"La dépression touche deux fois plus les femmes que les hommes", comment l'expliquer ? Le décryptage de la psychiatre Lucile Joly
“Démystifier, comprendre, guérir”, tel est le sous-titre que les Drs Lucie Joly et Hugo Bottemanne ont choisi pour leur ouvrage sur “la dépression au féminin”. Parce qu’une meilleure information laisse à la fois espérer une libération de la parole des femmes, donc de plus grandes chances de guérison, et une amélioration des dépistages et des traitements qui leur sont actuellement proposés. Les explications du Dr Lucie Joly.
En quelque sorte, oui : elle touche deux fois plus les femmes que les hommes, mais sans doute plus encore, parce que ses symptômes sont souvent associés à des événements “heureux” ou “normaux” - la grossesse, la ménopause, la période prémenstruelle - dont les femmes n'osent pas se plaindre.
Elles sont en tout cas essentielles à la compréhension du phénomène, parce qu'elles ont une action directe sur la plasticité cérébrale. Or, dans la vie d’une femme, elles fluctuent beaucoup, depuis la puberté jusqu’à la ménopause, en passant par les éventuelles grossesses. Ces remaniements hormonaux conduisent les femmes à présenter une plus grande vulnérabilité aux troubles anxieux et dépressifs. Les chiffres d’ailleurs le confirment : une jeune mère sur cinq est touchée par la dépression du post partum et le suicide est la première cause de mortalité féminine dans l’année qui suit l’accouchement ;10 à 30% des femmes font une dépression en période de préménopause, et 5% connaissent des symptômes dépressifs chaque mois, avant leurs règles.