Ne pas avoir d'enfant pour être plus heureux ? "Pour moi, c'est une évidence"

Avoir des enfants, est-ce vraiment un accomplissement ? Pour de nombreuses personnes, la réponse est oui. Mais les adeptes du mouvement Childfree (sans enfant, ndlr) sont de plus en plus nombreux à revendiquer leur droit de ne pas fonder une famille, et d'être très heureux comme ça. D'ailleurs, d'après une étude, les couples sans enfant sont susceptibles d'être plus épanouis que les autres.

Un job, un mariage, un bébé. Pour bon nombre de personnes, l'accomplissement d'une personne passe par ces trois étapes, qui permettraient d'avoir une vie stable et épanouie, entouré d'une petite famille aimante et bien équilibrée. Mais ce modèle a-t-il vocation à convenir à tout le monde ? Sans surprise, la réponse est non. Depuis toujours, des personnes refusent d'avoir des enfants en dépit des diktats sociétaux. Un choix plutôt bien accepté chez les hommes, mais souvent remis en question chez les femmes au nom du sacro-saint "instinct maternel". Ces pressions ont une conséquence : des femmes, des couples se décident finalement à avoir des enfants sans être sûrs d'en vouloir, et c'est tout sauf épanouissant. Car faire quelque chose contre son gré est bien souvent le secret du malheur.

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D'ailleurs, une étude réalisée par Plos One en 2021 sur plus de 7000 personnes mariées et originaires de 33 pays différents, affirmait récemment que les personnes sans enfants étaient plus susceptibles d'être épanouies dans leur couple que les autres. Plutôt que de s'infliger une pression inutile pour se conformer à une vision imposée par la société, des hommes et des femmes nous expliquent pourquoi le fait de rester nullipares les rend heureux, et réaffirment leur volonté de ne pas changer d'avis.

"J'ai mis du temps à intégrer le fait que je ne voulais vraiment pas avoir d'enfant"

Face aux pressions de la société et les commentaires – souvent bien intentionnés mais néanmoins déplacés – de leur entourage, de nombreuses femmes ont parfois mis du temps à comprendre qu'elles n'auraient jamais d'enfant. C'est notamment le cas d'Emilie, 35 ans : "J'ai mis du temps à comprendre que le fait de ne pas ressentir pour le moment l'envie ça pouvait vouloir dire que je ne voudrais jamais en avoir. Sans jamais avoir eu aucune pression de ma famille ou autres proches, j'ai quand même intégré les "Tu verras quand tu en auras" de la part de collègues par exemple."

Aujourd'hui, elle est sûre d'elle : "Je veux garder mon argent pour moi, mon temps et mon sommeil pour moi, mon espace pour moi." Façon de penser égoïste ? "Oui, purement égoïste", répond-t-elle, ce qui ne change rien à sa détermination : "Je ne projette pas d'enfants dans ma vie, ni actuelle ni future, et surtout pas les responsabilités qui vont avec." Polyamoureuse, la trentenaire s'estime chanceuse : ses partenaires, plus âgés, ont déjà des enfants de leur côté. "J'ai deux amoureux qui ont déjà deux grands enfants chacun et qui se sont fait faire une vasectomie, et c'est un vrai soulagement. Ils en voulaient, ils en ont eu, je n'en aurais pas." Une évidence pour la jeune femme qui se sent parfaitement épanouie dans cette situation.

"Je suis persuadée qu'avoir un gosse me rendrait malheureuse"

Louna, 32 ans, a elle aussi développé la certitude qu'elle ne fonderait pas de famille avec son compagnon, qu'elle fréquente depuis maintenant 15 ans. "On est des amoureux de jeunesse, et tout notre entourage s'attendait à ce qu'on se marie et qu'on se mette à pondre des enfants bien avant nos 30 ans. C'est raté !", s'amuse-t-elle en y repensant. "Depuis toute petite, je répète pourtant à tout le monde que je n'aurai pas d'enfant. Mais ce qui était une petite provocation bravache s'est transformée en véritable certitude. Avoir un gosse, ça me rendrait malheureuse."

