Wendie Renard se confie sur le racisme dans le monde du football : "Mon visage a été transformé en singe"
Ce mardi 8 août 2023, la France a affronté le Maroc lors des huitièmes de finale de la Coupe du monde féminine 2023. Wendie Renard, la capitaine des Bleues, était sur le terrain pour porter son équipe. Mais la footballeuse ne garde pas que des bons souvenirs de ses différents matchs, dont certains ont été ternis par le racisme des spectateurs.
Le racisme dans le monde du football est un problème qui ne date pas d'hier, mais la situation ne semble malheureusement pas évoluer. Chaque saison, les compétitions sont marquées par des moqueries racistes envers certains joueurs et certaines joueuses racisé·e·s. Des souvenirs traumatisants pour les sportives et sportifs, comme en a témoigné Wendie Renard à plusieurs reprises.
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Des comparaisons honteuses
Capitaine de l'équipe de France de football, Wendie Renard s'est illustrée sur les terrains depuis le début de ce mondial féminin. La joueuse martiniquaise, qui a remporté quinze Championnats de France, neuf Coupes de France, un Trophée des championnes ainsi que la Ligue des champions en 2011, 2012, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 et 2022 avec l'Olympique Lyonnais, a une carrière qui parle d'elle-même. Mais pourtant, au fil des années, elle a été confrontée plusieurs fois à des actes racistes.
En 2019, lors d'un match contre la Norvège, la sportive a malheureusement marqué un but contre son camp. Suite à ce loupé – qui n'avait pas empêché son équipe de remporter la victoire 2-1 –, Wendie Renard avait été victime de nombreuses moqueries, mais aussi de propos racistes qui avaient fait bondir le député Serge Letchimy. Il s'était fendu d'une longue lettre dans laquelle il clamait : "Wendie Renard l’une des joueuses les plus populaires de l’équipe de France, a démontré toutes ses qualités athlétiques. Mais, lorsqu’elle a cette fois marqué contre son camp, ce mercredi 12 juin 2019, face à la Norvège (2-1), la bête immonde de la haine et du racisme s’est réveillée chez un certain public, friand du moindre écart…"
Des propos dénoncés à plusieurs reprises
Quelques mois plus tard, en décembre 2019, la footballeuse publiait son autobiographie, "Mon étoile". Interrogée par le magazine Public à cette occasion, elle revenait sur ce match marquant : "Je décide de ne pas gamberger après cette grosse faute, de passer à autre chose. Mais ça reste la plus grosse honte de ma carrière", regrettait-elle, plus touchée par son erreur que par les attaques qui ont suivi. "On me compare à un singe, des photomontages fleurissent... Heureusement qu'on a gagné le match, qu'est-ce que ça aurait été sinon ! Le racisme, je n'y avais jamais été confrontée. Et s'il glisse sur moi, ma mère, elle, a été très peinée", a-t-elle révélé.
Quelques années plus tard, en avril 2023, Wendie Renard a participé à la nouvelle campagne de l’UEFA, intitulée #RealScars (vraies cicatrices), visant à lutter contre le harcèlement en ligne. L'occasion pour elle de revenir sur cette affaire une nouvelle fois. "Une insulte reste une insulte, que ça soit sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie. Pendant la Coupe du monde 2019 en France, lors de mon premier match, j’ai marqué un doublé. Et je ne reçois que des éloges sur les réseaux sociaux. Lors de mon deuxième match, je marque contre mon camp et tout de suite j’ai reçu des insultes. Mon visage a été transformé en singe, beaucoup de critiques aussi à cause de mes cheveux."
Les abus en ligne laissent des marques #RealScars pic.twitter.com/DMOkCg52Xm
— Equipe de France Féminine (@equipedefranceF) April 11, 2023
Émue, elle dénonçait la violence de ces propos. "Je pense que ça peut laisser des vraies cicatrices, surtout si en face ce sont des personnes déjà fragiles psychologiquement. Quand on balance une phrase sur les réseaux, on ne se rend pas compte des conséquences de celle-ci", dénonçait-elle. Avant de conclure : "Ça peut laisser des traces parce qu’on est humain, qu’on a des émotions. J’ai toujours tendance à dire que ça fait plus mal pour mes parents, pour ma mère. De voir qu’on traite sa fille de singe c’est douloureux. On fait pas mal de campagnes pour diverses causes, mais je pense que les sanctions doivent être encore plus sévères."
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