Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Je l'ai supplié de me retirer mes implants mammaires. Après ça, je suis tombée en dépression"

Chirurgie esthétique, à la vie à la mort :
Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Après mes implants mammaires, je suis tombée dans la dépression" Crédit : Getty

Un peu de botox par-ci, une augmentation mammaire par-là... La chirurgie esthétique est de moins en moins taboue. Ces opérations, longtemps cachées comme un secret honteux, sont désormais promues par les médecins qui les pratiquent comme par certaines stars et influenceurs ou influenceuses qui en ont bénéficié. À travers cette série "Chirurgie esthétique, à la vie à la mort", Yahoo tente de démystifier les raisons qui poussent les personnes à avoir recours à un acte de chirurgie, souvent irréversible, pour changer l'aspect de leur corps. Nous publierons une série de témoignages de personnes pour qui la chirurgie esthétique a changé la vie positivement ou négativement.

Si vous aussi vous voulez témoigner, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : laetitia.reboulleau@gmail.com.

Les anglos-saxons ont une expression pour parler des personnes dotées d'une petite poitrine : le "Itty Bitty Titty Committee", c'est-à-dire le comité des tous petits seins. Katie, jeune française expatriée en Grande-Bretagne, en a toujours fait partie. À l'exception d'une courte période durant laquelle elle s'était fait poser des implants mammaires. Une décision qu'elle a cruellement regrettée, et ce, dès qu'elle s'est réveillée après son opération.

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Une opération faite sous influence

"Je sais que la décision de faire refaire ma poitrine vient de moi, mais cela ne m'empêche pas d'avoir conscience d'avoir été influencée, pour ne pas dire groomée, par mon ex-partenaire", affirme la jeune femme, aujourd'hui âgée de 27 ans. "J'avais 17 ans quand j'ai commencé à fréquenter un homme plus âgé que moi. Il en avait 30, il gagnait bien sa vie, et moi, j'étais fière comme un paon à l'idée d'avoir su séduire un homme de son âge, de sa prestance. A l'époque, je ne voyais pas à quel point c'était toxique, et à quel point tout ce qu'il voulait, c'était une petite poupée docile qui ferait tout ce qu'il voulait."

Son compagnon était riche, et très rapidement, il la pousse vers la médecine esthétique, puis vers la chirurgie. "Il disait qu'il voulait me gâter, que je sois bien dans ma peau. Pour mes 18 ans, il m'a offert mes premières injections pour les lèvres. Puis une rhinoplastie parce que je complexais sur mon nez. Mais si j'ai commencé à complexer sur ma poitrine, c'est à cause de lui." L'homme lui faisait des petites réflexions insidieuses : "Il me disait que c'était dommage de ne pas pouvoir porter telle ou telle robe parce que je ne remplissais pas le décolleté. Il m'offrait de la lingerie, mais toujours un peu trop grande, comme pour me signifier qu'il fallait que je remplisse davantage les bonnets. Et surtout, il a attendu que ce soit moi qui évoque l'idée d'une chirurgie mammaire."

Une chirurgie et des regrets immédiats

L'année de ses 22 ans, toujours en couple avec son compagnon, et alors qu'il vient de la demander en mariage, Katie passe sur le billard. "Je voulais être belle sur nos photos de mariage, j'ai rencontré un chirurgien, on s'est mis d'accord sur un bonnet D, qui allait me changer de mon bonnet B. Les consultations sont assez floues, dans mon souvenir, mais en revanche, je me rappelle très bien de mon réveil. L'inconfort, déjà. Puis la sensation de lourdeur au niveau de ma poitrine, comme si quelqu'un était assis sur moi. Mais le pire, c'est quand j'ai vu mon reflet dans le miroir."

Immédiatement, le chirurgien de la jeune femme comme son compagnon la rassurent : le résultat n'est pas définitif, les œdèmes donnent à ses seins un aspect plus volumineux, tout ça va se résorber. "Ils ont eu beau me dire tout ça, j'étais en larmes. Je ne me reconnaissais plus, je les ai suppliés de me retirer tout ça. De retour chez nous, je suis tombée dans la dépression. J'ai perdu 8 kilos, j'étais squelettique, le tout avec la poitrine de Betty Boops. C'était cauchemardesque, et mon compagnon ne faisait rien pour arranger les choses. Il a commencé par me dire que j'étais plus belle comme ça, puis d'arrêter de me plaindre. Il se montrait de plus en plus insistant en m'offrant de la lingerie, des tenues... C'est là que j'ai réalisé que son comportement n'avait rien de normal. D'autant plus que quand j'ai évoqué l'idée d'une thérapie, il s'est immédiatement braqué."

Une thérapie en cachette et une séparation

Finalement, c'est sans en parler à son fiancé que Katie commence à voir une psychologue, puis une psychiatre. "Elles m'ont aidé à réaliser que mon futur mari m'avait éloignée de ma famille, de mes amis. Ce sont elles qui ont évoqué la notion de "grooming" et qui m'ont fait prendre conscience que ce mec, beaucoup plus âgé que moi, m'avait manipulée pour me former à son image. Je ne me suis jamais sentie aussi bête et naïve, mais même avec cela, il m'a fallu du temps pour sortir totalement de son emprise."

La jeune femme a toutefois fini par annuler le mariage et quitter l'homme qu'elle fréquentait depuis tant d'années. "Malgré notre séparation, j'ai dû attendre avant de reprendre le contrôle de mon corps. Je suis partie m'installer à l'étranger, d'abord en Espagne, puis à Amsterdam, et maintenant à Londres. Et il y a quelques mois, plus de trois ans après mon opération initiale, j'ai enfin pu faire retirer mes prothèses mammaires. Depuis, je revis. Tout ce que j'ai gagné dans cette histoire, c'est une série de cicatrices, mais ces dernières sont un rappel de tout ce que j'ai vécu. Un rappel que je ne dois pas oublier pour ne pas retomber dans les griffes d'un manipulateur." Le tout avant de conclure avec un message de la plus haute importance : "Si quelqu'un vous pousse à détester votre physique, au point de vous donner envie de passer sur le billard, cette personne n'a rien à faire dans votre vie."

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