Malheureuse, vraiment ? Pour la trentenaire, c'est une certitude. "Je mène une vie de bohème sans la moindre stabilité. Même mon mec pète parfois des câbles parce que j'oublie de me faire à manger et que notre appart n'est pas rangé. Un enfant dans tout ça ? Il serait malheureux et moi aussi. Je n'ai pas envie de me sentir attachée, de me taper 18 ans de charge mentale voire plus, de me priver. Et puis, la Terre est déjà bien assez peuplée, non ?" Louna marque un point en évoquant la question du malheur : selon une autre étude menée par Plos One il y a quelques mois, 14% des sondés regrettaient d'avoir eu des enfants. Preuve que le prétendu instinct parental n'existe pas pour tout le monde. Le sujet a d'ailleurs largement été évoqué sur Twitter avec le hashtag #RegretMaternel, via lequel des centaines de personnes ont affirmé que même si elles aimaient profondément leurs enfants, elles regrettaient de leur avoir donné naissance.

Récemment, l'autrice féministe Chloé Chaudet confiait à Yahoo : "L'idéal de l'accomplissement féminin qui passe par la maternité peut se révéler illusoire. Illusoire dans le quotidien des femmes, face au monde professionnel, à toutes ces attentes qu'elles ne sont pas forcément capables de remplir d'être à la fois une compagne parfaite, une amante parfaite, une amie parfaite, une mère parfaite. Et d'avoir par-dessus tout une carrière professionnelle épanouie. Le fait que ce soit possible d'éprouver ce regret d'être mère et d'en parler, ça remet un peu les choses en place dans la mesure où quand on n'est pas trop sûre de soi, qu'on se demande si on veut vraiment devenir mère ou non, on sait qu'il est possible de le regretter. Donc, on comprend que l'instinct maternel n'est pas une donnée universelle."

Vidéo. Chloé Chaudet ("J'ai décidé de ne pas être mère") : "C’est possible de regretter d’être mère"

"Pas question de me mettre en couple avec une femme qui veut des enfants"

Les femmes ne sont plus les seules à rejeter ouvertement le fait de vouloir fonder une famille pour être heureuses. Depuis sa majorité, Yacine en est convaincu : il n'aura pas d'enfant. Aujourd'hui âgé de 24 ans, le jeune homme s'explique : "Elever un enfant, ça requiert énormément de patience, et c'est une qualité que je ne possède pas. Par ailleurs, ça coûte une fortune et ça représente une énorme charge mentale : m'occuper de moi-même représente déjà un challenge, alors rajouter un enfant dans cette équation... Je ne m'en sens pas capable."

Loin de considérer les enfants comme une source de bonheur, lui les voit comme des "entraves" à son bonheur et à sa liberté : "Dès que tu veux faire quelque chose, il faut s'arranger pour les faire garder ou s'adapter à leurs besoins à eux", regrette-t-il. Un avis que d'aucun risquent de qualifier d'égoïste, mais que le principal intéressé revendique. "Aujourd'hui, le fait de ne pas vouloir d'enfant fait partie de mes critères de sélection pour mes futures partenaires. Si une femme en veut et pas moi, ça va forcément entraîner des disputes tôt ou tard, donc autant ne pas me lancer dans une histoire qui va droit dans le mur." Un avis d'ailleurs partagé par la plupart des personnes qui ne souhaitent pas d'enfants, à l'instar de Baptiste, 38 ans : "Je ne compte pas renoncer à mes envies de rester sans enfant par amour. Alors je ne vois pas pourquoi je devrais priver quelqu'un de son envie d'avoir des enfants." Les adeptes du mouvement childfree ne comptent en effet imposer leurs envies à personne.

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