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Chirurgie esthétique, à la vie à la mort - Tara : "Je me suis mise de profil, j’ai vu mon nez refait pour la première fois, et je me suis effondrée en larmes"

Chirurgie esthétique, à la vie à la mort - Tara :
Chirurgie esthétique, à la vie à la mort - Tara : "Je me suis mise de profil, j’ai vu mon nez refait pour la première fois, et je me suis effondrée en larmes"

Crédit : Getty

Un peu de botox par-ci, une augmentation mammaire par-là... La chirurgie esthétique est de moins en moins taboue. Ces opérations, longtemps cachées comme un secret honteux, sont désormais promues par les médecins qui les pratiquent comme par certaines stars et influenceurs ou influenceuses qui en ont bénéficié. À travers cette série "Chirurgie esthétique, à la vie à la mort", Yahoo tente de démystifier les raisons qui poussent les personnes à avoir recours à un acte de chirurgie, souvent irréversible, pour changer l'aspect de leur corps. Nous publierons une série de témoignages de personnes pour qui la chirurgie esthétique a changé la vie positivement ou négativement.

Si vous aussi vous voulez témoigner, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : carmenb@yahooinc.com.

Tara a 37 ans et s'apprête à subir une rhinoplastie pour la deuxième fois. Elle a 16 ans à l’époque où, "pour un caprice de jeune ado" comme elle le souligne, elle décide se faire refaire son nez. "Je n’avais pas spécialement un complexe mais j’avais un nez rond qui ne me plaisait pas." Sa motivation, couplée à une petite insouciance de jeunesse, convainc ses parents.

Trois jours plus tard, je me faisais opérer

Par hasard, elle croise un ami d’enfance dans la rue et remarque que ce dernier "n’a plus sa bosse au niveau du nez." "C’était bien fait et c’est lui qui me renseigne le nom du chirurgien."

Tara décroche son premier rendez-vous avec le chirurgien esthétique en question et trois jours plus tard, elle se retrouve au bloc opératoire. "J’étais motivée mais un peu indécise. J’ai eu l’impression qu’il a voulu accéléré le processus en me disant : "J’ai eu un désistement. Je peux vous opérer dans trois jours. C’est bien pour vous parce que ce sont les vacances scolaires."" L’adolescente accepte, sans se douter du risque qu’elle prend.

Si elle insiste sur sa "motivation" de l’époque, Tara ne peut s’empêcher de penser qu’elle a été poussée par le praticien dans sa prise de décision.

"J’avais 16 ans, c'était plus un caprice qu’autre chose. J’ai vu un chirurgien et trois jours après, j’étais en salle d’opération. Il n’y a même pas eu le délai de réflexion où je me pose la question du "je le fais, je ne le fais pas". Il m’a embarquée dans le truc. Je refaisais mon nez trois jours après."

Dans le code de la santé publique, un décret en date de 2005 stipule qu’"un délai minimum de quinze jours doit être respecté après la remise du devis détaillé, daté et signé par le ou les praticiens devant effectuer l'intervention de chirurgie esthétique."

Quant à l'âge, il est conseillé d'atteindre une maturité physique, à savoir des modifications physiques terminées. On estime que celles-ci sont complètes vers 16-17 ans. Un mineur peut recevoir une opération esthétique uniquement sur autorisation parentale. Autrement, il devra attendre d'avoir 18 ans. Il est par ailleurs dûment recommandé de consulter plusieurs médecins esthétiques qualifiés avant de statuer. La liste des médecins est répertoriée sur le site du Conseil national de l’ordre des Médecins. Cela permet de s'assurer que le praticien est bien titulaire de la qualification en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique.

Des mesures de prévention que Tara n'a pas prises : "À l’époque, il y a des signaux qui auraient dû m’alarmer. Je n’ai été voir qu’un seul chirurgien, alors qu’il aurait fallu avoir plusieurs avis différents. Le praticien a accepté de m’opérer à 16 ans. Je pense que j’étais beaucoup trop jeune. Je n’avais pas le visage "terminé". Et un visage, ça change…"

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"Je me regarde de profil et je m’effondre en larmes"

Tara se rappellera toujours du premier sentiment qu’elle a eu en découvrant son nouveau visage. "Je me rappelle être sortie du cabinet avec ma mère sans m’être regardée dans un miroir. La première chose que je fais en rentrant chez moi est de prendre une douche. Je sors de la baignoire, je me regarde dans le miroir du lavabo. Je me mets de profil et je m’effondre en larmes. Littéralement en larmes en répétant : "Ce n’est pas possible"".

