lit de mort, un de nos parents va nous lâcher la "dingz"." Mais en réalité, peu de place est laissée au mystère quant aux différences physiques entre les deux rappeurs. "Quand tu regardes bien nos parents, Oli il a quand même beaucoup pris de ma mère, et moi j'ai beaucoup pris de mon père. Je suis le sosie de mon père, c'est vraiment presque flippant et plus le temps passe, plus je lui ressemble dans les mimiques", a poursuivi l'aîné des deux frangins.
"J'ai eu beaucoup de mal au début"
Longtemps complexé, Bigflo est particulièrement dur avec son physique : "Moi j'ai un visage sincèrement horrible, je le pense sincèrement. Horrible mais avec un côté marrant. Tu vois le chien le plus moche du monde ? Il est très moche, mais il y a quand même une sympathie. C'est pas une mocheté qui repousse", se décrit-il ainsi.
Bigflo révèle avoir pris conscience de l'image qu'il pouvait renvoyer très jeune, à travers les moqueries, pas intentionnelles mais non moins cruelles, des enfants de son âge. Il garde en mémoire un moment en particulier : "Je l'ai appris assez tôt, j'ai eu beaucoup de mal au début avec ça. J'ai fait du théâtre et il y avait un exercice où il fallait se regarder dans les yeux. Il n'y a pas une personne qui l'a fait avec moi qui a pu rester sérieuse et qui n'a pas rigolé. Je ne faisais aucune blague. Ils disaient tous, sans s'en rendre compte, de manière très blessante, 'Madame, la tête de Flo je peux pas !'. Et moi je faisais 'Aha ouais, c'est vrai que j'ai un visage rigolo...'."
"Je suis assez bon pour les blagues, c'est ça qui me sauve"
Pour autant, ses complexes n'ont pas empêché l'aîné du duo toulousain d'avoir des histoires d'amour. Mais il remarque un comportement récurrent chez les femmes qu'il a séduites : "Toutes les meufs que j'ai eues ne m'ont jamais vraiment dit 'tu es beau', elles m'ont dit 'tu es atypique'. (...) Elles aiment le côté... Tu as un visage, on sent qu'il y a une profondeur, un charisme... Mais c'est jamais "beau", et j'en suis conscient, c'est un visage qui est dur."
Si Bigflo se dit davantage en paix avec lui-même, notamment par rapport à la gent féminine, c'est certainement aussi grâce au temps qui passe : "La barbe sauve, j'ai pris un "glow up" quand même. Avec le temps, j'ai l'impression que les meufs vont plus vers des côtés un peu plus atypiques. Une fois qu'elles ont vécu, elles ont vu et elles se disent 'Ah et lui quand même (...) peut-être que ça peut me plaire'."
Le rappeur confie aussi s'identifier à d'autres artistes qui ne rentraient pas non plus dans les critères de beauté de l'époque. Leur différence a été leur force : cela ne les a en rien empêchés de connaître des carrières à succès, au contraire, et d'être admirés par la gent féminine. Des parcours inspirants pour le rappeur, qui les a pris pour modèles : "Je me mets dans la même case qu'un Jacques Brel ou un Gainsbourg, je ne me compare pas en termes de carrière, mais tu vois ce mec un peu qui a une gueule, qui est là, qui est assis au bar et tu te dis 'mais c'est qui ce mec ?' C'est un peu ça, ma force. Du coup avec l'humour... Je suis assez bon pour les blagues, c'est ce qui me sauve heureusement. Franchement, si je n'avais pas eu ça, ça aurait été dur. Big up à tous les gens qui ont des visages atypiques, filles comme mecs, on s'en sort à un moment donné."
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"Savoir que t'es pas le seul à souffrir, ça nous rassure tous"
Beaucoup plus apaisé, Bigflo ne saurait pas vraiment expliquer comment il a eu le "déclic", celui qui permet de se détacher -un peu- de ce que les gens peuvent penser, et d'avancer sur des choses plus essentielles. "J'étais vraiment très complexé et il y a vraiment eu une cassure, un jour, où j'en ai vraiment plus rien eu à f*utre, mais de manière presque bizarre, je ne saurais pas l'expliquer. C'est peut-être le succès, c'est aussi mon père qui a toujours été très décomplexé", analyse le toulousain.
Son frère Oli renchérit : "Notre père est très très maigre, c'est-à-dire que les gens pensaient à un moment qu'il était malade. Mais lui a toujours rigolé de ça. (...) Moi ce qui m'a fait du bien, (...) c'est de comprendre qu'on était tous dans le même bateau en fait. Quand tu parles à un pote à toi, beau gosse, et qu'il te dit 'Moi tu sais, c'est dur...' Et tu fais 'Ah toi aussi ?' Savoir que t'es pas le seul à souffrir, ça nous rassure tous, ce qui est un peu bizarre."
D'autant plus qu'avec le temps les deux frères ont compris que la beauté ne réglait pas tout les problèmes et qu'elle était même assez subjective, comme l'explique Bigflo : "Moi, je croyais qu'il y avait une confrérie des gens beaux. Pour moi, quand quelqu'un était beau, il le savait, sa vie c'était que du bonheur. Tout était vraiment bien... Mais en vrai, même les gens qu'on trouve tous beaux ont aussi des complexes."
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