Brandy Melville : "énergie pédophile", accusations d'agressions sexuelles, racisme... Un documentaire choc dévoile la face cachée de la marque

Le documentaire "Brandy Hellville & the Cult of Fast Fashion", produit par HBO, dévoile la face cachée de cette marque particulièrement tendance en France chez les adolescentes dans les années 2010.

Sign on facade at retail store Brandy Melville on Santana Row in the Silicon Valley, San Jose, California, December 14, 2019. (Photo by Smith Collection/Gado/Getty Images)
Brandy Melville : "énergie pédophile", accusations d'agressions sexuelles, racisme... Un documentaire choc dévoile la face cachée de la marque. (Photo by Smith Collection/Gado/Getty Images)

Si vous étiez une adolescente dans les années 2010, vous ne pouvez pas ne pas connaître Brandy Melville, dont les youtubeuses s'arrachaient les vêtements à taille unique il y a presque quinze ans. Si cela ne vous dit rien du tout, HBO a enquêté pour vous. La chaîne de télévision vient de dévoiler "Brandy Hellville and the Cult of Fast Fashion", un documentaire qui montre la face cachée de l'entreprise, accusée par d'anciens employés d'agressions sexuelles de la part de supérieurs, de body-shaming et de racisme mais aussi à qui l'ont reproche ses méthodes de production peu respectueuses de l'environnement.

Une discrimination à l'embauche

Pour "vendre du rêve", la marque n'hésite pas à être discriminante lors de ses recrutements, comme le montre Eva Orner, la réalisatrice de "Brandy Hellville and the Cult of Fast Fashion", qui a approfondi une enquête publié par Business Insider en 2021. Ainsi, une source anonyme confie que les employées doivent être les plus jeunes (la plupart avaient environ 16 ans), minces, et blanches possibles, et que les équipes comptent le moins de noires possibles. Les employées de couleur travaillaient en général dans les stocks. Les jeunes recrues devaient également envoyer tous les matins une photo de leur tenue, prétendument pour participer à "l'étude de la marque" au PDG.

Le documentaire évoque également des blagues célébrant Hitler et des plaisanteries anti-Noirs. Mais ce n'est pas tout : "Brandy Hellville and the Cult of Fast Fashion" met au jour des accusations d'agressions sexuelles présumées émanant de dirigeants de l'entreprise, et une "énergie pédophile". Un autre ancien employé du magasin phare de New York se souvient qu'un bouton avait été installé à la caisse, qui servait à signaler une potentielle "Brandy girl" parmi les clientes.

Comme le rapporte The Guardian, Eva Orner et son équipe ont parlé à des centaines d'anciens employés, dont la plupart n'ont pas voulu se montrer devant la caméra par crainte de représailles, ou de voir leurs perspectives d'emploi réduites. "C'est une vision du monde très, très étrange et très laide qui émane de cette entreprise", a-t-elle déclaré.

L'esthétisation de la maigreur

Brandy Melville, qui propose des vêtements basiques dans des tons assez neutres, a eu un succès phénoménal auprès des jeunes filles françaises, et continue de prospérer aux États-Unis aujourd'hui encore. Il faut dire qu'à part les adolescentes très fines, peu de clients peuvent se permettre de revêtir les habits à taille unique, les tenues minuscules composées de très peu de tissu commercialisées par l'entreprise.

Relayés en masse sur les réseaux sociaux, portés par des jeunes filles blanches, que ce soit les clientes ou les mannequins, les vêtements de Brandy Melville participent à une certaine glamourisation de la maigreur. Sous couvert d'inclusivité avec ses tailles uniques, la marque produit l'effet inverse chez les adolescentes : s'affamer pour pouvoir entrer dans la tenue convoitée, qui n'est pas extensible et ne sied à personne au-delà de la taille M. Des anciens vendeurs ont d'ailleurs confié avoir développé des troubles du comportement alimentaire.

"Ce type n'a jamais donné d'interview ? Il n'existe pas"

La structure même de la marque reste très floue, "conçue pour ne pas être traçable" : le PDG serait un italien, Stephan Marsan, qui se fait très discret et n'a jamais parlé publiquement de Brandy Melville. Selon le documentaire, les vêtements sont produits par de la main d'oeuvre immigrée dans des ateliers clandestins de Prato, une ville près de Florence, dans la moitié nord du pays, pour avoir le label "made in Italy".

"Comment peut-on gérer une entreprise qui est présente dans le monde entier qui est partout sur Internet, sur les réseaux sociaux, et ce type n'a jamais donné d'interview ? Il n'existe pas. Et c'est tout à fait intentionnel et élaboré", a affirmé Eva Orner. Stephan Marsan a -évidemment- refusé de participer au film.

Brandy Melville, à l'inverse de la marque Abercrombie & Fitch (qui a été épinglée pour des motifs similaires de discrimination à l'embauche et a depuis entrepris de changer son image pour plus d'inclusivité), n'a pas fait son mea culpa. Et ce n'est pas son chiffre d'affaires qui risque de la convaincre : ses ventes annuelles ont dépassé les 212 millions de dollars en 2023, contre 169,6 millions de dollars en 2019, selon le Wall Street Journal. Espérons que "Brandy Hellville and the Cult of Fast Fashion" change la donne.

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