La désillusion est amère. L'adolescente appelle le cabinet et la secrétaire lui explique au téléphone que "Tout est normal. Le résultat définitif ne se verra que dans quelques mois".

Au fond d'elle, Tara comprend que son opération est ratée. "Je trouvais mon nez bien plus joli avant. Ça me ressemblait plus. Moi heureusement, je l’ai adopté et assumé. Mais je pense que sur quelqu’un de plus faible psychologiquement, ça aurait pu avoir des impacts dramatiques."

"Je n’arrive plus à respirer par le nez"

Si l’adolescente est consciente que son nez "était plus joli avant", elle est à mille lieues de se douter que son opération la conditionnera à vie : "La rhinoplastie effectuée m’a rallongé le nez. Ça m’a créé deux fentes, qui en plus de me poser problème d'un point de vue purement esthétique, sont un problème médical aussi parce que maintenant, je ne respire plus que par la bouche." Un problème qui va s’accentuer avec le temps. Vingt-et-un ans après cette première opération, Tara doit repasser par la case rhinoplastie : "J’ai atteint un stade où je n’arrive pratiquement plus à respirer par le nez, et la nuit, c’est très contraignant. On ne s’en rend pas compte mais la nuit, on respire principalement par le nez".

Une seconde rhinoplastie vitale

Tara a demandé un nez plus fin, "moins arrondi". Lors de son opération, le chirurgien esthétique a retiré tout le cartilage de la pointe de son nez. "Mon nez est devenu de la pâte à modeler. Je peux le bouger dans tous les sens." Si ce détail peut faire sourire, c’est précisément ce manque de cartilage qui lui "rallonge le nez" et l’empêche de respirer par cette voie. Pour sa seconde opération, elle s’est directement adressée à un rhinoplasticien (un chirurgien esthétique spécialisée dans la rhinoplastie, ndlr) qui lui a été renseigné par son frère, devenu lui aussi chirurgien esthétique.

Le spécialiste lui explique que les techniques utilisées par le passé étaient trop expérimentales. La seconde opération sera conséquente. Il faudra remettre du cartilage dans la partie manquante. Ce cartilage sera prélevé sur une de ses côtes. Un passage obligatoire pour qu’elle puisse respirer normalement.

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"Personne n’a osé me le dire"

Et si c’était à refaire ? La réponse est sans équivoque : "Honnêtement, si vous n’avez pas un réel complexe, ne le faites pas. Je le répète mais le nez c’est au milieu d’un visage, ça change un visage, l’aperçu que l’on a de soi-même… ça change tout !" Et de rajouter : "Ce qui est malheureux, c'est que je n'avais pas de complexe et j'en ai créé un".

Si à l’époque, le malaise de la jeune femme est palpable, elle remercie ses proches de ne pas avoir enfoncé le clou. "Quand je me suis fait refaire le nez, personne n’a osé m’avouer que c’était un raté. Moi j’avais pleinement conscience que c’était un loupé. Finalement, c’est peut-être un mal pour un bien que personne ne me l’ait dit. Ça m’a permis d’avancer sereinement et de ne pas avoir un regard pesant. Parce que je suis persuadée qu’il y en a beaucoup qui le pensent. Ces non-dits, C’est ce qui a peut-être fait que j’ai pu vivre 20 ans avec ce nez (mal refait)".

Cette expérience ne l’a pas vaccinée de la chirurgie esthétique et n'a pas fait d'elle une "fervente opposante à la chirurgie esthétique" : "Si le complexe est réel, alors oui, la chirurgie peut aider. Moi par exemple, j’ai eu des lèvres très fines toute ma vie et j’ai fait des injections. C’est très léger. Peu de personnes l’ont remarqué. Mais moi, ça m’aide à me regarder dans le miroir et à avoir l’impression d’avoir un semblant de bouche".

* Pour des raisons d'anonymat, le prénom a été changé.

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